Jardinage, potager et météo : trop d'eau d'un coup, que faire après cet épisode de pluie ?

Le jour tant attendu du déconfinement est arrivé, mais la météo ne s'est pas jointe à la fête. Il pleut et il pleut encore. Le jardinier scrute le ciel pour y lire son avenir et celui de son jardin. Notre jardinier livre ses conseils, car après la pluie, c'est bien connu, vient le beau temps. 

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"Que d'eau ! Que d'eau !" s'alarme le jardinier amateur en cette mi-mai 2021, paraphrasant le président Mac Mahon. La météo continue de nous désoler, alternant brèves éclaircies et longues averses. Le tout assorti de températures dignes d'un tout début de printemps. Ainsi, les jardiniers impatients regardent-il pâlir ou jaunir leurs plantations, tandis que les retardataires se félicitent de leur temporisation.

Mais attention, Éric Charton, expert jardinier auprès de l'Eurométrople de Strasbourg et animateur du club relais jardin et compostage nous avertit que nous ne sommes pas au bout de nos peines météorologiques. Rien ne nous préserve d'une bonne dose de canicule, comme en juin 2019, après ce trop-plein de pluie. Le dérèglement climatique risque de nous soumettre, et surtout nos potagers, à ce genre d'aléas de plus en plus souvent. 

Evitez d'aller piétiner votre potager  

► La toute première mesure à respecter, c'est de ne pas aller piétiner son potager lorsque le sol est gorgé d'eau. Ça paraît peut-être évident à certains jardiniers, mais c'est toujours bon à rappeler. Si vous allez scruter l'état de vos plantations à tout bout de champ, vos bottes vont coller à la terre et tasser le sol sur lequel vous marchez. C'est à proscrire absolument. Le tassement du sol provoque l'asphyxie radiculaire des plantes. Dis comme ça, ça peut faire peur. C'est le but. En compactant le sol autour de votre jeune plant, vous empêchez les racines de respirer dans une terre aérée, et vous provoquez son agonie lente et terrible : elle va d'abord devenir jaune et finira tête basse. Résultat, vous n'aurez plus qu'à l'arracher pour la remplacer par un autre plant. Donc en cas de pluies intenses, n'allez pas au jardin.

Eric Charton, qui n'en loupe pas une, nous explique avec grand sérieux que l'asphyxie radiculaire est aussi connue sous le nom familier de maladie des voisins. Ceux, à qui vous avez confié vos très chères plantes, pendant que vous alliez vous faire dorer la pilule à Penmarc'h, fin août. Ceux-là même, qui vous ont imités et son rentrés deux jours avant vous, constatant, non sans effroi, qu'ils avaient laissé vos plantes bien-aimées se dessécher complètement. Espérant camoufler leurs dégâts, ils ont vidé le contenu de votre cuve à eau sur votre parcelle, finissant par noyer les pauvres plantations qui avaient résisté à la sécheresse. Bref, trop de sec c'est pas bon et trop d'eau, c'est pas bon non plus. 

Cette parenthèse étant faite, revenons à notre épisode de pluie. Tant que le sol est mouillé, il ne faut pas piétiner. Mais quand peut-on y retourner ? Il faut attendre qu'il soit ressuyé. Et comment sait-on si le sol est suffisamment ressuyé ? En faisant un petit test tout simple : prenez une petite quantité de terre dans votre main et serrez la entre vos doigts. Si quelques gouttes perlent encore, votre terre est encore mouillée. Si elle colle à vos doigts, c'est qu'elle est simplement humide et vous pouvez foncer. 

Si vous avez un pluviomètre, voici une astuce de lecture : 10 mm d'eau, ça correspond à 10 litres d'eau par m², soit un arrosoir complet par m². Quand vous savez sur combien de plantes vous répartissez habituellement votre arrosoir, vous vous rendez compte de l'effet seau d'eau sur votre petite surface. 

 

Paillez, paillez, paillez

► La deuxième mesure consiste à pailler votre sol, car il ne faut surtout pas qu'il sèche trop vite. Avec quoi pouvez-vous pailler ? La réponse d’Éric est simple : avec le déchet du moment : ça peut être votre tonte de gazon ou des déchets d'arbustes, comme des rejets encore tendres ou de jeunes branches taillées. Vous passez ces branchages tendres à la tondeuse et le tour est joué. Ce paillage va éviter que le sol ne transpire sous l'effet du soleil -qui va finir par pointer son nez- et former une croûte qui va imperméabiliser la terre. Si l'imperméable est utile au jardinier, il est néfaste aux plantes, donc mieux vaut l'éviter. Vous pouvez ensuite décompacter un peu la terre à la fourche bêche avec ce paillis pour aérer un peu la terre. 

Mais attention, si vous utilisez la tonte de votre pelouse, il vaut mieux éviter qu'elle ne soit montée en fleurs. L'astuce d’Éric c'est donc de tondre haut pour retirer les fleurs lors d'un premier passage de tondeuse, puis de tondre ras et de n'utiliser que cette seconde tonte pour pailler votre potager. 

Un bon paillage doit faire moins d'un centimètre d'épaisseur. On peut le renouveler tous les huit à dix jours, c'est-à-dire à chaque tonte. Si la coupe de votre pelouse ne permet pas de recouvrir tout votre potager, il vaut mieux en mettre moins d'épaisseur, mais partout, que ne recouvrir qu'une partie du jardin. Cela va jouer comme une couche de protection, empêchant l'humidité de partir trop vite et empêchant la chaleur de monter trop. Un sol dont la température est supérieure à 25°C fonctionne moins vite. Il n'alimente plus assez les plantes en nutriments. 

Un autre petit plus d’Éric Charton, c'est de déconstruire les idées reçues. Halte à l'adage :"un binage vaut deux arrosages". Le binage qui consiste à remuer la terre va, certes faire remonter l'humidité, mais va surtout casser la terre et les nutriments qui s'y créent. C'est finalement un mauvais calcul. Sauf si vous binez, sur une terre avec paillis. Dans ce cas, les nutriments se recréent et cela a le mérite d'embêter les petites bébêtes. Débrouillez-vous avec ça !

Sachez que plus un terrain est riche en matière organique (apportée par le paillage et le compost) mieux le sol se tient lors de forts épisodes de pluie. Et quand arrive le sec, le sol riche retient mieux l'eau. Un apport gagnant-gagnant. Et plus les aléas météo vont se multiplier, plus on a besoin de la complexité du sol pour y résister. 

Et pourquoi pas un récupérateur d'eau 

► La troisième mesure est plus compliquée pour certains, mais c'est un investissement auquel il faut songer : se munir d'un récupérateur d'eau. Si vous en avez déja un, alléluia, cette période de pluie vous a permis de faire le plein. Si vous n'en possédez pas encore, voyez avec votre commune ou communauté de communes, car il existe de nombreuses aides un peu partout, qui permettent de réduire la facture. 

Respecter les distances

► Enfin la quatrième mesure, et non des moindres, c'est de planter de façon raisonnée. Respectez les distances de plantation, voire si vous pouvez, écartez-les plus encore. Plantez par étages : les plantes qui vont grandir en hauteur à côté de celles qui ont besoin d'un peu d'ombre. Par exemple entre vos lignes de haricots rame, qui vont monter haut, plantez vos salades, vos blettes, qui ont besoin de lumière tamisée. Séparez vos plants de tomates d'un mètre et plantez entre vos salades. Gagnez de la place en verticalisant vos concombres, qui offriront ainsi à leur tour de l'ombre à leurs petits copains. Et n'hésitez pas à utiliser le grillage qui vous sépare de vos voisins pour assurer vos plants de tomates cerise. Enfin pensez aussi aux topinambours qui vont monter jusqu'à 1,50 m pour abriter les autres plantations. 

La pluie a ravagé votre potager que faire ?

N'arrachez pas tout, malheureux ! Certaines plantes vont s'en remettre. Bon, si vos haricots sont jaunes, il faut les retirer et en ressemer. Vos tomates ont pris un coup, laissez leur du temps, si elles ne sont pas en fleurs, elles devraient s'en remettre. Les salades aussi. 

Le mal qui vous guette désormais, ce sont les limaces. Même si elles n'apprécient pas l'alternance climatique. Une grosse chaleur après la pluie devrait être votre alliée pour vous en débarrasser. Remettez de la cendre autour de vos plantations une fois la pluie passée. Et ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier; le jardinier avisé étale dans le temps ses plantations. 

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