Deux vignerons champenois et leurs salariés ont participé à une journée d’étude des sous-sols de leurs parcelles ce 22 avril. Une expérience qui met en lumière les liens entre vin et terroir et qui permet de mieux comprendre l’essence même d’une cuvée de champagne.
Alexis Leconte est l’un des nombreux vignerons de Troissy-Bouquigny, commune de l’appellation Champagne située près de Dormans, dans la vallée de la Marne. Ce jeudi 22 avril, journée de la terre, on le retrouve dans l’une de ses parcelles, plus précisément sous l’une de ses parcelles. Une fosse de plus de deux mètres de profondeur a été creusée au beau milieu des vignes.
Armé d’une serpette, il prélève plusieurs échantillons de terre à différents niveaux de la cavité. Terre arable, craie, argile ou sable, le sous-sol s’avère déjà bien différent selon les couches. "J’ai retrouvé les racines de mes vignes, remarque le vigneron, elles ont été plantées il y a une quarantaine d’années".
Cela donne une idée précise du vin que l'on va déguster
«Aller à la racine» du champagne, c’est littéralement le sens de cette journée animée par Geoffrey Orban, consultant en terroir et vins. Une fois tout le monde remonté à la surface, ce dernier va placer les trois types de roches prélevées dans des verres pour une analyse olfactive des minéraux. Le nez de l’expert va déjà révéler plusieurs arômes. "Sur ce secteur, on retrouve de l’orange, de la pistache, des épices et cela nous donne déjà une idée de la saveur du vin que l’on va déguster", explique Geoffrey Orban.
Le goût de la terre
La dégustation de la cuvée issue de ces mêmes parcelles, c’est l’étape finale de l’expérience, organisée également sur l’exploitation du champagne Piot-Sévillano à Vincelles (Marne). Et le goût du vin semble en adéquation avec celui de la terre. "Cela confirme l’observation de mes aïeux, note Alexis Leconte, qui représente la sixième génération de la maison Xavier Leconte. Cela conforte aussi nos choix de vinification et cela va nous permettre d’aller encore plus loin, nous allons pouvoir nous montrer plus précis lors de nos assemblages", explique le vigneron engagé dans une certification bio.
Les salariés des deux maisons de champagne ont été conviés à participer à cette expérience. "C’est important de les impliquer, souligne Alexis Leconte. Mes ouvriers qui sont toujours sur le terrain ont besoin de mieux comprendre encore le comportement des sols. Quant à ceux qui sont en relation avec nos clients, cette journée leur permet de perfectionner et de mieux transmettre leurs connaissances".
Une manière de démontrer que l’impact du terroir sur le champagne ne repose pas sur des critères purement scientifiques mais plutôt sur des observations et des ressentis. De fait, elle n’est pas encore bien admise par les instances dirigeantes de la profession qui ne "jurent" que par l’assemblage pour établir les caractéristiques d’un champagne. Un dogme qui, à l’image de la terre, sera peut-être amené à évoluer.