L'article à lire pour comprendre pourquoi 5000 hectares de betteraves sucrières seront détruits

Même si cette destruction ne concerne que 1,5% de la production française, c'est un nouveau coup dur pour les betteraviers concernés, dont certains ont également dû faire face à la sécheresse l'année dernière.

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Un choc de plus pour les betteraviers. Après la sécheresse de l'année 2020, cette fois, ce sont deux lots d'herbicides qui causent le désarroi des producteurs de betteraves sucrières. A cause de molécules non conformes présentes dans ces herbicides, environ 300 agriculteurs devront détruire plus 5.000 hectares de betteraves dans les jours à venir. La plupart se trouvent dans la Marne et les Ardennes.

Destruction, nombre d'agriculteurs concernés, conséquences économiques, psychologiques... France 3 Champagne-Ardenne vous explique ce qui cloche dans certains champs de betteraves marnais et ardennais.

 

  • La destruction est due à une erreur de fabrication

La préfecture de la région Grand Est a demandé aux producteurs de betteraves sucrières qui ont utilisé deux lots d'herbicides en particulier, de détruire leurs champs de betteraves. La demande a été formulée par courrier le samedi 7 août, par principe de précaution.

Mais alors, quel est le problème ? "Les deux lots concernés sont non-conformes, car ils contiennent des molécules non homologuées", explique Cyril Cogniard, président de la CGB, la confédération générale des planteurs de betteraves (affiliée à la FNSEA) Champagne Bourgogne et agriculteur à Pauvres dans les Ardennes. Et de préciser : "Et donc par principe de précaution, les betteraves seront détruites au champ, ce qui signifie qu'elles n'iront pas jusqu'à l'usine."

Plus précisément, dans la missive envoyée aux agriculteurs que nous avons pu consulter, les substances en cause sont le diuron (désherbant dont l'usage a été très fortement restreint dès 1998 en France et interdit en 2008), le bromacil (un herbicide de cultures non-alimentaires interdit depuis 2007 au sein de l'UE précise le courrier) et la carbétamide. Les producteurs ne savaient pas que ces produits étaient présents dans les herbicides utilisés. De son côté, l'entreprise qui produit l'herbicide a reconnu son erreur.

 

  • Environ 300 producteurs concernés

Au total, ce sont environ 300 agriculteurs qui devront détruire leur production, soit 5.000 ha de betteraves. En France, on compte un total de 450.000 ha de production de betteraves sucrières et 25.000 agriculteurs qui produisent de la betterave sucrière. Ces destructions ne représentent donc qu'environ 1,5% de la production nationale.

Cependant, cette nouvelle est un coup dur pour les agriculteurs concernés. "Même si c'est un petit problème rapporté à la production nationale, c'est un gros souci pour les agriculteurs concernés, qui ne savent ni quand ni combien ils seront indemnisés", souligne Cyril Cogniard. "Les agriculteurs n'auront pas de chiffre d'affaires sur les parcelles détruites. Il faut absolument qu'ils soient indemnisés."

 

  • Toute la chaîne touchée

Malheureusement, les producteurs de betteraves ne seront pas les seuls touchés par ces destructions. Ouvriers agricoles, entreprises de travaux agricoles notamment, ou encore usines de production de sucre.... C'est toute la chaîne qui est concernée.

C'est le cas de Cristal Union, une des entreprises coopérative sucrière française, implantée dans la Marne. Elle "devait transformer 80% de ces plantes" bientôt détruites, précise France Bleu Champagne-Ardenne"C'est lourd pour le groupe, précise Bruno Labilloy au micro de France Bleu. Cette opération se traduira par moins de betteraves dans nos usines, donc moins de production. Mais il n'était pas question de transiger avec la sécurité alimentaire de nos produits." 

 

  • Une bonne année pour la betterave sucrière

Le choc est d'autant plus difficile à encaisser pour les producteurs que cette année 2021 est exceptionnelle pour la betterave sucrière. "Quand j'ai reçu le courrier, j'ai eu la boule au ventre", nous confie Stéphane Borderieux, producteur de betteraves à Cheppes-le-Prairie dans la Marne. J'ai des betteraves magnifiques cette année, je dirai même exceptionnelles. Je ne m'attendais pas à une décision aussi stricte."

Surtout, le producteur est très inquiet pour ses finances. "Tout de suite, la question qui se pose, c'est économiquement, comment va-t-on être indemnisés ?, questionne-t-il. Suivant les années, les betteraves représentent entre 25 et 30% de mon chiffre d'affaires".

Pour l'heure, la question des indemnités est en cours de négociations.

 

  • Concrètement comment ça va se passer ?


Pour la destruction, les producteurs vont procéder par voie mécanique. A l'aide d'une "sorte de tondeuse", ils retireront les feuilles. Une dizaine de jours plus tard, ils broieront finement les betteraves restées sous terre.

Et quand on demande à Stéphane Borderieux s'il appréhende ce moment fatidique, sa réponse est sans équivoque : "Je vais y aller en marche arrière pour rentrer dans le champ..." Posant un regard sur ses plantations, il marque une pause. "Je n'ai aucune envie de tout détruire. Mais il faudra bien le faire. Pour le consommateur."

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