Lac du Der. Pour profiter du beau temps, voici six oiseaux à venir observer sur la réserve naturelle

Plus grande réserve naturelle de la région, le lac du Der accueille des dizaines d'espèces différentes, parmi les plus remarquables d'Europe. 
Nous avons demandé à Antoine Cubaixo et Aurélien Deschatres, guides et ornithologues de nous partager leurs coups de coeur.

Avec ses 4.800 hectares, le lac du Der est devenu, au fil des années, une étape pour tous les oiseaux migrateurs venus de la Sibérie à l'Afrique du Sud, dès sa mise en eau en 1974. 

Du plus imposant au plus coloré, nous avons demandé à deux ornithologues de sélectionner six espèces remarquables.
 

Le plus simple à observer : le gorgebleue à miroir


Pas besoin d'être un professionnel pour admirer la superbe bavette bleue et le croissant roux de ce petit oiseau. Ce passereau, il mesure entre 10 et 20 centimètres, est en effet l'un des oiseaux les moins farouches du lac du Der. Il établit d'ailleurs son nid au niveau du sol, dans les bosquets ou les arbres au bord de l'eau, dans des trous ou sur des touffes d'herbe, comme sur cette photo publiée sur Facebook par Antoine Cubaixo, guide ornithologue au lac du Der.

Mais attention, le gorgebleue à miroir n'est pas présent toute l'année dans la réserve artificielle du lac du Der. Il est en général de retour dans la région vers la fin du mois de mars, ou au début du mois d'avril. Il chante alors, de jour comme de nuit pour attirer un partenaire, une variété très élargie de bruits différents, comme on l'entend dans cette vidéo YouTube.
 

La star locale : la grue cendrée

C'est pour elle que les touristes de toute l'Europe, comme l'instagrammeur belge "geert_budenaerts", viennent découvrir le lac du Der-Chantecoq.
 

Chaque année, entre 200.000 et 350.000 grues cendrées s'arrêtent sur les rives de la réserve naturelle, notamment autour du port de Nuisement, dont voici la carte :
 
Venues des pays du nord-est du continent, les grues cendrées traversent la France lors de leur migration hivernale. Mais c'est en automne et à la fin de l'hiver que l'on peut les observer en grand nombre sur les abords du lac, en particulier le soir, après leur journée de vol, et le matin, avant leur départ.

En mars 2018, les spécialistes en ont dénombré près de 89.000 sur le lac artificiel. Un chiffre exceptionnel pour la période. A l'époque, Christine Tomasson en a photographié quelques unes pour la LPO Champagne-Ardenne, que nous vous partageons ici :
 

Pour être sûr ne pas les manquer, la meilleure solution est de consulter le journal des observations que la LPO Champagne-Ardenne tient sur son site internet. Le record du nombre de grues observées en une seule journée sur le lac du Der ? 206.000 grues au matin du 11 novembre 2014.
 

Le plus rare : le pygargue à queue blanche

Il faut s'armer de patience pour observer, et plus encore, pour réussir à prendre en photo ce grand aigle (2,5 m d'envergure pour 7 kg). Un seul couple niche dans la zone du lac du Der. Il faut dire qu'on ne dénombre que 10.000 couples de pygargues à queue blanche dans le monde, et quelques centaines en Europe. En France, l'espèce a d'ailleurs disparu entre 1959 et le début du XXIe siècle, comme nous l'avons dessiné dans cette vidéo :
 
En Champagne-Ardenne, le pygargue à queue blanche est une espèce hivernale : pour avoir une chance d'apercevoir l'un des deux oiseaux, il faut faire le déplacement entre octobre et mars. D'après la LPO, c'est depuis le port de Giffaumont que les visiteurs auront le plus de chances de les voir.
 

Celui qui vient de loin : le cygne de Bewick

On le reconnaît à la petite tache jaune à la base de son bec. Contrairement au cygne tuberculé, que l'on peut observer tout au long de l'année, le cygne de Bewick passe ses hivers au lac du Der, d'octobre à mars. Le climat y est plus clément que dans sa contrée d'origine, la toundra sibérienne.

Généralement, il vit et se déplace avec sa famille, comme on peut le voir sur cette photo prise au lac du Der par Jean-Pierre Formet.
 

Le lac du Der est d'ailleurs le premier site d'hivernage de l'espèce en France. De quoi faire le bonheur d'Antoine Cubaixo, ornithologue et guide au lac du Der.

On peut admirer des animaux qui viennent de Finlande, de Sibérie, le tout à côté de chez soi. Ça fait un bon bilan carbone.

Antoine Cubaixo, ornithologue et guide. 

En ce moment, on y compte entre 250 et 300 individus, l'occasion pour le passionné de tourner une vidéo des palmipèdes sous la neige.
  

Le plus coloré : le martin-pêcheur d'Europe

Bleu turquoise, parfois brillant, et orange, impossible de ne pas tomber sous le charme du martin-pêcheur. Cet oiseau très vif, on le surnomme "l'éclair bleu", n'est pas toujours facile à observer. Les reflets métalliques de son ramage constituent un excellent camouflage, comme on peut le voir sur cette photo Instagram de Tony Bernard.
 

Pour le voir, il faut se rendre dans les zones calmes et abritées du vent du lac du Der. "On peut l'observer posé sur une branche au-dessus de l'eau, guettant un poisson avant de plonger bec en avant, afin d'harponner sa victime", explique Aurélien Deschatres, chargé de mission de la LPO Champagne-Ardenne. Cet oiseau d'environ 16 cm se nourrit en effet de petits poissons, qu'il assomme contre une branche avant de les avaler.
 

Le plus hype : le grèbe huppé

Pas besoin de venir à une période spécifique pour observer cette espèce. Le grèbe huppé est présent toute l'année sur le lac du Der. Il est très facile à reconnaître, avec sa fameuse huppe noire. Petit bonus, il porte ses petits sur le dos, comme on peut le voir sur cette photo Instagram.
 
Voir cette publication sur Instagram

Grèbe huppée et son petit, lac du Bourget, Savoie.

Une publication partagée par Phil. (@almaficus) le


Lui aussi plonge pour se nourrir de poissons. "Cet oiseau peut effectuer des plongées en apnée jusqu'à une minute sous l'eau", raconte Aurélien Deschatres. Autre particularité : sa parade nuptiale (le grèbe huppé niche entre avril et juillet). Pendant cette période, il émet des croassements "trompettants et ronflants".

Les couples se livrent à une sorte de danse, où les deux oiseaux se frottent le cou et s'offrent des algues, qui serviront ensuite à construire leur nid.
 

Les meilleurs spots d'observation

Mais où aller pour observer ces oiseaux ? Avec ses 80 km de rives, le lac du der offre de nombreux alternatives, plus ou moins fréquentées, plus ou moins abrités pour tenter de voir ces espèces. Pour ne pas avoir à passer quatre heures dans le froid, jumelles en main, avant d'apercevoir un moineau, la LPO Champagne-Ardenne a compilé une carte des meilleurs spots d'observation de la réserve. 

On y apprend notamment que le port de Nuisement est un lieu particulièrement prisé des admirateurs des grues cendrées, où l'on peut également observer des canards nordiques et des oies des moissons. Pour les migrateurs précoces, comme les courlis cendrés, les huîtriers pies, ou les bécasseaux, c'est dans les vasières du sud qu'il serait préférable d'aller. Une quinzaine de spots différents sont compilés sur cette carte interractive de la LPO :

 
Pour ceux qui se trouvent loin du lac du Der, vous pouvez aussi vous rendre dans d'autres lacs dans la Marne et les Ardennes, dont vous trouverez les adresses sur cette carte :
 
 A vos jumelles !

 
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