Un mouvement social touche depuis maintenant deux semaines les prisons belges. De nombreux établissements pénitenciers sont bloqués. Mais ce mercredi, la direction a de nouveau permis les visites à Marche-en-Famenne (Belgique).
C’est toujours un dialogue de sourds entre grévistes et direction. L’ambiance est électrique encore ce mercredi matin. Pour leur 17ème journée de grève, les agents pénitenciers étaient encore en colère contre leur directeur, mais aussi et surtout contre leur ministre de la justice Koen Geens.
C’est une vaste réforme que le gouvernement belge souhaite mettre en place. Pour le personnel, la réforme a plutôt des allures de régression sociale. Cette situation de blocage a obligé l’Etat belge à faire appel à la police et à l’armée pour gérer le quotidien à l’intérieur des enceintes fermées. Pour éviter l’implosion, les visites des familles ont été autorisées ce mercredi.
Plusieurs prisons de Belgique restent toujours bloquées, et pour certaines, depuis plus de deux semaines.
Voir notre reportage
L'armée réquisitionnée pour remplacer les gardiens de prison en grève (AFP)
Le gouvernement belge a annoncé dimanche soir qu'il réquisitionnait 180 soldats pour "fournir un soutien humanitaire" aux détenus des prisons de Wallonie (sud) et de Bruxelles, paralysées par une grève depuis deux semaines. A l'issue d'une réunion d'urgence organisée après le rejet par les gardiens de prison d'un protocole d'accord pour sortir de cette grève dure, le gouvernement "a décidé de réquisitionner l'assistance de l'armée, en vue de fournir un soutien humanitaire supplémentaire dans les prisons bruxelloises et wallonnes", a indiqué le cabinet du Premier ministre Charles Michel dans un communiqué.Six pelotons de chacun 30 militaires seront appelés dès lundi, selon le communiqué. Ils devront assurer des services de base aux détenus comme la distribution des repas, les sorties ou les visites, qui n'étaient plus toujours fournis du fait de la grève entamée le 25 avril, a précisé la télévision publique flamande VRT. "Cette décision est nécessaire parce que les directions, les non-grévistes, la protection civile et la Croix Rouge sont sur le pont sans discontinuité depuis 12 jours dans les circonstances extrêmement difficiles causées par la grève générale", explique le communiqué. "L'assistance doit précisément permettre d'améliorer la situation des détenus dans les prisons impactées au niveau des droits de base", poursuit le texte, alors que la justice, saisie par des détenus excédés d'être privés de sortie, de parloir et parfois même de douche ou de repas, a condamné l'Etat belge à trois reprises en fin de semaine.
La mesure a immédiatement été critiquée par l'Association des directeurs des prisons francophones. "Voir l'armée dans les prisons, cela me fait penser aux heures noires de l'Europe de l'Est ou aux heures actuelles d'une certaine Russie ou de la Corée du Nord", a réagi son président Marc Dizier, également directeur de la prison d'Andenne (sud). "Effectivement, nous avons besoin d'aide", a-t-il ajouté. "Les détenus ont besoin de sortir de leur cellule pour aller au préau, recevoir des visites familiales (...) Mais je n'imagine pas une seule seconde que ce soient des militaires qui puissent faire le travail".
La grève, pour protester contre la baisse du nombre d'agents, est très suivie en Wallonie et à Bruxelles, où la surpopulation carcérale est plus importante qu'en Flandre (nord). Une prison flamande, à Merksplas (nord) a par ailleurs été le théâtre d'une violente rébellion dans la nuit de samedi à dimanche, sans lien toutefois avec la grève. Quelque 170 détenus ont refusé de regagner leur cellule et incendié certains locaux, ce qui a ensuite nécessité l'évacuation vers d'autres établissements d'une centaine de prisonniers.
Avec AFP