Annulations, reports, huis clos... Les clubs sportifs lorrains redoutent les conséquences économiques de l'épidémie de Coronavirus. Le manque à gagner risque d'être considérable. Certains d'entre eux pourraient se retrouver en graves difficultés financières. Décryptage en cette mi-mars.
Cette année encore, Thierry Weizmann s’apprête à vivre un printemps palpitant. Une fin de saison de folie truffée de ces matchs couperet, qui vous mènent vers les titres.
Son club, le Metz handball, est encore en lice dans trois compétitions (championnat, coupe de France et Ligue des champions) et il rêve de garnir d’avantage son incroyable armoire à trophées (23 titres de champion, 9 coupes de France).
Les matchs les plus lucratifs se profilent
Pourtant, le président est inquiet. Les matchs des semaines à venir devraient être les plus lucratifs de la saison. Sauf que l'épidémie de Coronavirus est passée par là.Mercredi 11 mars 2020, les Messines ont pu jouer leur dernière rencontre à domicile devant un petit millier de spectateurs (victoire 30-23 face à Nantes en Coupe de France). Mais, comme dans les autres sports, l'ombre du huis clos plane sur les différentes compétitions de handball féminin. Et cela pourrait porter un coup terrible aux finances du club.
"L'an dernier, le match retour des quarts de finale de la Ligue des champions avait généré une recette historique de 90.000 euros, simplement en billetterie", explique le président du club. "Nous espérions faire aussi bien cette année face aux Roumaines de Valcea."
Si nous devons jouer à huis clos, ce serait dramatique financièrement
- Thierry Weizman, président du Metz Handball
L'absence de public lors des matchs des play-offs à domicile, qui mèneront peut-être les Messines vers un nouveau titre de champion de France, mettrait aussi à mal les finances du club. "Notre budget n'est que de trois millions d'euros", explique Thierry Weizman. "Sans les revenus de ces matchs de fin de saison, notre situation financière serait dramatique."
Même alarmisme du côté du Sluc Nancy Basket. Les Couguars, actuels troisièmes de Pro B, devaient normalement affronter Antibes dans leur salle ce samedi 14 mars devant 900 spectateurs. Mais le match a été reporté.Ce serait un énorme manque à gagner!
-Thierry Weizman, président du Metz Handball
Encore au moins sept matchs à domicile pour le Sluc
Le championnat est suspendu jusqu'au 31 mars. Si, pour terminer la saison, le huis clos devenait la règle, les conséquences seraient lourdes pour les caisses du club.Nancy doit disputer encore six matchs à domicile, sans compter les matchs de play-off (qu'il faudra gagner pour remonter parmi l'élite). Rembourser les partenaires, les abonnés, annuler les packs réservés par les VIP pour ces rencontres, ferait perdre beaucoup d'argent au club dont le budget s'élève à 3,6 millions d'euros.
Chaque match à huis clos, ce serait une perte de 100 000 euros de chiffre d'affaire.
- Un salarié du Sluc Nancy Basket
" Le Sluc, qui était en difficultés financières, a amorcé un plan de redressement qui commence à porter ses fruits, mais cette épidémie pourrait nous faire très mal!"
Soutien de la Région
La Région Grand-Est a annoncé qu'elle allait se mobiliser pour les 23 clubs professionnels présents sur son territoireJean-Paul Omeyer, le vice-président en charge des sports, a confié ce jeudi à nos confrères du Républicain Lorrain, que les clubs pourraient bénéficier "de prêts bancaires à un taux extrêmement réduits, garantis à au moins 70% par la Banque publique d'investissement (BPI)" et que la Région doublerait les sommes empruntées.
Cette aide permettrait de payer les salaires des joueuses sur le court terme, mais cela ne ferait que repousser le problème.
- Thierry Weizman, président du Metz Handball
"Il faudrait créer un fond d'indemnisation et réduire drastiquement nos charges sociales pour que nous nous maintenions à flot." Comme les autres organisateurs de spectacles, les clubs sportifs lorrains subissent de plein fouet les conséquences du coronavirus. Tous espèrent se relever sans trop de dommages de cette crise sanitaire sans précédent.