Ce 10 mars, les annulations dues aux directives gouvernementales ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Les entreprises de l'événementiel et leurs salariés, permanents comme intermittents, font face également au ralentissement de l’économie et aux directives drastiques des clients.

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Il en est réduit à faire de la paperasse.
Ce  mardi 10 mars 2020, ce professionnel mosellan compte les annulations depuis deux semaines: "j’en suis à six pour mars et avril, et ça ne tient pas compte des prestations que nous faisons d’habitude du jour au lendemain ou presque, et que nos clients ne nous demandent plus".
Son entreprise est une "très petite entreprise", une TPE. Il est le seul salarié permanent. Il embauche selon les prestations jusqu’à une dizaine d’intermittents du spectacle, l’équivalent de trois équivalents temps plein (TPE) à l’année. Et il n’a plus grand-chose à faire jusque fin avril: "heureusement j’ai deux concerts prévus qui sont maintenus pour l’instant, puisqu’on est sous la jauge des 1000 personnes, mais mes clients privés et institutionnels se font très discrets".

Contractuellement, il pourrait demander des dédommagements à ses clients qui annulent, "mais je ne vais pas prendre le risque de me fâcher avec eux, parce que ce sont des gens avec qui je travaille régulièrement. Dans les faits, une prestation pas effectuée n’est pas payée, c’est tout". Sa principale activité c’est l’évènementiel d’entreprises, qui n’est pas concernée par les directives gouvernementales, "mais nos clients sont des banques ou des grands groupes qui réunissent leurs équipes, souvent internationales, donc dans les conditions actuelles, elles annulent tous les séminaires, les formations… " explique le dirigeant.
Que faire ? "J’attends que ça passe".

Focus

Le constat est partagé par un autre professionnel du secteur de l’événementiel. Régis Etienne, dirigeant de Grand Angle à Augny, reconnaît peu d’annulations franches, "mais ce sont surtout des affaires qui ne se concluent pas. Les clients ne valident plus les propositions qu’on leur fait, tout simplement". Depuis dix jours, la tension est palpable dans le secteur: les clients traditionnels, les banques, les assurances, les professionnels de l’automobile, les salons et les foires ne signent plus de contrats.

Pour l’entreprise mosellane, qui compte quatre salariés et fait travailler une dizaine d’intermittents chaque mois, le coronavirus et la baisse d’activité qu’il entraîne auront des répercussions à moyen terme : "on avait prévu de faire des investissements conséquents dans les prochains mois en vue de répondre à deux gros marchés, là on est en train de se demander s’il faut les concrétiser ou pas, parce qu’on ne sait pas si les événements auront lieu".

Intermittents

Les artistes et techniciens qui bénéficient du statut de l’intermittence se révèlent également fragilisés par cette baisse d’activité à venir. Les intermittents bénéficient de contrats de travail, mais souvent ils ne le signent que le jour de leur prestation. Leur embauche se fait donc sur la promesse de travailler de la part de leur employeur: en cas d’annulation, pas de contrat, pas de travail, pas de salaires, ni de prise en compte de celui-ci dans le calcul de leurs indemnités chômages.
"En 45 ans de carrière, je n’ai jamais vu ça… nous subissons non seulement les annulations, mais en plus, le renouvellement de nos droits risque d’être compromis du fait de cette période où nous ne travaillons pas" explique Pascal Bouferguène, du Syndicat de Lorraine des Artistes-Musiciens et Danseurs CGT (SLAMD).
Afin de conserver leur statut d’intermittent, les artistes et techniciens doivent faire 43 dates sur douze mois.
Ce qui sera très compliqué si les annulations se poursuivent selon le syndicaliste: "on risque d’avoir un trou d’un ou plusieurs mois, c’est pour ça qu’on demande au ministre de la Culture de prendre des mesures rapidement afin soit de neutraliser cette période dans la prise en compte des droits, soit de prolonger exceptionnellement la période de prise en compte des cachets, donc d’aller au-delà de douze mois".Le SLAMD CGT appelle à rejoindre le mouvement de revendication nationale sur ce sujet, en rejoignant la manifestation prévue jeudi 12 mars à midi devant la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Metz. Selon le syndicat, la Lorraine compte entre 3.500 et 4.000 intermittents du spectacle.
 
Session parlementaire annulée au Parlement européen de Strasbourg : plus d'une centaine d'intermittents sur le carreau
L'annonce leur a été faite vendredi matin : la centaine d'intermittents, pour l'essentiel des techniciens du son, de la vidéo et de l'image, qui devaient travailler toute cette semaine au Parlement de Strasbourg, a été priée de rester chez elle. Employés par Via Storia, une société de production de Strasbourg (également prestataire de France Télévisions), ils ont reçu un courrier du Président du Parlement, David Maria Sassoli, qui les a informés de l'annulation car "il apparaît désormais manifeste que la tenue de la session plénière du Parlement à Strasbourg impliquerait des risques significativement accrus pour la santé des députés et des membres du personnel ainsi que de la population locale". En conséquence, David Maria Sassoli a confirmé le déplacement de la session à Bruxelles !

Difficile à comprendre pour un monteur vidéo que nous avons joint : "ils nous promettent de reporter la session, mais moi j'ai perdu quatre jours de travail, et comme j'avais pris un hôtel non remboursable, je perds 150 euros en plus... je travaille 48 jours par an au Parlement de Strasbourg, si les sessions sont annulées, c'est mon statut qui va être en péril". D'après un courrier électronique que nous nous sommes procuré, la coordinatrice audiovisuelle du Parlement évoque "un pré-booking qui peut évoluer en fonction des besoins". En clair : comme aucun contrat n'a été signé avant la session, aucune chance de percevoir la moindre compensation.
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