La défaite de Valérie Beausert-Leck la présidente sortante PS dans son canton de Laxou oblige la majorité de gauche à se trouver un nouveau champion. Chaynesse Khirouni, élue hier soir dans le canton de Nancy 2, est sur les rails, poussée par l’ancien président Mathieu Klein.
Ils ont passé une partie de la soirée ensemble à analyser les résultats, et essayer de trouver des raisons à la défaite dans le canton de Laxou. L’abstention ? Les reports de voix du RN ? Une campagne "pas correcte" du duo vainqueur Garcia/Engel ? Seule certitude, les chemins de Valérie Beausert-Leck et Mathieu Klein devraient se séparer pour un moment.
Je lui dis mon amitié, ma fidélité et ma reconnaissance du travail accompli. #departementales2021
— Mathieu Klein (@mathieuklein) June 27, 2021
Les remerciements sont nourris, la reconnaissance suspecte. Moins d’un an après avoir été installée dans le fauteuil du conseil départemental de Meurthe-Moselle, Valérie Beausert-Leck va retrouver la vie civile.
La victoire de Mathieu Klein à la mairie de Nancy avait précipité sur le devant de la scène l’ancienne proviseure, première femme à la tête du département. "Mais le nouveau maire a gardé une emprise très forte sur le département, et sur ce qui s’y passe. Il ne faisait pas mystère de ses divergences de vue avec Valérie Beausert-Leck, qu’il trouvait trop à gauche" explique ce bon connaisseur de la politique départementale.
Loyauté
Mathieu Klein pourrait donc naturellement se tourner vers celle qui fut sa suppléante en 2011 dans le canton de Nancy Nord : Chaynesse Khirouni. Députée de la première circonscription de Meurthe-et-Moselle de 2012 à 2017, dans la foulée de l’élection de François Hollande, la fille de sidérurgiste a gravi tous les échelons du socialisme départemental. "Elle est habile, loyale à Mathieu Klein depuis toujours, et ses origines populaires l’ancrent bien à gauche en apparence" souligne cet élu régional.
Valérie Beausert-Leck s’était lancée dans un combat courageux mais difficile, en déclarant notamment "qu’elle préférait perdre dans son canton que gagner dans un autre". Un quitte ou double qu’elle a perdu. A-t-elle été suffisamment soutenue par son camp, dans une campagne rude avec Laurent Garcia ? "Les parlementaires socialistes n’ont pas beaucoup mouillé le maillot pour elle" estime ce même observateur.
Chaynesse Khirouni, interrogée deux fois au sujet de sa possible candidature le dimanche 27 juin 2021 au soir en Préfecture par notre équipe, esquive la question. Elle ne confirme pas sa volonté de prendre le fauteuil vacant. Elle rend hommage à Valérie Beausert-Leck, qui a "su rassembler toute la gauche départementale avec une union des socialistes, des communistes et des écologistes, elle a mené une campagne combative, je veux lui rendre hommage". Son principal handicap : elle n'a jamais siégé comme conseillère départementale. L'installer directement à la présidence serait une première.
Présidentes
L'ancienne députée s’en remet à l’assemblée départementale : "la question de la présidence se posera avec les collègues élus, il s’agira d’une discussion et pas d’une compétition. Ce n’est pas un poste, c’est une responsabilité qu’il faut assumer de manière collective".
Traduction : le successeur de Valérie Beausert-Leck devra avoir les épaules larges pour emmener tout le monde, de la gauche insoumise aux écologistes. Avec Mathieu Klein comme saint patron ? L’influence réelle du maire de Nancy, également à la tête de la métropole, et la capacité de son successeur à s’affranchir de son tutorat restent des énigmes, et sans doute des épines dans le pied du futur président.
Numériquement, la gauche se renforce en Meurthe-et-Moselle. L'union de la gauche et des écologistes perd Laxou, mais gagne Pont-à-Mousson et Nancy 1. Grand Chelem même à Nancy où la majorité départementale possède désormais les trois cantons.
Mais la majorité voit arriver de nouveaux visages dans plusieurs cantons où les sortants, des poids-lourds socialistes, ne se représentaient pas. Ils auront peut-être, comme Valérie Beausert-Leck l’affirmait, "envie de faire de la politique autrement".