Il y a tout juste 20 ans, naissait l’euro, remplaçant 11 monnaies dans l'Union européenne. Les bonnes fées penchées sur son berceau étaient pleines de bonnes intentions. Qu'en est-il aujourd'hui ?
Arrivé dans nos porte-monnaie le 1er janvier 2002, l'euro fait désormais partie de nos vies et aujourd'hui, rares sont ceux qui convertissent encore mentalement leurs achats en franc. Pendant 10 ans, l'euro a plutôt bien fonctionné, malgré un sentiment de hausse des prix. Les citoyens européens ont pu voyager en Europe facilement, comparer les prix, acheter une maison avec des taux d’intérêts plus stables et plus bas. Certains entrepreneurs ont trouvé de nouveaux investisseurs en garantissant à leurs clients des prix stables, tout en exportant sur le marché européen.
La crise financière de 2008 a jeté le chaos sur la Zone Euro. Cette zone comprend en 2019, 19 pays membres. Mais les règles de cette zone sont bien trop rigides pour réagir rapidement : interdiction de dévaluer la monnaie, interdiction de creuser la dette, pas d’augmentation excessive des prix. Résultat, quand l’économie va mal, on rentre moins d’argent, on ne peut pas jouer sur la valeur de l’euro pour équilibrer le budget, les gouvernements doivent taxer davantage les salaires, et réduire les dépenses publiques. Ce règlement complexe incite certains politiques à s'interroger sur une sortie de la zone.
Alors faut-il sortir de l’euro ? Selon certains spécialistes, revenir au franc, serait assez risqué.
L’Institut Montaigne a calculé que notre monnaie pourrait perdre 15% de sa valeur. L'essence serait encore plus chère alors que l'épargne diminuerait. La dette pourrait exploser, et entraîner des pertes d'emplois en cas de récession. Bref un scénario catastrophe. Pour les entrepreneurs, le retour des frais de change et la dévaluation risquerait de compliquer l'économie avec des prix en hausse.
Ce tableau ne serait pas aussi noir pour un petit groupe d’économistes, dont Jacques Sapir et Jean Jacques Rosa, auteur d'un ouvrage intitulé "l'euro est-il mort ?" (éditions du Rocher). Ils pensent au contraire que revenir au franc permettrait de relancer la croissance. « En finir avec l'euro, c'est la possibilité et la tentation de soustraire les monnaies à l'empire mondial de la finance. C'est aussi le possible rétablissement des souverainetés disparues avec la privatisation des monnaies. C'est enfin le possible cheminement vers une forme renouvelée de l'État-Nation. C'est en conséquence le possible rétablissement d'une démocratie confisquée. » expliquent-ils.
Ce qui est sûr c’est qu’une sortie de l’euro ne se fera pas sans turbulences pour notre économie et pour limiter la casse, il faudrait des politiques très compétents pour redresser la barre.