Depuis hier, la région fait face à une pollution aux particules fines qui a déclenché le seuil d’alerte. Elles proviennent à la fois du Sahara, de la combustion et des épandages agricoles. Une pollution accentuée par des températures anormalement élevées, doit-on s’y habituer ?
Depuis deux jours, les bulletins de l’association régionale de surveillance de la qualité de l’air ont viré au rouge. En fait, depuis que les températures particulièrement élevés pour la saison, couplées à une masse d’air qui nous vient du Sahara, a chargé en particules fines notre atmosphère de façon inhabituelle. Que se passe-t-il vraiment ? Faut-il s’y habituer avec le réchauffement climatique ? Et que faire pour s’en protéger ?
Que se passe-t-il réellement ?
Pour une fois, ce n’est pas le trafic et les diesels qui sont les principaux incriminés. En effet, l’augmentation des particules fines mesurées par ATMO est due à une conjonction de phénomènes. D’un côté, il y a les émissions des cheminées, toujours présentes, puisque les températures chutent en fin de journée. Les chauffages au bois sont particulièrement polluants, surtout les anciennes cheminées qui n’ont pas de filtres ou de logo d’efficacité flamme verte. De l’autre, le beau temps favorise la reprise des épandages agricoles, d’engrais minéraux qui eux aussi gênèrent le relargage de particules dans l’air. Ajoutez à cela les poussières véhiculées en masse par des vents venus d’Afrique… et le cocktail est déjà bien chargé.
En plus de ce phénomène, les oxydes d’azote rejetés par les cheminées et le trafic routier se couplent, grâce aux températures douces, à l’ammoniac présent dans les engrais, et vous obtenez une pollution particulièrement irritante pour les bronches, les voies respiratoires en général, mais aussi dangereuse pour les porteurs de maladies cardio-vasculaires. Il s’agit du nitrate d’ammonium.
Cela va-t-il s’accentuer ?
"Il est clair que les températures inhabituelles, + 8 ° au-dessus des moyennes saisonnières, favorisent des réactions chimiques qui n’auraient pas lieu avec un temps plus froid "nous explique Jean-Pierre Schmitt, vice-président d’Atmo Grand-Est. Les périodes de sécheresse et de chaleur plus nombreuses occasionnent déjà des pollutions à l’ozone de plus en plus longues et fréquentes en été, il n’est pas impossible que les printemps précoces nous compliquent un peu la vie à l’avenir.
Il est clair que les températures inhabituelles, favorisent des réactions chimiques qui n’auraient pas lieu avec un temps plus froid
Quant à savoir si les vents venus du Sahara seront plus fréquents ou plus intenses à l’avenir, "aucune étude ne permet encore aujourd’hui de tirer une conclusion" nous répond Météo France Grand Est. "Cela dépend beaucoup de la circulation atmosphérique".
La véritable question aujourd’hui est de savoir si les politiques nationales et européennes de réduction des émissions des divers secteurs d’origine anthropique (transports, résidentiel, industrie, agriculture) permettront de compenser les accentuations liées au climat ?
Pourquoi les Vosges peuvent-elles parfois être épargnées ?
Les Vosges, épargnées jusque là, sont finalement touchées. Lors de pic de pollutions hivernales ou printanières par les particules fines, les Vosges et plus particulièrement les hautes Vosges peuvent être épargnées car ces zones d’altitude peuvent se situer aux dessus de la couche d’inversion thermique qui plaque les polluants au sol.
Mais pour l’épisode que nous traversons, le département des Vosges a fini par être lui aussi concerné puisqu’il est passé hier en seuil d’information recommandation et en alerte depuis ce jeudi 25 février 2021.
Comment faut-il s’y préparer ?
Afin de vivre au mieux ces épisodes de pollutions aux particules fines, quelques règles sont à respecter. C’est d’autant plus important que les nitrates d’ammonium peuvent être très irritants et le particules fines peuvent rentrer très profondément dans les alvéoles des poumons pour entrer dans la circulation du sang. Ainsi, pour toutes les personnes fragiles, + de 65 ans, bébés, femmes enceintes, mais aussi les personnes ayant une insuffisance respiratoire ou cardio-vasculaire, il est important de limiter ses déplacements, d’emprunter des petits rues moins polluées que les grands axes, de modérer les efforts physiques de façon générale ou d’aller se promener dans la nature.
Pour rappel, les opérations de brulage des déchets verts sont totalement interdites. Éviter les feux en cheminée ouvertes. Les agriculteurs, eux, sont invités à privilégier pour l'épandage les procédés moins émetteurs d'ammoniac et à procéder à l'enfouissement rapide des effluents. Sur les chantiers, les entreprises doivent prendre des mesures de réduction des émissions de poussières (arrosage,…) et reporter les activités les plus polluantes
Cet épisode d’alerte devrait prendre fin demain, vendredi 26 février 2021, dans l’Ouest de la région, en Champagne-Ardennes et en Meuse grâce à des vents venus d’Irlande et du Nord. Le reste de la Lorraine devrait aussi progressivement sortir de cette pollution. L’Alsace (tout comme les Vosges) en revanche, pourrait y rester au moins un jour de plus, avec, si cela devient nécessaire, la mise en place de la vignette Crit’air chez nos voisins.