La vidéosurveillance s'est démocratisée en France, depuis sa mise en place en 1990. Installée au départ dans les grandes villes pour diminuer la délinquance, nombre de petites communes en sont équipées aujourd'hui. Mais pour quels résultats au vu des investissements?
Le futur complexe sportif de Gerbéviller en Meurthe et Moselle sera inauguré en septembre 2019. Avec deux terrains de foot, en herbe et en synthétique, une piste d'athlétisme, des vestiaires pour satisfaire le club de foot de la ville et ses 200 licenciés. Coût de l'investissement : deux millions d'euros pour cette bourgade de 1400 habitants. Ce n'est pas rien. Alors pour faire face à d'éventuelles dégradations, Noël Marquis, le maire de la commune a demandé à la préfecture, l'autorisation d'installer deux caméras de vidéosurveillance pour un montant de 15 000 euros.
On n'a pas les moyens de payer quelqu'un pour surveiller le complexe éloigné des habitations. C'est plus de la dissuasion. Vous vous rendez compte, la moindre dégradation : quelqu'un qui roule sur le terrain en herbe ou synthétique, imaginez ce que ça peut coûter à la ville.
- Noël Marquis, maire de Gerbéviller
1 visionnage tous les 3 ans
En 2016, deux caméras d'un montant de 8000 euros étaient installées pour filmer le nouveau City Stade de la ville, en libre accès, tout juste installé. Des caméras grâce auxquelles le maire a pu identifier un jeune garçon ayant commis des dégradations sur le site. Aucune verbalisation n'a été donnée, mais une bonne leçon de morale de l'élu, images à l'appui. Un seul visionnage a été effectué en trois ans, c'est peu au vu de l'investissement, mais le maire ne regrette rien.
On n'est pas à Chicago, mais vous savez : les incivilités, les dégradations, ça peut aller très vite. Et ça peut coûter très cher, et au final, qui paie? C'est la mairie, donc le contribuable
- se justifie Noël Marquis, maire de Gerbéviller
1232 caméras en Moselle
Ce sont les préfectures qui donnent aux élus l'autorisation d'installer des caméras dans leur commune. Avec, dans chaque département, des référents sûreté qui conseillent et examinent les dossiers. En Moselle, 240 dossiers sont ainsi examinés par an. La ville de Woippy ne fait pas exception à la règle, elle qui compte le plus de caméras au nombre d'habitants en France, soit 1 caméra pour 114 habitants portant à 124, le nombre de caméras à Woippy, depuis le début de l'installation de la vidéosurveillance dans cette agglomération messine en 2008.
Nombre de délits divisés par 3
Les résultats sont édifiants. Les vols à la tire, à main armée, cambriolages, trafic de stupéfiants, rixes et dégradations en tout genre ont été divisés par 3 entre 2001 et 2018, portant à 511, le nombre de délits en 2018 contre 1374 en 2001. Chaque jour, des images sont donc visionnées par la police municipale de Woippy.
Reste les incivilités du quotidien, propre à chaque commune, auxquelles la ville a décidé de faire la chasse. Des poubelles sauvages ou renversées sur la chaussée ou autes dégradations mineures font l'objet de transactions municipales. Un accord a ainsi été passé avec le procureur de Metz : pas de dépôt de plainte obligatoire dans ces cas de figure mais le maire est autorisé à verbaliser le contrevenant, grâce aux images de la vidéosurveillance.La justice demandant des extractions d'images en vue d'enquête, en moyenne 3 à 4 fois par mois sur cette commune de 14 000 habitants.
- Samuel Dechoux, chef de la police municipale de Woippy
Les habitants rencontrés sont satisfaits des mesures de la ville. Et ne contestent pas le fait d'être surveillés de près. Les images n'étant conservées qu'un mois au centre de surveillance urbaine de Woippy. Une ville où le bien vivre est assuré. Woippy peut s'enorgueillir d'avoir vu sa population, augmenter plus de 1000 habitants en cinq ans.4000 euros ont ainsi été encaissés dierctement dans les caisses de la ville en six mois. Et avec un nombre de délits divisés par trois, l'investissement total du parc de 600 000 euros est conséquent certes, mais les résultats sont là
- Cédric Gouth, maire de Woippy
Reportage à Gerbeviller et Woippy :