A 28 ans, le pongiste rémois Lucas Créange s'apprête à participer aux Jeux Paralympiques de Tokyo, qui se dérouleront du 24 août au 5 septembre prochains. Celui qui est aujourd'hui le 4e joueur mondial en tennis de table adapté espère bien décrocher la médaille d'or. Il y travaille d'arrache-pied.
Sa grande force, c'est son endurance... A regarder le Rémois Lucas Créange, 28 ans, s'entrainer en ce jour de mars 2021 au club de Metz, en Moselle, on se dit que rien ne peut l'arrêter. Classé 4e joueur mondial en tennis de table adapté, il renvoie et renvoie encore toutes les balles que son adversaire, joueur professionnel, lui sert. Le rythme est effréné, à ne plus savoir où donner de la tête. Mais la partition qu'il doit jouer ici, Lucas Créange la connaît sur le bout de son poignet : "On fait des gammes, des exercices de répétition, explique-t-il. C'est important de faire des répétitions à l'entraînement pour que ce soit naturel en match".
Et il est vrai que la dextérité du jeune Marnais semble dénuée d'efforts, pour les néophytes qui le regardent s'entraîner. Pourtant, Lucas Créange compte des heures et des heures de travail à son actif, lui qui évolue en catégorie sport adapté, réservée aux sportifs atteints de handicaps psychiques ou mentaux. Une persévérance que Loïc Belguise, le directeur sportif du Metz tennis de table, considère comme l'une de ses plus grandes forces : "Il peut s'entrainer pendant cinq ou six heures, aller courir ensuite pendant une heure derrière et faire ça sept jours sur sept. C'est vraiment une force de travail, et c'est aussi un exemple". D'ailleurs, au sein du club mosellan, une convention a été signée l'année passée avec la Fédération de sport adpaté afin que le jeune pongiste, dans sa préparation pour les Jeux paralympiques, puisse se confronter aux joueurs des plus hauts niveaux. Lucas Créange s'entraîne donc avec ses collègues valides. Tout au long de l'année, il les affronte dans cette catégorie. Des liens se créent et chacun y apprend beaucoup.
Il a un jeu assez atypique, donc on peut travailler de nouvelles choses, et ça c'est vraiment bien. Après, quand tu t'entraines avec lui, il faut vraiment apprendre à rester calme, parce que son système de jeu peut être frustrant !
Son jeu, tout en revers, permet de casser le rythme de l'échange et d'y intégrer des variations, de changer les effets. Particulièrement défensif, il déstabilise donc parfois ses adversaires. "Cela amène une plus-value sur le centre d'entraînement pour travailler sur ce type de jeu qui est complètement différent. Donc tout le monde est gagnant", constate Loïc Belguise. Ce jeu a même mené Lucas Créange jusqu'aux plus belles places des compétitions. En 2016, aux Jeux Paralympiques de Rio, il avait mené bataille jusqu'en quart de finale de tennis de table adapté. Cette année, pour les Jeux paralympiques de Tokyo, qui se dérouleront du 21 août au 5 septembre 2021, il compte bien aller plus loin et vise la médaille d'or.
Je vais y aller avec beaucoup d'ambition. Mon but, c'est de gagner les Jeux ou au moins faire la médaille de bronze ou d'argent. Mais gagner les Jeux, c'est un rêve de gosse, comme on dit !
En attendant, le Rémois continue de travailler, pour toucher du doigt ce rêve olympique. Il partage donc sa vie entre les tables de Reims, de Poitiers - où se situe le pôle France de sport adapté - et de Metz, où il se rend tous les 15 jours, retrouvant au hasard des entraînements ses collègues, comme lui, en situation de handicap. "C'est l'occasion de discuter en dehors de la table, d'aborder différents sujets, et je trouve cela vraiment très sympa, sourit-il derrière son masque. C'est important pour la cohésion du groupe. D'habitude, on se croise sur les compétitions internationales, sauf que là, avec la période de covid, on n'en a pas fait depuis longtemps".
Coordination, mais aussi tactique pour amener des points grâce à son système de jeu, Lucas Créange a encore quelques points à travailler... Alors, jusqu'au jour du décollage pour le Japon, il compte bien éprouver son endurance et s'entraîner sans relâche, avec pour horizon, l'or, pourquoi pas, mais surtout ce si "joli archipel", qu'il a "vraiment hâte de découvrir"...