En ce début de saison 2024-2025, les clubs de tennis de table ont vu arriver une vague de nouveaux adhérents en Normandie. Un "effet JO" ou un "effet Lebrun" dont ils se réjouissent, mais qui demande aussi de nouveaux aménagements.
Le ping a la cote ! C'est ce que répètent tous les acteurs du tennis de table normand en ce début de mois de décembre 2024. Et les chiffres ne les font pas mentir : la région a enregistré une hausse de 10% des adhésions dans les clubs par rapport à la saison dernière.
La rentrée sportive aura été fructueuse, comme le confirme la ligue de Normandie de tennis de table (LNTT), une association sportive qui organise et développe ce sport dans notre région. Elle constate un regain d'intérêt pour le monde de la petite balle depuis déjà la fin du covid.
Et les Jeux Olympiques de Paris ont fortement accéléré cette tendance, en (re) donnant envie aux Français de faire du sport. L'un des 270 clubs de la région, le Caen TTC, se réjouit de l'arrivée de nouveaux joueurs, jeunes et adultes en proportion égale.
"On est presque complet", annonce le directeur sportif Xavier Renouvin, qui enregistre 350 adhérents en cette mi-saison. "On pourrait accueillir encore quelques personnes, mais pas beaucoup plus, les murs de nos locaux municipaux ne peuvent pas être déplacés", ironise-t-il.
Pour faire face à l'affluence, ce gros club qui compte une équipe au haut niveau national a recruté un service civique supplémentaire et mis en place deux nouveaux créneaux de jeu chaque semaine.
Et nombreux sont les clubs à battre des records en ce début de saison.
L'image du ping-pong a changé
"C'est un phénomène que je n'avais jamais connu auparavant !", s'étonne encore Pascal Berthelin, conseiller technique sportif pour la LNTT. "Même quand Jean-Philippe Gatien avait gagné une médaille d'argent aux JO de 1992, la première médaille olympique du tennis de table français, il n'y avait pas eu un tel engouement... C'est assez dingue".
La raison de cette nouvelle popularité est aussi à trouver du côté d'un duo de jeunes hommes dont le charme discret a conquis la France entière cet été. Le nom des frères Lebrun est sur toutes les lèvres des pongistes normands, vétérans comme poussins.
Leur charisme et leurs victoires - la dernière en date étant la victoire des WTT Finals en double le 23 novembre, une première française - font briller le tennis de table et attirent toutes les caméras.
L'image de notre sport a changé, les gens se sont aperçus qu'il pouvait y avoir du spectacle et du dramatique. On est passé du ping-pong à la plage ou entre amis à un sport qui demande de la concentration, du physique et de la technique.
Pascal Berthelin, conseiller sportif de la LNTT
Mais avec l'arrivée de nouveaux adhérents, de nouvelles problématiques se posent, surtout pour les clubs amateurs de petite ou moyenne taille. Car il faut avoir la capacité de bien accueillir ce nouveau public. La fédération française de tennis de table avait anticipé un possible raz de marée des adhésions et avait d'ailleurs fourni un guide "réussir l'accueil" aux structures.
De nombreux conseils y sont distillés : décorer et aménager les salles, accueillir les nouveaux avec le sourire, prévoir des vestiaires hommes/femme, réorganiser les créneaux de jeu ou encore utiliser des casques de réalité virtuelle...
Manque d'entraîneurs
Malgré cela, "on a été un petit peu débordé ", témoigne Benoît Bresciani, président du club du Vaudreuil, à proximité de Rouen. Cette infrastructure de taille moyenne est passée de 70 adhérents la saison dernière à 85 en décembre 2024.
Le président a même été obligé de refuser du monde, "entre cinq et dix personnes". Le problème n'est pas le manque d'espace, la salle communale du Vaudreuil est dédiée uniquement au tennis de table et plusieurs tables ont pu être ajoutées, mais plutôt le manque d'entraîneurs.
On a été obligé de dédoubler les groupes et de raccourcir un peu le temps des séances pour accueillir tout le monde.
Benoît Bresciani.Président du club du Vaudreuil
Comme d'autres acteurs, il espère que la nouvelle médiatisation du sport apportera de nouvelles opportunités de financements, dans un contexte économique souvent tendu.
En plus des difficultés de financement, un autre défi de taille transparaît. "Le plus difficile ça va être de fidéliser le public", déclare Pascal Berthelin de la LNTT. "Il y a beaucoup de turnover dans notre sport, c'est un peu l'état d'esprit aujourd'hui malheureusement, les gens zappent".
Heureusement, le tennis de table peut encore miser longtemps sur les jeunes frères Lebrun pour fidéliser les nouveaux pongistes, des étoiles plein les yeux.