Les partisans de méthodes alternatives pour détecter et soigner la maladie de Lyme ont subi une nouvelle déconvenue. La cour d'appel de Colmar a confirmé, le 14 décembre, la peine infligée à Viviane Schaller, ancienne gérante d'un laboratoire, poursuivie pour avoir appliqué de telles méthodes.
Comme en première instance en novembre 2014, Viviane Schaller, 68 ans, a été condamnée à neuf mois de prison avec sursis pour « escroquerie » au préjudice de l'assurance-maladie. Elle devra aussi rembourser à la Sécurité sociale les sommes indûment remboursées, soit 280.000 euros.
« C'est une décision extrêmement décevante. Ma cliente en ressent une grande amertume », a dit à l'AFP l'avocat de Mme Schaller, Me Julien Fouray. « Nous allons nous pourvoir en cassation », a-t-il ajouté.
La justice reproche à l'ancienne professionnelle de santé d'avoir, dans son laboratoire d'analyses biologiques alors basé à Strasbourg - et aujourd'hui fermé sur décision des autorités sanitaires -, appliqué pendant des années un protocole de dépistage non homologué de cette affection potentiellement invalidante, transmise par les tiques.
Selon elle, les protocoles officiels sont inadaptés et ne permettent de détecter qu'une très faible proportion des cas de Lyme.
Elle a ainsi annoncé à des milliers de patients en errance thérapeutique, dans toute la France, qu'ils étaient porteurs de la maladie, alors qu'on leur avait longtemps affirmé le contraire. Aujourd'hui encore, la pertinence de ces diagnostics reste controversée.
Dénoncer le « déni » public de la maladie de Lyme
Dans ce dossier, Mme Schaller a été poursuivie pendant des années au côté d'un autre prévenu, Bernard Christophe, un diplômé en pharmacie poursuivi pour avoir fabriqué et commercialisé hors du cadre réglementaire un remède à base d'huiles essentielles contre la maladie de Lyme, baptisé « Tic Tox ».Comme elle, Bernard Christophe (en violet sur la photo) avait été condamné à de la prison avec sursis, et comme elle, il avait fait appel et s'était longuement défendu lors de l'audience d'appel sur le fond, le 7 octobre. Mais il est décédé le 10 décembre d'une crise cardiaque, à l'âge de 67 ans, quelques jours avant le prononcé de la décision. La cour d'appel de Colmar n'a donc pu que constater l'extinction de l'action publique à son encontre.
Soutenus par des milliers de patients en colère, les prévenus, qui dénonçaient le « déni » de la maladie de Lyme par les pouvoirs publics, avaient expliqué à l'audience qu'ils s'estimaient confortés par les récentes annonces du gouvernement en la matière.
Évoquant le « sentiment d'abandon et l'errance thérapeutique auxquels sont confrontés » les malades, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a présenté fin septembre un « plan national » pour améliorer la prise en charge de la maladie, notamment autour du développement de nouveaux tests de diagnostic.