200 à Strasbourg, 100 à Mulhouse, les policiers étaient appelés à manifester aujourd'hui pour dénoncer la "haine anti-flics". Une première, survenant après deux mois d'affrontements en marge de la mobilisation contre la loi travail. En Alsace, ils se sont rassemblés à Strasbourg et Mulhouse.
Les deux rassemblements alsaciens, à Strasbourg et Mulhouse, prévus à 12h aujourd'hui, ont repris les mêmes mots d'ordre que la manifestation nationale, en particulier pour dire stop à la haine anti-flics.
"La stigmatisation à laquelle on a assisté ces derniers temps est insupportable", note Sébastien Gérardin, secrétaire départemental du syndicat Alliance à l'origine de l'action, qui fustige "les insultes et le les crachats perpétuels", mais aussi les violences commises à l'égard des policiers.
Si les policiers strasbourgeois ont été plutôt épargnés comparativement à leurs collègues parisiens, nantais, rennais ou marseillais - quelques uns ont tout de même été légèrement blessés lors d'opérations de maintien de l'ordre -, "le ras-le-bol existe aussi localement", assure Sébastien Gérardin. "Les collègues sont fatigués. Depuis un an, ils sont plus sollicités que jamais."
Lors de sa récente visite à Strasbourg, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a promis le renfort de 35 fonctionnaires et de 30 adjoints de sécurité dans le Bas-Rhin.
- Interviews Said Boussour, syndicat Alliance ; Stéphane Brissy, Police Secours ; Lola 18 ans, lycéenne
- Reportage : Claude Lepiouff, Thierry Sitter, Nadine Ly, Vincent Lemiesle
Manifestation dans toute la France
Les puissants syndicats de police ont appelé les policiers, hors service et en civil, à des rassemblements statiques dans une soixantaine de villes. Le plus important a lieu sur la très symbolique place de la République à Paris, où se réunit chaque soir depuis fin mars le mouvement citoyen Nuit debout. Signe des tensions actuelles, des collectifs qui dénoncent les violences policières, appelaient aussi à manifester sur cette place emblématique de la capitale, juste avant le rassemblement des syndicats de police. Mais les autorités ont finalement interdit la contre-manifestation du collectif "Urgence, notre police assassine".Les syndicats policiers disent répondre aux attentes de leurs collègues engagés dans le maintien de l'ordre depuis le début des manifestations, au cours desquelles plus de 350 membres des forces de l'ordre ont été blessés, selon les autorités.
Onze d'entre eux l'ont encore été lors d'incidents au cours de la mobilisation de mardi, a affirmé le ministère de l'Intérieur.
"On peut comprendre que ces forces de l'ordre soient un peu exaspérées", a commenté mercredi le directeur général de la Police nationale Jean-Marc Falcone sur Europe 1, évoquant des fonctionnaires qui "se font agresser verbalement et physiquement" lors des manifestations alors qu'"ils sont soumis à une grosse pression depuis les attentats de janvier 2015".
Des accusations de "violences" ont été portées contre eux et des slogans tel "Tout le monde déteste la police" ont fait florès. Un jeune homme a perdu l'usage d'un oeil après avoir été blessé fin avril à Rennes. Une trentaine d'enquêtes de la "police des polices" (IGPN) portant sur de présumées violences policières ont été ouvertes en France, et plusieurs responsables politiques de gauche et syndicaux ont mis en cause le gouvernement dans sa gestion du maintien de l'ordre.