Depuis lundi, le monde associatif est aux émois. Le Gouvernement a annoncé vouloir recenser les migrants en envoyant des brigades dans les centres d'hébergement. Pour Hervé Augustin, responsable de l'association Saint-Vincent-de-Paul dans la Marne, cette situation est préoccupante.
Une polémique agite le pays depuis lundi. Le Gouvernement a annoncé vouloir recenser les migrants en envoyant des brigades dans les centres d’hébergement. Plusieurs associations s’insurgent et saisissent le Défenseur des Droits, Jacques Toubon. C’est dans ce contexte que le Grand Est accueille les premiers réfugiés venus du Niger au Tchad.
Au nombre de 19, ils sont arrivés ce matin à l'aéroport de Roissy, direction Thal-Marmoutier, dans le Bas-Rhin et seront installés dans le couvent du village. Une étape temporaire, le but étant qu'ils soient autonomes dans 4 mois.
Nous avons demandé l'avis d'Hervé Augustin, responsable dans la Marne de l'association Saint-Vincent-de-Paul.
Votre organisation vient en aide aux plus démunis, notamment aux réfugiés. Quel regard portez-vous sur la volonté du gouvernement de recenser les migrants ?
On a vu avec beaucoup d'intérêt l'émotion de Jacques Toubon, le défenseur des droits, qui estime que le gouvernement va trop loin et que cela pose des risques au niveau du droit international pour ces migrants. Nous-mêmes, nous accueillons des personnes qui sont en OQTF, obligation de quitter le territoire, et nous savons que si elles retournent dans leur pays d'origine, elles seront massacrées. Nous ne pouvons donc pas nous contenter de ces mesures d'expulsion sans étudier à fond leur dossier.
Quelle est la situation dans la Marne?
Il n'existe pas de chiffres précis, mais on peut en compter plusieurs milliers. La préfecture de la Marne annonce qu'elle dispose de 940 pour les demandeurs d'asile. Il y a en plus tous ceux qui sont hébergés par leur communauté, et dans la rue le moins possible. Nous venons d'en accueillir quelques dizaines, qui étaient en camping sauvage dans le parc Saint-John-Perse.
Cet été, le Président avait promis que plus aucun migrant ne dorme dans la rue avant la fin de l'année. Mais la fin de l'année, c'est demain…
C'était au mois de juillet à Orléans. Nous savons tous que cette promesse ne peut pas être tenue, sauf à expulser massivement pour créer des places pour ceux qui attendent.
Dans la Marne, département dont vous avez la charge avec votre association, il y a plus de 700 demandes d'asile, soit une hausse de 83%. Comment l'expliquer ?
Il y a beaucoup de pays qui posent véritablement problème à leur population. On a beaucoup parlé de l'homosexualité en Tchétchénie. Nous recevons beaucoup d'Arméniens et de Géorgiens, dans d'anciennes colonies russes, où les dictatures en place sont particulièrement violentes.
Mais comment expliquez-vous cet afflux ?
D'une part par la proximité avec Metz, où il y avait un camp de migrants extrêmement important. Nous ne connaissons pas le réseau des passeurs… ni leur histoire. Dans tous les cas, lorsqu'ils arrivent à Reims, nous sommes obligés de nous en occuper, en attendant que l'état le fasse.
Retrouvez l'intégralité de l'entretien dans cette vidéo, avec le regard de notre dessinateur
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