L'année 2021 s'achève sur un bilan positif pour l'activité fret à l'aéroport de Paris-Vatry, situé au sud de Châlons-en-Champagne dans la Marne. Et l'ambition ne manque pas pour poursuivre le développement de la plateforme aéroportuaire.
En 2020, l'aéroport de Paris-Vatry avait fait la une de l'actualité quand il avait accueilli, lors du premier confinement, un avion cargo rempli de 8 millions de masques chirurgicaux et de 150 tonnes de matériel sanitaire pour faire face à la crise du Covid-19.
En 2021, l'année a de nouveau été marquée par la crise sanitaire pour ce qui concerne l'activité passagers. L'aéroport propose notamment des liaisons vers le Portugal ou le Maroc. "On a une baisse par rapport au flux de passagers transporté les années précédentes […] On a des flux passagers qui ne sont pas à la hauteur de ce qu'était notre ambition", reconnaît Christian Bruyen, le président divers droite du conseil départemental de la Marne, qui a repris la gestion directe de l'aéroport en 2016.
Paris-Vatry est une ancienne base aérienne de l'Otan. Dans les années 1990, les pouvoirs publics ont souhaité y développer un grand centre logistique pour redynamiser la zone. Le premier vol commercial a eu lieu en 2000. En plus de l'activité passager et le fret, Paris-Vatry accueille aussi des vols d'entraînement.
La plateforme continue de prendre de l'ampleur en ce qui concerne le fret. Après 3 000 tonnes en 2019 et 12 000 tonnes en 2020 (dont 3 000 de matériel sanitaire), l'aéroport a traité 30 000 tonnes de fret en 2021 et l'année n'est pas encore tout à fait terminée. "Cela revient un peu à l'origine du projet. L'aéroport de Vatry a été conçu au départ pour du fret et ensuite il y a eu cette ambition sur le passager", indique Christian Bruyen.
Dans les deux ans qui viennent, Paris-Vatry espère atteindre 75 000 tonnes, "ce qui serait déjà considérable", avant de viser à moyen terme l'objectif de 100 000 tonnes.
Poursuite de la montée en puissance
Cela reviendrait à plus que tripler le volume de marchandises traitées en 2021. "C'est tout à fait atteignable, même si on a encore quelques points de fragilité dans le cadre de ce développement", précise le président du conseil départemental. En poursuivant sa montée en puissance, Vatry pourrait ainsi devenir "la deuxième plateforme aéroportuaire de France dans le domaine du fret, derrière Charles de Gaulle".
Les aéroports parisiens traitent la très grande partie du fret aérien français (1 700 000 tonnes en 2020). Les autres aéroports français présentent eux des tonnages beaucoup moins importants, 65 000 tonnes pour Bâle-Mulhouse par exemple. De quoi permettre à Paris-Vatry de rivaliser, en grimpant jusqu'à 75 000 voire 100 000 tonnes annuelles.
Le président du conseil départemental met en avant les atouts de l'aéroport marnais : "On est plutôt proche de la région parisienne, on a aussi une capacité de développement sans générer de nuisances, comme on peut les connaître dans des zones où l'habitat est plus dense. On a des voies de communication notamment autoroutières qui sont là."
Des points de fragilité
Mais il reconnaît quelques points de fragilité, comme la connexion ferroviaire qui n'est pas encore totalement aboutie. "On travaille avec l'État sur le sujet", dit-il à ce propos. Afin de poursuivre son développement, Christian Bruyen compte aussi sur une amélioration du côté du contrôle aérien.
"Aujourd'hui, on est un peu léger non pas sur le plan qualitatif que sur le plan quantitatif. Il faut qu'on arrive à améliorer tout ça avec la direction générale de l'aviation civile […] Les compagnies avec lesquelles on travaille, Qatar Airways ou Chronopost par exemple, ont besoin d'avoir l'assurance que nous pouvons traiter les avions et qu'ils ne prennent pas de retard."
Certaines voix plaident pour une relocalisation de l'industrie en France. Une mesure qui pourrait freiner le développement de Paris-Vatry, largement tourné vers l'international ? Christian Bruyen ne le pense pas.
"Au début de la crise sanitaire, on a expliqué que le monde de demain serait totalement différent. Il est différent, c'est une évidence, mais des marchandises vont continuer de venir de partout. Le fret aérien est actuellement en évolution positive et il va continuer de progresser dans les prochaines années, prédit-il. La relocalisation de filières industrielles n'empêchera pas le développement des flux de marchandises".
Utile pour l'export
Par ailleurs, la plateforme pourrait aussi être utile pour les entreprises locales. "La relocalisation d'industries en France, c'est aussi certainement avec une volonté d'exportation. Cela a beaucoup de sens aussi pour notre aéroport", affirme-t-il.
Concernant le volet passagers, il n'exclut pas de nouvelle liaisons, même si ce n'est pas l'axe principal de développement de l'aéroport. "On lance des appels d'offre et les compagnies vont répondre". Il refuse cependant de subventionner de manière démesurée ces liaisons.
"L'argent public n'est pas là pour ça. En plus, il y a des règles européennes qui nous disent que cela va de toute façon être interdit à court terme. Donc on prend les devants." Des aides au démarrage de certaines lignes peuvent être envisagées, mais elles seront "limitées et dégressives sur le court terme".