En sept ans, la commune de Courtisols, dans la Marne, est passée de quatre médecins à un seul exerçant à temps plein. Face à la détresse des habitants, la mairie a décidé de tenter une approche innovante pour attirer les professionnels. Après la publication d'une vidéo qui vante les atouts de la commune, un nouveau médecin a finalement été recruté.
Devant une feuille blanche, une petite fille prend son stylo : "Cher docteur, je t'écris cette lettre, car dans ma commune, le docteur Hermant va bientôt prendre sa retraite..." Durant trois minutes, la voix de l'enfant détaille les atouts de Courtisols, un village de la Marne de 2 500 habitants : sa situation géographique entre Châlons-en-Champagne et Reims, son pôle médical (dentistes, infirmiers, pharmacie) ou encore ses commerces, écoles et loisirs.
Cette vidéo, avec vues aériennes et fond musical, a été imaginée par la maire de la commune, Milène Adnet, ainsi que les professionnels de santé installés sur place pour susciter l'installation d'un praticien médical. "Nous avons appris en début d'année que l'un de nos deux médecins faisait le choix de partir en temps partagé. Or notre deuxième médecin va partir dans deux ans à la retraite. Nous nous sommes réunis et nous nous sommes demandés ce qu'on pouvait faire. On voulait montrer la réalité de notre commune".
On découvre ainsi les atouts du village, l'existence d'une nouvelle pharmacie, équipée d'un poste de télémédecine. Ou encore un marché de producteurs locaux, une boulangerie et plusieurs restaurants. Et même un golf à dix minutes seulement. Ou encore, une école.
La vidéo ci-dessous.
Car depuis sept ans, les habitants voient leurs médecins quitter le territoire ou cesser le travail les uns après les autres. De quatre médecins installés à Courtisols, il n'en reste plus qu'un seul à temps plein. "Mes administrés ont besoin d'un docteur qui les suive sur le long terme" explique Milène Adnet. "Certains n'ont pas vu de médecin depuis sept ans. Ils se contentent d'aller à l'hôpital en cas d'urgence. Cela pose un problème de santé publique. Peut-être qu'ils découvriront plus tard une pathologie qui aurait pu être prise en charge plus tôt."
Ce manque de médecins représente également pour elle une profonde injustice : "Mes administrés paient des impôts. Ils ont droit à la même prise en charge que les autres et à la même accessibilité aux soins". Selon un rapport du Sénat daté de 2020, "les déserts médicaux concernent aujourd'hui une commune sur trois : entre 9 et 12 % de la population française vit aujourd'hui dans un désert médical, soit entre 6 et 8 millions de personnes".
Un bassin de vie de 4 500 habitants
Selon la maire de Courtisols, il y a donc urgence à trouver un nouveau médecin généraliste, d'autant plus que plusieurs villages voisins n'en ont pas. "Des habitants de Poix, Thillois-et-Bellay ou encore La Chepppe ont leur médecin généraliste à Courtisols. Au total, c'est un bassin de vie de 4 500 habitants qui est concerné."
Toutefois, difficile de se faire connaître des praticiens : "Si les médecins en place ne sont pas maîtres de stage, nous n'avons aucun levier pour faire connaître notre territoire."
D'où l'idée de cette vidéo qui vanterait les avantages d'une installation dans cette commune. "Pour moi, on est à la campagne, mais avec tous les services nécessaires. Cela pourrait intéresser quelqu’un qui veut changer de vie, par exemple, un professionnel parisien. Ou alors de jeunes médecins qui ont envie de travailler autrement."
"C'est une grande satisfaction"
Cette vidéo, financée par la communauté de commune, a été présentée jeudi 13 juin à la journée de l'installation à la faculté de médecine de Reims pour tenter d'attirer les jeunes praticiens. Pour ceux qui seront intéressés, Milène Adnet assure que tout sera mis en place pour faciliter leur arrivée : "Nous mettons des locaux à disposition et nous les accompagnerons évidemment dans toutes les démarches administratives".
Bonne nouvelle pour la commune. Un nouveau médecin va s'installer dans la commune à partir du lundi 24 juin 2024. Son cabinet se trouvera dans les locaux de France Travail. "C'est une grande satisfaction. Ça peut également être un soulagement pour certains patients", a commenté l'édile de la commune. "L'idée, c'est de conforter l'offre médicale pour permettre un accès aux soins à toute la population". De jeunes médecins pourraient également être amenés à le remplacer à partir de la fin 2024. Pour la maire, "c'est un grand cri d'espoir".