À Châlons-en-Champagne, le cirque Rome s'est établi sur le parking d'une grande surface. Sous les chapiteaux multicolores, se trouvent des chameaux, des lions ou encore des tigres. Pour l'association Zoopolis comme pour certains citoyens, la présence de ces animaux dans un cirque est inacceptable.
"Boycottez les cirques animaliers, liberté pour les animaux", scandait la quarantaine de manifestants mardi 22 février à quelques mètres des installations du Grand cirque de Rome, sur le parking d'une grande surface. Ce type d'opération est régulièrement mené par l'association Zoopolis à travers la France quand un cirque s'installe dans une ville. L'objectif pour ces militants : la création d'une loi qui interdirait la présence des animaux dans les cirques. "L'animal n'est pas un objet de divertissement", s'insurge Pierre, membre de l'association.
En avril 2019, l'ancien ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy lançait un groupe de travail concernant les animaux sauvages en captivité. L'association Zoopolis, qui a participé à cette réflexion, a demandé à cette occasion "l’interdiction des animaux dans les cirques.". Pour les militants, la France fait figure de retardataire par rapport à ses voisins européens : plus d'une vingtaine d'entre eux a en effet interdit cette pratique. D'autant plus que, d'après une étude IFOP menée pour la fondation 30 millions d'amis en janvier 2020, 72 % des Français s'opposent à la présence d'animaux sauvages dans les cirques.
Frictions
Cette année, les organisateurs avaient requis la présence des forces de l'ordre, par peur des réactions du personnel du cirque. D'après la police, la manifestation s'est déroulée de manière pacifique.Néanmoins, la tension est palpable du côté du cirque et notamment de son directeur Dumas Solovich. Pour lui, l'absence de violence physique n'est en rien une marque de pacifisme. "C'est notre public qui est visé aujourd'hui. Les manifestants montrent du doigt nos clients. Cela discrimine les personnes qui se rendent au cirque", déplore-t-il. Et surtout, il s'inquiète de la défiance dont le milieu du cirque fait l'objet. Il voit régulièrement passer sur internet des messages menaçants, parfois à caractère xénophobe, formulés à l'encontre du monde circassien.
Aux abords de la manifestation, une camionnette du cirque diffuse un message en boucle. L'orateur y assure que les animaux du cirque sont "tout à fait adaptés à ce mode de vie" et appelle à ne "pas être dupe par rapport aux campagnes mensongères de certaines associations." En somme, c'est à qui parlera le plus fort.
"La captivité est incompatible avec les besoins des animaux"
"Je ne comprends pas qu'il y ait encore des cirques avec des animaux en France", se désole Laurine, 19 ans. Emmitouflés dans leur manteau, elle et deux de ses amis se tiennent à l'extrémité du cortège, pancartes en main. Ils ont entendu parler du rassemblement via les réseaux sociaux et sont venus "parce que c'est une cause importante". Pour eux, "ces animaux devraient être placés dans un parc animalier".Le point de vue de ces trois jeunes châlonnais est largement partagé par l'association Zoopolis pour laquelle "la captivité est incompatible avec les besoins des animaux". En 2015, la Fédération européenne des vétérinaires (FVE) s'était d'ailleurs positionnée contre la présence d'animaux sauvages au sein des cirques. "La FVE [...] recommande donc à toutes les autorités compétentes européennes et nationales d'interdire l'utilisation de mammifères sauvages dans les cirques itinérants dans toute l'Europe". C'est aussi l'image véhiculée par les cirques qui préoccupent l'association.
Exhiber des animaux captifs est catastrophique d’un point de vue pédagogique. Le message envoyé aux enfants est qu’il est normal de dominer et d'asservir un animal. Au contraire, c’est la bienveillance, le rejet de la violence et l’empathie envers les plus faibles qui devraient être mis en avant. Les enfants n'ont pas sous les yeux le comportement d’un animal libre dans son milieu d’origine,
- Association Zoopolis, qui milite pour l'interdiction de l'utilisation des animaux dans les cirques
De son côté, le directeur du cirque rappelle que la loi encadre les conditions de détention d'animaux en captivité, par l'arrêté ministériel du 18 mars 2011. Conditions qu'il assure respecter au sein de son cirque.