A Chalons-en-Champagne, deux marnais s'étaient associés pour ouvrir une salle de crossfit, mais pour cause de crise sanitaire, ils n’ont pas pu démarrer leur activité. Sans bilan, ils ne peuvent bénéficier d’aucune aide, mais doivent rembourser leurs emprunts.
Depuis dix ans, en France, l’activité enregistre un beau développement. Né aux Etats-Unis, dans les années 70, le crossfit associe force athlétique, l'haltérophilie, la gymnastique et l'endurance. Il a le vent en poupe, puisque, rien qu’à Reims, dans la Marne, on compte trois installations pour le pratiquer, mais rien n’existait à Chalons-en-Champagne. Adam Szal et Mickaël Dida se sont alors associés pour créer Crossfit Catalaunes. Il a fallu acquérir un terrain, construire une salle, l’aménager, et l’équiper avec 60.000 euros de matériels. Adam Szal a investi 50.000 euros de fonds propres, et les deux associés ont emprunté quelque 500.000 euros. La popularité de cette pratique sportive laissait augurer un joli succès pour cette nouvelle entreprise. Seulement, la Covid-19 a stoppé net le démarrage de Crossfit Catalaunes. Pourtant, aujourd’hui, il faut bien rembourser la banque, alors qu’aucune aide n’est versée à l’entreprise.
"Quitte à mourir, avec 500.000 euros de dettes, j'essaierai toutes les solutions possibles".
L’envie de démarrer est là
- Mickaël Dida, l’un des associés, est coach sportif. Formé au C.R.E.P.S. de Reims, il a travaillé comme éducateur sportif à Reims et en Suisse. Il raconte : "Début 2020, le premier confinement nous a amenés à repousser les dates d’ouverture, puis cela a été le cas également en septembre. En fin d’année, toujours pas d’ouverture possible". Adam Szal, l’autre associé, gérant de l’entreprise, s’occupe des questions administratives. "On a ouvert les pré-inscriptions", dit-il. "Il en faudrait 200 pour rentabiliser notre activité. On en a déjà 50. Seulement, on m’interdit d’ouvrir. Je fais des bidouilles pour décaler, mais il faudra rembourser. Les banques se moquent de la Covid, les crédits doivent être remboursés. Peu importe que l’activité soit arrêtée par décision gouvernementale ! Le Gouvernement devrait obliger les banques à cesser les prélèvements professionnels (U.R.S.S.A.F., S.A.C.E.M…)concernant les activités qu’il interdit de travailler". Les deux associés ont rassuré les personnes qui s’étaient pré-inscrites, "mais, ça ne peut pas encore durer des mois", indique Mickaël Dida. « On s’accroche, on a envie de démarrer. On sature. Au bout d’un moment, on se demande comment on va faire".
"On s'accroche, on a envie de démarrer. Mais ça ne peut pas durer des mois".
Le soutien des épouses
"Heureusement qu’on a nos femmes !", confie le coach, Mickaël Dida. "L’une est médecin, l’autre esthéticienne. On ne perçoit aucune aide, car on n’a pas de bilan d’activité à fournir. Et je n’ai pas droit au chômage, car précédemment j’étais auto-entrepreneur... On n’a pas de date d’ouverture, mais il faut payer l’affiliation à CrossFit, ça représente 3000 euros, pour l’année, payés pour rien, mais aussi les applications, le site web… Les sorties d’argent ne manquent pas". Adam Szal ajoute qu’il y également le remboursement à la banque de 2400 euros, par mois. "Quitte à mourir avec 500.000 euros de dettes, j’essaierai toutes les solutions possibles. Qu’est-ce-qu’on risque à tenter le tout pour le tout, et à ouvrir en prenant les mesures sanitaires nécessaires?"
Adam Szal a entendu parler de salles, à Bordeaux, en Gironde, qui sont ouvertes pour des personnes présentant un certificat médical. "C’est une hypothèse. Chez nous, à Chalons-en-Champagne, on peut facilement appliquer les mesures, avec huit personnes sur 300 mètres carré au sol. Avec deux cours, d’une heure, espacés, on a le temps de tout nettoyer". Parmi les premiers adhérents qui se sont inscrits chez Crossfit Catalaunes, on compte des gendarmes, des militaires. "La préparation physique générale est utilisée par l’armée", indique Adam Szal, le gérant de la salle. "Le crossfit est une activité aussi bien pratiquée par les femmes que par les hommes. Mon épouse et mes trois filles en font. En 15 jours, les deux-tiers de nos inscriptions ont été réalisées par des femmes". En témoignant sur leurs difficultés, les deux associés ont en fait voulu lancer un appel à l’aide. Leur problème n’est pas lié à la fermeture de leur établissement. En réalité, ils n’ont jamais pu ouvrir leur salle flambant neuve. Sans résultats, ils ne peuvent prétendre à aucune aide. C’est le cas d’autres entreprises, comme celles de restaurateurs, par exemple, qui pensaient débuter leur activité en 2020.