On en sait plus sur le futur de l'aéroport de Paris-Vatry : "nous avons l'interdiction de déposer le bilan, on ne peut pas l'abandonner"

Un point d'étape sur l'avenir de l'aéroport de Paris-Vatry (Marne) a été présenté au siège du département, ce mardi 02 avril. Le conseil départemental a toujours l'intention de vendre... mais seulement après avoir remis les comptes à l'équilibre, comme demandé par un audit. L'activité de fret entre fin 2023 et début 2024 est encourageante.

Une nouvelle page de son histoire, courte mais mouvementée, va peut-être s'écrire. Ce mardi 02 avril 2024, l'aéroport de Paris-Vatry (Marne) faisait l'objet d'un point d'étape au siège du conseil départemental (ex-conseil général).

En présence : Jean-Marc Roze, le président (DVD) du département, qui en assure la gestion sous la forme d'un établissement public à caractère industriel ou commercial (Épic). Ainsi que le nouveau directeur du site aéroportuaire, Fabrice Pauquet, en fonction depuis le lundi 19 février. 

Son activité de fret en dents de scie ne rassure pas. Et ses chiffres - qui ont doublé depuis 2020 - pour le transport de personnes sont peu considérés puisqu'ils ne permettent pas de faire rentrer de l'argent dans les caisses (cela dit, ils n'en feraient pas perdre non plus selon l'élu).

La situation oblige le conseil départemental à le financer à hauteur d'un million d'euros, et la région pour 660 000 euros. "Nous avons l'interdiction de déposer le bilan", tient à rappeler Jean-Marc Roze. Parallèlement, le département "n'a pas vocation à s'occuper d'un aéroport". Impossible pour autant de le vendre... 

Vendre, oui, mais pas tout de suite

Son nouveau directeur était cité par L'Union : l'aéroport ne serait plus à vendre... mais c'est toujours le souhait du conseil départemental, apprend-on ce mardi. La subtilité, c'est que ce souhait est émis... en différé. Un audit privé mené sur Vatry indique qu'une telle vente serait déraisonnable en l'état. C'est-à-dire sous perfusion d'argent public.

L'augmentation des chiffres du fret permettrait de retrouver des comptes à l'équilibre : l'objectif est de 50 000 tonnes à l'année. Ils sont globalement mauvais ces dernières années (2022 : 18 000 tonnes, 2023 : 9 000 tonnes). Mais si l'on prend les chiffres de la fin 2023 et de début 2024, on atteint une moyenne de 2 200 tonnes par mois, de bon augure. De quoi espérer peut-être dépasser la relativement faste année 2021 et ses 31 000 tonnes de fret gérées...

Si les chiffres du fret aérien étaient satisfaisants, il serait possible pour le conseil départemental d'arrêter les subventions (ce qu'il souhaite "sous brève échéance"). Et d'enfin le vendre à un repreneur providentiel. Pour autant, si un dossier de reprise solide et pertinent était déposé aujourd'hui, Jean-Marc Roze "ne s'interdit pas" la vente, confie-t-il au cours de la conférence de presse (voir la localisation de l'aéroport sur la carte ci-dessous).

En attendant, place au "développement économique" de l'aéroport. Le nouveau directeur, Fabrice Pauquet, va mettre à contribution son carnet d'adresses. Il a consacré 30 ans de sa vie au fret aérien (chez Fedex, Airbus, et Qatarairways). Il compte ainsi attirer de nouvelles compagnies "régulières, qui importent et exportent" : l'import seul compte peu, c'est l'export qui rapporte le plus. "C'est un très beau défi pour un aéroport qui a beaucoup de potentiel", assure-t-il. 

"Vatry doit correspondre aux demandes compagnies aériennes", ajoute-t-il en citant Qatar Airways ou la puissante Lufthansa. "Il faut reconstruire Vatry selon leurs standards." Des investissements sont prévus pour réorganiser les procédures et la sécurité, ainsi qu'une importante campagne de communication (avec "changement d'identité visuelle") à destination du monde du transport aérien. "Il faut changer l'image de l'aéroport", annonce le directeur. Il faut dire que le site Internet de l'aéroport n'a pas été mis à jour depuis des lustres...

Vatry doit correspondre aux demandes des compagnies aériennes.

Fabrice Pauquet, directeur de l'aéroport de Vatry

Jean-Marc Roze table aussi sur la construction d'une troisième zone d'activité commerciale (Zac) de 362 hectares à Sommesous. Ceci afin de diversifier les activités industrielles et de service, renforcer la logistique, et permettre une desserte en train : cela renforcerait nettement l'attrait de Vatry (où vient de s'installer la start-up aérospatiale Latitude). Mais cela coûterait 110 millions d'euros, et se heurterait à l'objectif Zéro artificialisation nette (Zan). Le président du département a rendez-vous avec le Premier ministre prochainement pour en discuter et voir ce qui peut être négocié. 

Fermeture écartée

Jean-Marc Roze ne croit pas en la fermeture de Vatry : le bilan d'un audit de la chambre régionale des comptes est attendu pour le printemps 2025 pour Vatry, Essey (Nancy), Entzheim (Strasbourg) et Saint-Louis (Bâle). Monsieur Roze cite la bonne entente avec le groupe des Aéroports de Paris (ADP) : Vatry peut assurer du délestage de fret lorsqu'il y en a trop à Orly ou Charles de Gaulle, ce qui lui confère une certaine importance. 

Fermer l'aéroport prendrait trois ans, car il faudrait redéployer certaines lignes aériennes, définies de longue date. Une fermeture ne se ferait pas sans coût : on ne peut pas abandonner l'aéroport. Les frais d'entretien (pour que sa longue piste de 3,86 kilomètres ne s'abîme pas) et de gardiennage constitueraient une perte sèche particulièrement élevée que le département souhaite éviter. 

Le prochain point d'étape se fera à l'horizon de la rentrée 2024, après consultations du département auprès des autorités régionales et étatiques, ainsi qu'après avoir approché les partenaires commerciaux qui éprouvent une inclination pour le site aéroportuaire de Vatry. 

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