Santé : à Châlons-en-Champagne, les sages-femmes manifestent "parce qu'ignorées par les pouvoirs publics"

À Châlons-en-Champagne, une cinquantaine de sages-femmes ont répondu à un appel national à la grève. Elles ont manifesté devant la préfecture pour réclamer une revalorisation, notamment salariale, de leur métier. 

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La date n’a pas été choisie par hasard. “Aujourd’hui, c’est la journée mondiale de la sage-femme, confie Émilie Mouquet qui travaille au CHU de Reims. Pour nous c’était donc important de se réunir ce jour-là et de répondre à l'appel national.” Elles sont une cinquantaine à braver la pluie, pancartes à la main et masque rouge sur le visage.

Rouge comme le nom donné à leur mobilisation : “code rouge”, en référence aux césariennes déclenchées en extrême urgence. “Car la situation est critique. On est en première-ligne face au Covid. Moi, je n’ai jamais arrêté de faire mon métier, même au plus fort de l’épidémie. Et pourtant, les pouvoirs publics nous ignorent”, détaille la Rémoise qui exerce depuis vingt ans. 

 

 

Elles viennent de toute la région et se sont donné rendez-vous devant l’Agence Régionale de Santé de Châlons-en-Champagne pour finalement se diriger vers la préfecture. “En fait, tout le monde est en télétravail à l’ARS or, ce que l’on veut, nous, c’est être entendues. Car nos revendications sont nombreuses !”, s’exclame Angèle Schaeffer, sage-femme au CHU de Reims. 

 

“Les oubliées du Ségur de la santé”

Sur les pancartes, les slogans ne manquent pas d’originalité. Tous appellent à une revalorisation de leurs conditions de travail : “Cigognes mais pas pigeonnes”, Faut pas pousser ! “ ou encore “Ségur d’avaler la pillule”. “On est les grandes oubliées du Ségur de la santé. En fait, c’est simple, on a reçu une revalorisation de 183 euros par mois, on a été placées au même niveau que les métiers du paramédical. Or, le niveau d’études, de responsabilités n’est pas le même et nous sommes une profession médicale à part entière”, déplore Angèle Schaeffer, 20 ans d’ancienneté. 

 

 

Elles ne peuvent pratiquer qu’au terme d’une année de médecine suivie de quatre ans d’école et de stages. Une fois en exercice, elles ont un droit de prescription et sont responsables de leurs actes. “Nous pouvons être poursuivies en justice. C’est pour cela d’ailleurs que nous devons payer une assurance professionnelle. À cela s'ajoute notre cotisation à l'ordre des sages-femmes. Et quand on débute, le salaire, c’est 1.600 euros net par mois”, détaille amèrement Émilie Mouquet du CHU de Reims. 

 

 

La profession se sent oubliée, méprisée et mal connue. Les compétences des sages-femmes ne se résument pas seulement aux suivis des futures mamans et aux accouchements. Depuis 2009, elles peuvent notamment assurer des consultations gynécologiques. Elles sont également autorisées depuis 2016 à pratiquer l’IVG médicamenteuse. Et au fil des années, la liste s’allonge. “Tout ça pour compenser le manque de médecins”, résume Angèle Schaeffer. 

 

“Quand on est sage-femme, on le reste toute sa vie”

Depuis mars, elles ont le droit de prescrire et d’administrer le vaccin contre le Covid. Mais une fois encore la reconnaissance n'est, selon elle, pas au rendez-vous. “Certaines de nos collègues se sont vues refuser l’entrée des centres de vaccination sous prétexte qu’elles n’étaient pas compétentes. Et cette méconnaissance de notre métier est nourrie par le gouvernement”, analyse Émilie Mouquet. 

Une anecdote résume les crispations existantes entre la profession et les pouvoirs publics. Le 1er mai, le président de la République Emmanuel Macron remercie dans un tweet les professionnels impliqués dans la campagne de vaccination : médecins, infirmiers, pharmaciens, pompiers, militaires, vétérinaires et dentistes. Les sages-femmes n’y figurent pas. “Il y a eu énormément de commentaires et le tweet a fini par être corrigé mais c’est tellement révélateur”, commente la soignante rémoise. 

 

 

À ses côtés, Chantale Champy, retraitée depuis trois ans. Pour elle, c’est une évidence d’être aux côtés de ses anciennes collègues aujourd’hui. “Quand on a été sage-femme, on le reste tout sa vie. C’est un métier très fort, un métier-passion. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut sacrifier nos conditions de travail. Or, je les ai vues se dégrader tout au long de ma carrière”, regrette-t-elle.

Un malaise partagé par toute la profession, quels que soient l’âge ou l’ancienneté. Selon une étude réalisée dans le cadre du Ségur de la santé, 55% des sages-femmes envisageraient de quitter le métier. 

 

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