Coronavirus : confinés, ils sauvent leur activité de vente à domicile dans la Marne grâce aux outils numériques

Dans la Marne, les réseaux sociaux et plateformes en ligne de mise en relation viennent au secours des vendeurs et vendeuses à domicile  indépendants, dans l’impossibilité d’organiser des réunions à la maison, à cause du confinement. Trois vendeurs nous racontent leur expérience.
 

Confinement oblige, la vente directe ou vente en réunion à domicile, est impossible aujourd’hui. Plus question d’inviter chez soi des clients potentiels pour leur proposer des produits de toutes sortes. La plupart des 6.000 vendeuses et vendeurs indépendants de la Marne, comme ailleurs en France, se sont adaptés pour la poursuite de leur activité et continuer à percevoir des revenus. Un changement de méthode de travail parfois radical pour certains, mais qui était incontournable. Trois vendeurs marnais nous racontent leur expérience.

Stéphanie Dupont habite La Neuville-aux-Larris près d’Epernay dans la Marne. A 46 ans, cette maman de deux enfants est vendeuse à domicile indépendante pour PartyLite, une entreprise qui fabrique et commercialise en vente directe des bougies et parfums d’intérieur.  « Habituellement, en tant que cheffe d’équipe, je me déplace chez des conseillères (qu’on appelle aussi hôtesses) pour les épauler, elles accueillent chez elles des clients potentiels pour des démonstrations. Aujourd’hui, j’utilise les réseaux sociaux et les plates-formes pour communiquer à distance avec l’application  Zoom ou encore en Facebook Live. Et toutes les conseillères ont suivi cette voie. Du coup, notre réseau client perdure et a même augmenté ! »
 

Quand j’ai appris le confinement, je me suis dit, c’est la catastrophe ! Très vite, j’ai compris qu’il fallait que je m’adapte pour continuer à gagner ma vie. 
- Stéphanie Dupont, vendeuse à domicile

 « J’ai commencé chez PartyLite il y six ans et demi pour obtenir un complément de salaire alors que j’étais agent territoriale spécialisée des écoles maternelles (ATSEM), j’apportais une aide technique et éducative à l’enseignant. J’ai connu cette entreprise comme cliente. Je n’avais aucune expérience dans la vente et je me suis lancée. D’abord comme conseillère et je suis devenue plus tard responsable d’équipe, leader d’unité comme on dit. Aujourd’hui, c’est mon activité principale à temps plein. Cette nouvelle façon de faire est une aubaine, une expérience unique qui m’a sortie de ma zone de confort, je n’en tire que du positif.

Je suis au-delà de mes objectifs au mois de mars grâce à ces outils de communication qui me permettent de développer un nouveau réseau. Et ça fonctionne pour tous les ambassadeurs de la marque dans la Marne, ça cartonne même, c’est une belle dynamique.
- Stéphanie Dupont, vendeuse à domicile 
 

Vendre des bougies parfumées à distance, un challenge

Vendre des bougies parfumées à distance, ce n'est a priori pas évident. « D’abord, il y a les clients fidèles qui connaissent nos produits. Et puis, pour toucher de nouveaux clients, il faut les faire voyager, les faire rêver en leur expliquant ce qui pourrait leur convenir en fonction de leurs goûts : parfum fruité, gourmand ou exotique. Ensuite, je renvoie sur notre boutique en ligne pour passer commande. Les livraisons sont toujours assurées et si le produit ne convient pas, la personne a la possibilité de le renvoyer gratuitement. C’est beaucoup de travail et d’investissement mais j’adore ça, ça fait plaisir de faire plaisir.»

Pour Johanna Stéphane, qui habite Tinqueux près de Reims, l’utilisation des réseaux sociaux pour démarcher les clients ou se mettre en relation avec ses équipes de conseillères ce n’est pas vraiment nouveau, elle pratiquait déjà avant le confinement. A 39 ans, cette mère de deux enfante est vendeuse à domicile indépendante et comme Stéphanie elle est cheffe d’équipe, chez Secrets de Miel une entreprise qui propose des produits naturels de bien-être, de beauté et des compléments alimentaires à base de miel.

 


« Il faut se battre pour survivre mais rien n'est impossible, explique Johanna. J’ai gardé l’esprit de groupe comme lorsque j’étais joueuse de football : si vous savez motiver votre équipe, c’est l’équipe en retour qui vous motive. Bien entendu, nous avons suspendu nos ateliers découvertes à domicile, nous utilisons la plate-forme Zoom pour des visio-réunions ! Les clients se sont adaptés et pour certains un peu réservés qui ne sont pas très adeptes des réunions à domicile, c’est plus facile de découvrir nos produits à travers un écran, voir sans être vu !

Ces outils de communication permettent d’élargir notre champ d’action. Moi et mes équipes, on s’en sort bien parce que nous avons la chance de pouvoir assurer encore nos livraisons aux clients qui passent commande. Mais en cette période de crise sanitaire faire des affaires ce n’est pas l’essentiel, il importe aussi tout simplement de prendre des nouvelles de nos consommateurs pour savoir s’ils vont bien, c’est notre état d’esprit chez Secrets de Miel ».
 

Jean-Paul Job, à l'ancienne, au téléphone


Artisan-peintre à la retraite, à 63 ans Jean-Paul Job habite Bourgogne dans la Marne, une commune proche de Reims. Il a choisi, voilà un peu plus d’un an, de travailler pour la société AKEO, distributeur de produits pour différentes marques. Une façon pour Jean-Paul d’assurer un complément de retraite et de garder des relations sociales. Il a choisi le statut d’auto-entrepreneur.   

« Depuis le confinement, je n’ai pas rompu les liens avec ma clientèle, décrypte Jean-Paul. Je ne me rends plus à domicile pour apporter mes conseils sur un produit et, bien entendu, je ne fais plus d’ateliers à la maison. Mais le service est toujours là. D’autant que les gens continuent de commander pour se faire plaisir. En cette période, ils ont besoin d’évasion. Je n’utilise pas les réseaux sociaux ni les plateformes de visio-conférence.

Je prends tout simplement mon téléphone ! Le relationnel est très important, c’est l’éthique de l’entreprise.
- Jean-Paul Job, vendeur à domicile


Le conseil est notre priorité, nous avons un catalogue de 2.500 différents produits. Je n'ai créé mon réseau de consommateurs qu’avec le bouche à oreille, ça me suffit pour en tirer profit. Je touche 21 % de commission sur mes ventes plus des bonus et des bons d’achat en fonction de mes résultats. Je ne me plains pas. Et j’ai encore le droit de livrer moi-même dans un petit périmètre qui couvre ma clientèle. »
 

De nouveaux vendeurs en chômage partiel dans leur entreprise

Gilles Surleau est directeur des ventes chez PartyLite. L’entreprise, leader de la vente à domicile, se repose sur 6.800 vendeurs indépendants en France, 45.000 répartis sur 23 pays. Il nous explique cette situation inédite pour la société: « Il y a déjà plusieurs mois, on expliquait à nos vendeuses et vendeurs que les réseaux sociaux seraient un bon moyen d’élargir leur champ d’action. Bien sûr, le contact humain lors de réunions reste notre point d’ancrage comme pour toutes les ventes directes, mais il n’y a pas de changement sans nécessité.

Après certaines hésitations face aux technologies d’aujourd’hui, chacun s’est approprié ces outils, à son rythme, pour reconnaître que c’était incontournable pour s’assurer des revenus. Chez Partylite nous recrutons régulièrement dans toute la France. Début avril, nous avons lancé trois sessions de recrutement à travers la plate-forme Zoo. Des visio- entretiens qui ont eu du succès puisqu'elles ont touché 150 personnes, la plupart au chômage partiel dans leur entreprise et qui ont besoin d’arrondir leur fin de mois avec un complément de salaire. Pas besoin de diplôme, nous assurons des formations et un accompagnement et chacun est libre de travailler à temps partiel ou à temps plein sous le statut de vendeur à domicile indépendant, la personne est commissionnée sur les ventes à hauteur de 20% plus des bonus. »


La  vente directe souffre mais résiste

Née dans les années 50 avec une célèbre marque d’ustensiles de cuisine, aujourd’hui, le secteur de la vente en réunion à domicile a le vent en poupe et touche une clientèle plus jeune qu’autrefois. De la lingerie aux produits de beauté en passant par des objets de décoration pour la maison, des bijoux ou encore des sextoys, tout se vend à domicile ou presque. Selon les sources de la Fédération de la vente directe, dans la Marne, on compte 6.000 vendeurs à domicile, en France 700.000 sous le statut de vendeur indépendant. 40 % des distributeurs pratiquent la vente directe comme activité principale, 31 % sont en multi-activité et 29 % pratiquent la vente directe pour un complément de revenus.

Avec la crise sanitaire, certaines sociétés du secteur ont dû arrêter leur activité, soit totalement soit partiellement. Par le biais du télétravail ou par l'utilisation d'outils numériques, Stéphanie, Johanna ou encore Jean-Paul, eux, ont donc su rebondir.  
 
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