Des malvoyants sans lumière : pourquoi cette association a-t-elle été privée d'électricité ?

C'est un dossier aussi long qu'ubuesque. A Reims, dans la Marne, une association d'aide aux personnes aveugles et malvoyantes, a été brutalement privée d'électricité fin juin. Sans lumière et sans électricité, impossible de tenir les permanences. Retour sur un quiproquo qui a plongé dans le noir une dizaine de personnes en situation de déficience visuelle.

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"Ce n'est toujours pas résolu, ce n'est plus possible, on ne peut pas laisser les gens en situation de handicap dans cette situation." Une phrase pour résumer presque cinq mois de quiproquos, d'échanges de mails infructueux, de coups de téléphone dans le vide et d'un local associatif devenu inutilisable. Aurore Sohier, présidente de l'association rémoise le Regard au Bout des Doigts, est à bout. Depuis fin juin, le local de son association, qui vient en aide aux personnes en situation de déficience visuelle, est privé d'électricité.

L'association privée de moments de convivialité

"On ne peut plus l'utiliser, se plaint-elle, il n'y a pas de fenêtre dans ce local, donc c'est très sombre. Certes, pour les personnes aveugles ce n'est pas gênant, mais pour les personnes qui les encadrent et pour les malvoyants, ça l'est. On doit utiliser une lampe torche pour aller aux toilettes, le réfrigérateur et la bouilloire ne fonctionnent pas et surtout il n'y a pas de chauffage, alors qu'il commence à faire froid."

L'association, née en 2001, utilise ce local de l'avenue de Laon à Reims depuis sa création. Il sert notamment aux permanences du mercredi après-midi, où une dizaine de personnes aveugles et malvoyantes se réunissent pour des moments d'échanges. "Elles passent du temps ensemble, autour d'un goûter ou d'une collation, on les aide aussi à remplir des dossiers, détaille Aurore Sohier, on met en place des ateliers créatifs et des jeux de société. C'est important pour des gens qui sont tout seuls chez eux. Ils peuvent venir le mercredi pour passer des moments entre copains."

Des moments de convivialité inenvisageables depuis cinq mois, sans électricité. "Une dame est venue mercredi et elle a trouvé porte close, déplore Aurore Sohier. Elle était malvoyante et elle ne pouvait donc pas lire l'affiche que nous avions mise à l'entrée. Elle s'est donc retrouvée comme ça, le nez sur la porte."

Le voisin payait l'électricité depuis 20 ans

Mais alors, que s'est-il passé ? Aurore Sohier prévient : c'est un dossier complexe. "En juin, une de mes collègues a ouvert le local un mercredi et s'est soudain rendu compte qu'il n'y avait plus d'électricité." Premier réflexe, évident : contacter le fournisseur d'électricité. Et là, surprise : Enedis informe la présidente qu'aucun contrat au nom de l'association n'existe. S'ensuivent plusieurs semaines d'échanges de mails, de coups de téléphone et de prises de rendez-vous, entre l'association, le fournisseur d'électricité et le bailleur social, Reims Habitat.

Quatre mois plus tard, la conclusion est ubuesque : le compteur de l'association est relié à un appartement du rez-de-chaussée. Depuis vingt ans, le locataire de cet appartement payait les factures d'électricité de l'association, sans s'en rendre compte. L'électricité a été coupée en juin à la suite de son déménagement. L'association n'est pas parvenue à le contacter.

Objectif à présent : désolidariser les deux compteurs. "Le problème a été trouvé, mais la lumière n'est toujours pas arrivée", déplore Aurore Sohier dans un mail. Reims Habitat doit désormais demander un devis à Enedis pour effectuer les travaux. Une démarche qui n'a toujours pas été entamée par le bailleur social. Pourquoi ? Contacté, Reims Habitat n'a pour le moment pas donné suite à notre appel. L'association indique toutefois avoir été contactée par le bailleur après la publication de cet article et qu'une demande de travaux a finalement été faite auprès d'une société pour désolidariser le compteur.

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