"Je ne voulais pas le tuer" : l'homme qui a poignardé un éducateur spécialisé dans le Doubs sera jugé par la cour d'assises

Ce lundi 4 novembre s'ouvrait le procès en comparution immédiate de l'homme qui a agressé un éducateur au couteau en septembre dernier à Valdahon (Doubs). À l’issue d'une audience confuse devant le tribunal correctionnel de Besançon, le prévenu n'a pas complètement expliqué son geste. Le dossier a été renvoyé aux assises.

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Les faits se sont déroulés le 4 septembre 2024 à la maison des services de Valdahon. Mohamedy K. né en 1996, prend rendez-vous à la Maison des services de Valdahon avec Cédric C, éducateur du "Pôle enfants confiés" de Pontarlier, structure du département du Doubs. Le travailleur social n'avait pas en charge cette famille, mais l'avait déjà rencontrée lors d'un droit de visite médiatisé. 

L'homme reçu est de nationalité malienne et habite la commune depuis quelques années. Il est père de quatre enfants, âgés "de 4 à 8 ans", selon le prévenu. Lors du rendez-vous, la situation dégénère, l'individu sort un couteau et poignarde l'éducateur spécialisé de 43 ans au thorax, sur le côté gauche "Le couteau a suffisamment pénétré pour perforer la base du poumon de la victime, qui a obtenu 10 jours d'ITT" précisait au moment des faits le procureur de la République Etienne Manteaux. L'agresseur est mis en fuite par un collègue, avant d’être rattrapé par la gendarmerie. 

L'agresseur a été placé en détention provisoire jusqu'au jour de son procès, ce lundi 4 novembre. Il est poursuivi pour "violences volontaires avec armes et sur une personne chargée d'une mission de service public".  

Discours décousu

Interrogé par la cour, le prévenu a tenu un discours décousu et était particulièrement agité en début d’audience. "Je ne voulais pas le tuer, je voulais le voir d’homme à homme", précise Mohamedy K. La source de la rancœur du prévenu à l'encontre de la victime remonterait à 2022. Plus précisément, lors d’une visite médiatisée supervisée par le travailleur social entre le prévenu et ses enfants. La date exacte n’a pas pu être déterminée lors de l'audience.

"Il m’a mal parlé devant mon fils. Ils m’ont enlevé toutes les visites, c’est lui-même qui a tout manigancé", déclare Mohamedy K. Ce "mot de trop" a entraîné plusieurs années de colère de l’accusé contre l'éducateur. Une rancœur que ne comprend pas le travailleur social, "Peut-être que j’ai pu le tutoyer, je n’ai pas touché à son intégrité, peut-être, j'ai une façon de faire qui ne lui a pas plu. Je n’ai rien à voir avec la situation de Mohamedy K.", explique Cédric C. 

Devant le tribunal, le prévenu semble avoir du mal à comprendre le système de placement des enfants et rejeter la faute sur l'éducateur. À plusieurs reprises, il lui reproche de mentir, coupant parfois la parole de la présidente de l'audience. 

Une rancœur

Le 4 septembre 2024 vers 9h, le prévenu a demandé, lors d’un entretien avec son assistante sociale, de rencontrer Cédric C. Une demande qui a surpris l’assistante sociale, les deux hommes ne s'étaient pas revus depuis plusieurs années.

Contacté, l'éducateur accepte de le rencontrer, mais en présence de son supérieur. "L'idée, c'était de désamorcer, on était tous extrêmement interrogatifs sur cette démarche", précise ce dernier.

Lame de 11 centimètres

Le 4 septembre, l’agresseur a été observé dès 11h devant la maison des services, soit trois heures avant le rendez-vous. Après seulement quelques minutes d’entretien, Mohamedy K. sort un couteau d’une lame de 11 centimètres et frappe Cédric C. Ce dernier arrive à bloquer le bras de son agresseur pour éviter d'autres blessures. 

"On n'a pas discuté longtemps, j’ai dit, on ne touche pas à mes enfants, je me suis énervé. Je ne voulais pas mettre un coup, je n'avais même pas la force, je ne dormais pas depuis une semaine" se défend le prévenu. Pourtant, la victime a eu une côte fêlée lors de l’attaque, signe de la force déployée par l'agresseur.

Pour le supérieur hiérarchique présent au moment des faits, ça ne fait aucun doute que son collègue Cédric était la seule cible de l'agresseur. "Il ne me regardait même pas, pendant l’agression, il ne s'est pas tourné vers moi", précise-t-il. 

La préméditation retenue

Le discernement de l'agresseur présumé n’a pas été considéré comme altéré par les expertises psychiatriques. Même si des médicaments avaient été prescrits à l’agresseur avant l’incident. L'homme était suivi depuis avril 2024 par un psychiatre. Le prévenu n’a pas été clair s’il continuait à prendre sa médication ou non.

À l'issue de l'audience, le dossier a été renvoyé devant les assises. Le tribunal considérant que les faits relèvent d'une cour criminelle pour assassinat avec préméditation. Une décision saluée par l'avocate des parties civiles. 

L'intentionnalité "ne fait aucun doute et la préméditation aussi. Cette personne qui va chercher un couteau qui le dissimule et qui essaie de donner plusieurs coups", précise Maître Sylvia Serri, avocate des parties civiles.

Le prévenu reste derrière les barreaux

Les deux travailleurs sociaux, que défend l'avocate, sont encore traumatisés par l'attaque. Cédric C. est toujours sous morphine après l'attaque au couteau. Son collègue n'a pas repris son activité professionnelle depuis l'agression.

L'agresseur au couteau de Valdahon reste derrière les barreaux jusqu'au jour de son procès. Le procureur de la République devrait ouvrir une information judiciaire prochainement.

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