Enseignants des collèges en colère : la rentrée sera surchargée

A Witry-les-Reims dans la Marne, mais aussi à Sedan dans les Ardennes, à la veille des vacances scolaires, les enseignants des collèges se mobilisent. Suppressions de classes à la rentrée prochaine et donc cours surchargés à prévoir. Inadmissibles pour les enseignants et les syndicats de l'Education Nationale.

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"A Witry-les-Reims, il n'y a jamais rien eu de tel. Cela fait 26 ans que je suis dans ce collège, depuis son ouverture, et c'est la première fois que l'on se mobilise. On a toujours été dociles avec tout ce que l'on nous a imposés, toutes ces réformes. Là, on n'en peut plus. C'est la première fois que l'on voit un tel mouvement, suivi par autant de professeurs, pratiquement la totalité. Cette fermeture de classe, c'est la goutte qui a fait déborder le vase. La goutte de trop".

On avait cinq classes de 4e de 24, 25 élèves. C'était des conditions correctes pour travailler et là on va avoir quatre classes de 3e à 30 élèves. Ca va devenir difficile.

Yannick Clément, professeure de SVT au collège de Witry-les-Reims

Fabienne Castaner est professeure de Lettres au collège Léonard de Vinci à Witry-les-Reims. Devant le collège, au milieu des drapeaux des syndicats, cette enseignante évoque sa colère, et son dépit. Samedi 1er juillet, elle et les 35 professeurs de cet établissement de la proche banlieue rémoise ont appris la suppression d'une classe de 3e à la rentrée prochaine. La majorité a donc décidé, avec l'ensemble des syndicats réunis en intersyndicale, d'organiser une matinée "collège mort". Pas de grève, les élèves sont dans la cour de récréation et en cette fin d'année où les programmes sont bouclés, ils ne ratent rien. Une matinée pour marquer le coup face à "la casse du service public" comme le disent les enseignants. 

30 élèves par classe à la rentrée

Yannick Clément, professeure de SVT (Sciences et Vie de la Terre) explique aussi pourquoi elle se mobilise. "On est en colère parce qu'on va nous fermer une classe. On avait cinq classes de 4e de 24, 25 élèves. C'était des conditions correctes pour travailler et là on va avoir quatre classes de 3e à 30 élèves. Ca va devenir difficile de travailler. Toutes les classes sont chargées. On aura entre 29 et 30 élèves par classe dans tous les niveaux. Depuis le début de ma carrière, j'ai vu les conditions de travail se dégrader, j'ai eu de plus en plus d'élèves dans les classes". 

"Nous nous retrouvons dans des conditions de travail très difficiles, reprend Fabienne Castaner, avec trente élèves par classe, voire plus. On ne peut pas étudier dans ces conditions-là dans les petits locaux qui sont les nôtres. Cela met aussi en jeu la sécurité des élèves car pour que tout le monde ait une place, on va devoir bloquer l'issue de secours. On en a assez, chaque année, de travailler avec de moins en moins de moyens. Les enfants ne peuvent pas apprendre dans de bonnes conditions. Comment voulez-vous qu'on les prépare correctement au brevet, au passage en seconde. C'est impossible dans ces conditions-là."

Je trouve aussi cela complètement injuste que certains élèves du secteur essaient de s'inscrire dans le collège, et ils ne peuvent pas parce qu'il n'y a plus de place.

Yannick Clément, professeure de SVT au collège de Witry-les-Reims

D'autres situations seront compliquées, voire impossible à vivre. Le travail des AESH, les assistantes de vie scolaires qui accompagnent les élèves porteurs de handicap ou en difficultés est remis en question par les enseignants. "On ne travaille pas avec 30 élèves comme on travaille avec 25. Ce n'est pas possible, reprend Fabienne Castaner. Les AESH ne pourront pas intervenir parce que les classes seront surchargées, il y aura beaucoup de buit. Elles ne pourront plus travailler de manière efficace. Elles sont avec deux élèves généralement".

Des élèves sur la touche

"Nous sommes très en colère, dépités et déterminés. Déterminés à dire au rectorat et au Ministère que cela ne peut plus durer, précise encore Fabienne Castraner, professeure de Lettres. On ferme des classes partout, on nous retire les moyens. On est en train de faire la casse du service public, comme on le fait pour l'hôpital, pour les médias. S'il n'y a plus de services publics qu'est-ce qu'on fait, qu'est-ce qu'on devient ?"

A la rentrée 2022-2023, 470 élèves étaient scolarisés de la 6e à la 3e au collège Léonard de Vinci. La suppression d'une classe pourrait aussi avoir un impact sur l'accueil des élèves qui arrivent sur la commune. Ils pourraient être envoyés ailleurs, leur collège de secteur ayant bouclé ses effectifs. "Je trouve aussi cela complètement injuste que certains élèves du secteur essaient de s'inscrire dans le collège, et ils ne peuvent pas parce qu'il n'y a plus de place, ajoute Yannick Clément, professeure de SVT au collège de Witry-les Reims. Il y a des déménagements et des élèves qui arrivent dans le secteur et ils ne pourront pas s'inscrire. Ce n'est pas qu'ici. Augmentation des effectifs, diminution des postes : le service public se dégrade". 

Au collège Le Lac de Sedan, une classe de 4e est supprimée par le rectorat. Inédit et véritablement inadmissible, inenvisageable au vu du contexte de cet établissement.

Karine Fuselier, SNES-FSU des Ardennes

A Sedan aussi les collèges et lycées ont reçu les derniers ajustements de dotations horaires pour la rentrée prochaine. "Comme nous pouvions le craindre, explique Karine Fuselier du SNES-FSU des Ardennes, après la reprise catastrophique de moyens validés par les instances académiques contre l'avis unanime des organisations syndicales, des heures sont encore retirées à de nombreux établissements. Huit heures à Villers-Semeuse par exemple, ou encore dans un autre établissement, une classe qui ferme et oblige les équipes à se réunir d'urgence en conseil pédagogique puis en conseil d'administration pour revoir leur copie à la baisse". Le collège Le Lac à Sedan pourtant classé en REP+, zone d'éducation prioritaire, n'est pas plus protégé. "Une classe de 4e est supprimée par le rectorat et 52 élèves se répartiront dans deux divisions de 26 ce qui est probablement inédit et véritablement inadmissible, inenvisageable au vu du contexte de cet établissement dont l'indice de position sociale (IPS) est l'un des plus bas du département. Sont scolarisés des enfants en grande difficulté scolaire avec des besoins éducatifs particuliers". Dans les Ardennes, à Sedan, enseignants, parents d'élèves ont aussi manifesté leur colère devant le collège Le Lac.

La rentrée sera particulièrement surchargée en septembre 2023. De nombreux collèges et lycées sont concernés par la perte de classes et d'heures d'enseignement. Même si, "il y a de bonnes idées", précise encore Yannick Clément, professeure au collège de Witry-les-Reims. "Par exemple, on nous demande de former au secourisme les élèves mais sans moyens supplémentaires. Tout est sans moyens supplémentaires. Et maintenant, on nous les diminue, on se demande quand cela va s'arrêter. Je pense que c'est un peu tard, je ne sais pas s'ils pourront rouvrir une classe. On nous a octroyé trois heures supplémentaires par semaine. C'est dérisoire. Cela nous permettra de faire des petits projets".

"Au vu des conditions catastrophiques de rentrée" précise encore Karine Fuselier, le SNES académique appelle dores et déjà à un rassemblement devant le rectorat le lundi 4 septembre à partir de 12h30"

 

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