Banque, assurance, téléphonie... Des conseils d'experts pour éviter les arnaques

Les escroqueries progressent, mais l'entraide aussi. Ce mardi 26 septembre, la ville d'Epernay, dans la Marne, a organisé un forum anti-arnaques. Douze administrations, associations mais aussi institutions étaient au palais des sports, pour éviter que le public ne se fasse piéger, sur internet ou ailleurs.

"Vous avez un virement de 134,65 euros en attente", "votre carte Vitale doit être réactualisée" : voici quelques-uns des vicieux messages envoyés, en ligne ou sur votre téléphone. À moins que vous n'ayez reçu récemment, chez vous, la visite d'un prétendu plombier ou policier pour un problème imaginaire. Quel que soit le procédé, le but est souvent le même : vous dépouiller.

Ce 26 septembre, la ville d'Épernay (Marne) a tenu un forum anti-arnaques. Une initiative proposée "par le conseil des aînés, qui représente les seniors de la ville", rappelle Benoit Colson, responsable du pôle animation seniors du Centre communal d'action sociale. Il s'adresse particulièrement à ce public, "mais aussi aux autres", tient à préciser le représentant municipal.

Police nationale et municipale, Poste, Assurance maladie, bailleurs sociaux ou encore écrivain public : plusieurs acteurs étaient présents. Pour les visiteurs, il s'agit d'une idée bienvenue. Qu'il s'agisse de curieux ou, malheureusement, de victimes, le forum était attendu. Petite visite dans les allées du palais des sports d'Epernay.

Un forum salvateur après une mésaventure

Ce mardi matin, une vingtaine de visiteurs se déplacent parmi les douze stands. Parmi eux, il y a Francine et Jean-Michel, 72 et 75 ans. Le couple d'Epernay est particulièrement attentif et captivé par les différents stands. S'ils viennent ici, c'est pour mieux se protéger : ils ont malheureusement connu une arnaque au virement bancaire. Francine s'en souvient encore, et ne décolère pas :

Quelqu'un s'est introduit dans notre compte. Il a prélevé 1300 euros, vers une banque française en ligne et 9 998 euros vers l'Espagne.

Francine

Une habitante d'Epernay, touchée par une arnaque au virement bancaire

9 998 euros : un montant bien calculé pour contourner les règles prévues par la loi. Au-delà de 10 000 euros, cela aurait éveillé les soupçons : l'origine de toute somme qui dépasse ce plafond doit être justifiée auprès des banques.

"On ne sait pas comment ils ont eu les mots de passe et les codes d'accès. Il ne leur manquait que le numéro de téléphone, pour pouvoir faire leur arnaque", complète la femme. Dans leur cas, la fraude reposait d'abord sur le piratage d'un téléphone portable. Les escrocs appellent donc sur l'un des numéros du couple. "C'était un jeudi. Ils se sont fait passer pour des conseillers de chez Orange. Leur motif, c'était qu'en prévision du passage à la 5G, il fallait changer de carte SIM et passer à une carte eSIM (NDLR : une puce téléphonique virtuelle)", ajoute Francine.

Les escrocs ont donc scanné le contenu de la vraie carte SIM. Ils en font une copie, pour créer une fausse carte SIM, virtuelle, où sont reçus les codes pour se connecter aux comptes du couple. Dès lors, l'engrenage infernal commence. "Le vendredi, nous étions chez des amis. Au retour, on a reçu des confirmations qui nous indiquent que l'adresse mail a bien été modifiée. J'ai rencontré des difficultés pour accéder à notre compte joint, alors j'ai demandé que Francine le consulte. Quand elle a pu se connecter, elle a vu qu'il ne restait que 25 euros et deux intitulés de virement indiquant 'virement bourse'", détaille Jean-Michel.

Le couple signale ces anomalies à la banque, qui "reste muette", selon eux. Ce n'est qu'après plusieurs "mises en demeure, assignations d'huissier et appels à un avocat pour défendre le dossier", que la banque les rembourse enfin. "La somme virée en France est revenue le lundi suivant, celle partie en Espagne a mis 10 jours. Tout est revenu maintenant, mais il reste les frais engagés pour tout ça, plus de 3 000 euros avec les intérêts et le préjudice moral", déplore toujours Francine.

Beaucoup d'arnaques au nom de la Poste et de la Sécurité Sociale

Le faux virement n'est pas la seule arnaque possible. Il existe aussi des fraudes usurpant l'identité de services officiels, comme la Poste ou l'Assurance maladie. Deux services justement présents, puisque les escrocs recourent souvent à de faux mails ou SMS avec ces noms très connus des Français. "Nous sommes ici pour informer les personnes, puisque beaucoup d'escroqueries utilisent notre logo et notre image. C'est le cas des SMS pour indiquer une mise à jour de la carte Vitale ou encore des mails qui vous disent que l'on vous doit de l'argent", expliquent Amanda Rodrigues et Fanny Poncet, conseillères à l'Assurance maladie. Pourtant, la Sécurité Sociale n'envoie jamais ce genre de mails.

"Il n'y a jamais d'informations dans les mails envoyés. Le seul message à l'intérieur de nos mails, et qui permet de voir qu'il s'agit d'un vrai, c'est 'Vous avez un message important qui vous attend sur votre compte Ameli'. Histoire d'inciter l'utilisateur à se connecter de lui-même sur son compte", rappelle Amanda Rodrigues. Les conseillères appellent aussi à la prudence sur un autre point :

Pour sécuriser l'appel, l'Assurance maladie peut demander le numéro de série de la carte Vitale ou les derniers numéros du compte bancaire.

Fanny Poncet

Conseillère à l'Assurance maladie

Attention donc à être bien attentif aux demandes : "En revanche, on ne réclame pas le numéro de Sécurité sociale, encore moins de relevé de compte bancaire ou de mot de passe du compte Ameli." Des astuces qui peuvent encore être rappelées, au cours d'ateliers numériques de l'Assurance maladie. Il s'agit de rendez-vous individuels qui peuvent être pris dans les agences d'Épernay, mais aussi de Reims, Châlons-en-Champagne ou encore Vitry-le-François.

Un peu plus loin, sur le stand de la Poste, Audrey Benezech, reçoit d'autres personnes qui l'écoutent avec attention. La conseillère territoriale de ce service public, dans la Marne, déplore beaucoup d'escroqueries "aux faux colis", mais aussi côté bancaire. "Un faux conseiller vous rappelle. Il demande d'abord des coordonnées qui peuvent sembler basiques, avant d'en venir au mot de passe, au numéro de carte bleue et de Sécurité Sociale", décrit-elle. Ici encore, prudence : la Poste ne demande pas ces informations, bien au contraire. Elle a mis en place son propre dispositif, appelé "Identité numérique". "C'est un numéro unique qui permet par exemple de se connecter à des sites officiels comme Ameli, les impôts ou encore à son compte formation (CPF)", termine Audrey Benezech.

Douze stands avec autant de services et d'associations intervenantes, pour un forum mis en place depuis 2022. Pour Benoit Colson, le bilan est positif. "Sur cette deuxième édition, le public est, bien sûr, là pour trouver des réponses à leurs questions, mais aussi pour bien maîtriser l'outil informatique. Ne pas se faire avoir, ça passe par la maîtrise de l'outil informatique. C'est ce qui explique donc la présence de l'écrivain public numérique ou des médiateurs. Ne serait-ce que pour aider les seniors en ce qui concerne les démarches administratives. Faire ses impôts maintenant, par exemple, cela se fait en grande partie sur internet", ajoute le responsable du pôle animation senior du Centre communal d'action sociale.