Une enseignante du lycée Stéphane-Hessel d'Épernay, dans la Marne, a reçu une lettre de menaces à son domicile. Elle a déposé plainte mercredi 1er mars. Le parquet a ouvert une enquête.
Une enseignante du lycée Stéphane-Hessel à Épernay dans la Marne a reçu le 28 février une lettre de menaces à son domicile. Le contenu du courrier n'a pas été dévoilé. Mais la menace a été jugée suffisamment sérieuse pour faire réagir les collègues de l'enseignante.
"C'est une lettre insultante, avec des menaces assez précises", explique Laurence Dalbaret, professeure de lettres et d'anglais et représentante du personnel CGT. L'enseignante visée par les menaces "est très choquée. Elle est en arrêt. Et bien sûr, on s'inquiète pour elle", ajoute-t-elle.
Les enseignants de l'établissement se sont rassemblés dans la matinée ce jeudi 2 mars pour évoquer ces faits. L'assassinat de Samuel Paty, en octobre 2020, près du collège où il enseignait dans les Yvelines, est bien sûr dans tous les esprits. La mort il y a quelques jours d'une professeure d'espagnol dans les Pyrénées-Atlantiques a aussi marqué la communauté éducative.
Une délégation a été reçue par la direction de l'établissement. Certains ont décidé de ne pas reprendre leurs cours dans l'immédiat. "On n'a pas les moyens de travailler convenablement parce qu'on n'est pas assez nombreux. On manque de personnel", regrette la représentante du personnel.
Une enquête ouverte
L'affaire, révélée par nos confrères de l'Union, a également mobilisé le rectorat de l'académie de Reims. "Nous apportons tout notre soutien à l’enseignante concernée et sommes fermement à ses côtés", indique le rectorat qui dit prendre "très au sérieux toute menace exercée à l’encontre des enseignants". Des cadres de l'académie se sont rendus dans l'établissement mercredi 1er mars pour rencontrer la professeure. Le lendemain, un inspecteur vie scolaire a échangé avec l'équipe enseignante à la mi-journée.
Une plainte a été déposée mercredi 1er mars. Le parquet de Châlons-en-Champagne a ouvert dans la foulée une enquête de flagrance pour des faits de "menaces de crimes ou de délits sur une personne chargée d'une mission de service public", comme nous le confirme la procureure de la République Ombeline Mahuzier.
"Ça a été pris très au sérieux, à la fois par les services de la police et bien évidemment par le parquet, qui met tout en œuvre pour identifier le ou les auteurs", ajoute la procureure. L'enquête de flagrance a été confiée au commissariat de police d'Épernay. L'auteur du courrier encourt une peine de trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende.
L'enseignante visée par les menaces a par ailleurs fait une demande de protection fonctionnelle auprès de son employeur. Ce dispositif permet notamment de lui apporter une assistance juridique. Une enquête est en cours.
Le président du conseil régional réagit
En fin de matinée, ce jeudi 2 mars, le président du conseil régional du Grand Est et ancien maire d'Épernay, Franck Leroy, a publié un communiqué. "Je condamne fermement les menaces portées à l'encontre de cette professeure", indique-t-il.
Aucune raison, aucune motivation ne peuvent justifier un tel acte vis-à-vis d'un enseignant, qui, avec passion et engagement, exerce son métier, celui d'instruire et de transmettre des connaissances et des valeurs à ses élèves.
Franck Leroy, président du conseil régional
Le groupe Rassemblement national au conseil régional s'est également exprimé par le biais d'un communiqué. "Face à l’ensauvagement généralisé, nous devons réagir en renforçant la sécurité aux abords comme dans nos lycées et la Région doit y prendre une part plus active", indique le président du groupe Laurent Jacobelli, qui appelle à la mise en place d'une "brigade de sécurité des lycées".