Le conseil municipal d'Épernay a acté lundi 16 décembre 2024 la fin du ballon captif qui volait depuis 2018 dans le centre-ville. "Dans un contexte où la ville recherche des économies, il n'est pas possible de poursuivre le soutien à cette activité déficitaire", a expliqué la maire.
C'est une aventure de six ans qui prend fin à Épernay, dans la Marne. Le ballon captif qui volait au-dessus du centre-ville ne décollera plus. Le conseil municipal de la ville a acté lundi 16 décembre 2024 la résiliation de la délégation de service public mise en place avec la société qui exploitait le ballon. Une décision qui se concrétisera par un arrêt de l'exploitation du ballon dès le début d'année 2025.
"Dans un contexte où la ville recherche des économies, il n'est pas possible de poursuivre le soutien à cette activité déficitaire", a indiqué la maire divers droite Christine Mazy, lors du conseil municipal.
Car la ville versait chaque année de l'argent pour compenser les pertes de la société publique locale (SPL) chargée de l'exploitation du ballon. "Ceux-ci devaient être provisoires et diminuer avec le temps au fur et à mesure de l'exploitation, a rappelé l'élue. Ce n'est pas le cas puisqu'au regard de la fréquentation constatée, la SPL a été en situation de déficit en 2022. Malgré une hausse de ses produits d'exploitation et une amélioration de son résultat net, elle est demeurée déficitaire en 2023. Elle le sera sans aucun doute en 2024."
Pas suffisamment de passagers
L'attraction n'a pas accueilli suffisamment de passagers pour atteindre la rentabilité. "À la fin du premier semestre 2024, le ballon avait accueilli 88 104 passagers depuis son ouverture à l'été 2018, soit en six ans d'exploitation. Pour approcher l'équilibre, il en aurait fallu près de 150 000", a précisé la maire.
Épernay avait tenté des choses pour dynamiser l'exploitation. Par exemple, en 2020, un concert électro avait été organisé à cent mètres du sol, depuis le ballon. Un événement filmé par des drones et retransmis sur le web (toujours visible sur la chaîne YouTube de la ville). Mais le Covid a largement fait chuter le nombre d'entrées en 2020 et 2021. L'affluence espérée n'a pas non plus été atteinte les années suivantes. Si bien que le déficit de la société publique locale était de 63 428 euros en 2022, 24 230 euros en 2023.
Selon l'élue, ce n'est pas le manque d'intérêt du public qui est en cause. "La demande n'a jamais faibli", a-t-elle assuré. Elle pointe une "disponibilité insuffisante de l'équipement du fait des conditions climatiques." Il faut dire qu'en 2023, le ballon n'a pu voler qu'un tiers du temps. En 2022, c'était le cas 40 % du temps.
Un "naufrage" prévisible, pour l'opposition
Alors que la délégation de service public devait durer jusqu'en 2032, l'arrêt de l'exploitation devrait permettre à la ville de "faire une économie estimée à 1,7 million d'euros", selon la maire. Une indemnité de résiliation devra tout de même être versée.
Son montant maximal a été fixé à 1,185 million d'euros. Un montant "largement évalué", selon la maire. "Il devrait être finalement inférieur du fait du remboursement par la SPL de ses échéances de dette". La revente du ballon pourrait également permettre de récupérer autour de 150 000 euros.
C'est un véritable crève-cœur que les conditions climatiques n'aient pas permis le vol plus régulier d'un ballon qui est devenu un objet familier et symbolique pour Épernay.
Christine Mazy, maire divers droite d'Épernay
L'opposition municipale, à gauche comme à l'extrême droite, n'avait pas manqué de rappeler son scepticisme lors de la mise en place en 2020 d'une société publique locale pour l'exploitation de cette attraction touristique. "Vous n'étiez pas encore maire, mais vous auriez dû voir venir ce naufrage", a ainsi indiqué Cindy Demange, conseillère municipale Rassemblement national à Christine Mazy, première adjointe de Franck Leroy (aujourd'hui président du conseil régional du Grand Est) quand la décision a été prise.
"Il faudra tirer les leçons de la délégation de service public et ses limites et ne plus embarquer des millions d'euros durement gagnés par les contribuables sparnaciens et dilapidés dans une attraction touristique qui n'aurait jamais dû être financée à la base par de l'argent public", a-t-elle ajouté.
Christine Mazy a insisté sur l'attractivité touristique apportée par le ballon, mais a reconnu que cette activité restait "accessoire par rapport aux missions de la collectivité". Elle a dit avoir fait "preuve de pragmatisme" et de "responsabilité" en actant la fin de l'aventure.
La question de l'accompagnement des salariés du ballon se pose. "Nous allons examiner avec eux la façon de les accompagner au mieux dans la poursuite de leurs parcours professionnels", a assuré la maire.
Si l'implication financière de la ville d'Épernay dans l'exploitation du ballon avait par le passé divisé le conseil municipal, sa fin aura été plus consensuelle. La décision a été adoptée à l'unanimité par l'assemblée sparnacienne.