Alors que la polémique enfle autour de Muhammad Kounta, l'athlète français se défend. Le spécialiste du relais 4x400m est accusé de propos racistes et anti-français, notamment sur le réseau social X.
Muhammad Kounta a réactivé son compte X ce mercredi 14 août au matin après l'avoir désactivé la veille. "J'avais désactivé mon compte parce que je recevais trop de haine, pas parce que j'avais quelque chose à me reprocher" a-t-il expliqué à France 3 Champagne-Ardenne.
Dans un post publié vers 11h du matin, il se justifie: "Je m’excuse sincèrement si des personnes ce sont senties offensées. Je suis contre les génocides et toute forme de racisme ou d’injustice, et je pense ne pas avoir besoin de prouver à quel point j’aime mon pays. Les personnes présentes au Stade de France pourront en témoigner."
JE SUIS FRANÇAIS, MUSULMAN ET FIER
— Muhammad Abdallah Kounta (@misryyy) August 14, 2024
Des personnes se sont amusées à fouiller dans mes tweets et à sortir certains de mes propos de leur contexte, en me créant une réputation d’anti-blanc, d’anti-France, d’antisémite, et j’en passe. pic.twitter.com/Ieq96ecc5t
La polémique a débuté ce mardi 13 août, après la publication par le compte X SwordOf Salomon de plusieurs posts de l'athlète français de 2021 à 2024, incitant selon eux à "la haine d'Israël" et "banalisant la shoah".
🚨🎽 SIGNALEMENT: Muhammad Abdallah Kounta (@misryyy), athlète de l’Équipe de France 🇫🇷 @FFAthletisme aux #JOParis2024, a fait l’apologie des terroristes du Hamas dès le 7/10, a incité à la haine d’Israel, a banalisé la Shoah et a cité une sourate du Coran considérant les Juifs… pic.twitter.com/ESUebdSS6D
— SwordOfSalomon (@SwordOfSalomon) August 13, 2024
Rapidement, la toile s'est enflammée à ce sujet. Patrick Karam, vice-président du conseil régional d'Ile-de-France dénonce des "propos inacceptables" qui "méritent les sanctions les plus lourdes". Même réaction de la part de la députée macroniste Anne Genetet: "Toute personne tenant de tels propos devrait être lourdement sanctionnée" a-t-elle posté.
Muhammad Kounta suspendu?
Une sanction effective selon la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, qui a affirmé à la mi-journée que la Fédération Française d'Athlétisme avait suspendu l'athlète.
De son côté, la FFA, que nous avons contactée, ne confirme pas cette information mais nous répond qu'elle "condamne le fait que des athlètes prennent la fête Olympique comme une opportunité d'exposition de leurs idées personnelles, dont certaines constituent un délit. C'est pourquoi le Président de la Fédération a systématiquement saisi les instances compétentes, afin de faire la lumière sur l'ensemble de ces faits, et continuera de le faire à l'avenir".
Merci @SwordOfSalomon et @karampatrick pour votre vigilance face aux propos aussi choquants qu’inadmissibles de M.A. Kounta.
— Amélie Oudéa-Castéra (@AOC1978) August 14, 2024
Le Président de la @FFAthletisme m’a confirmé avoir suspendu l’athlète, saisi le Procureur de la République ainsi que la Commission de discipline de la… https://t.co/eCEqMADFBZ
Contacté par la rédaction de France 3 Champagne-Ardenne, Muhammad Kounta explique que ces tweets "ont été sortis de leur contexte par des personnes mal intentionnées". "Tous mes propos ont été déformés" assure-t-il. "Je suis Français, musulman et fier de l'être. Évidemment que je ne suis pas raciste ni anti-Français". Il pointe du doigt les méthodes du groupe Sword of Salomon.
Selons nos confrères du Monde, ce groupe, dont les membres sont anonymes, serait constitué d'activistes numériques pro-israéliens. Il aurait été visé par des plaintes pour incitation au harcèlement.
"Muhammad a refusé de courir pour le Sénégal et l'Égypte car il aime la France"
Hatim Seffar, entraîneur rémois de Muhammad Kounta
L'entraîneur rémois de Muhammad Kounta à l'EFSRA (le club d'athlétisme de Reims dont Kounta est licencié) prend sa défense. "Muhammad est de père sénégalais et de mère égyptienne. Le Sénégal comme l'Égypte lui ont demandé de courir pour eux. Il a refusé car il tenait à courir pour la France" assure Hatim Seffar. "Pour moi, il aime vraiment la France, on a pu le voir au Stade de France, il était fier de la représenter". Pour lui, ces posts constituent probablement une maladresse. "Dans notre groupe, il y avait des personnes de toutes les religions et de toutes convictions, Muhammad n'a jamais posé problème".
La direction du club, de son côté, préfère ne pas prendre position: "Les valeurs du club sont l'inclusion, le sport pour tout le monde. Pour nous, les idées politiques ou religieuses doivent rester en dehors".
Contacté par France 3 Champagne-Ardenne, le maire de Reims, Arnaud Robinet, n'a pas souhaité réagir.