Une semaine après la fin des élections législatives en France, les associations de Bourgogne-Franche-Comté déplorent une hausse des appels pour signaler des actes racistes. Témoignages de ces organismes qui luttent contre le racisme.
Depuis près d'un an, les actes racistes explosent en France. Un fait qui pourrait avoir été exacerbé par les élections législatives, qui se sont achevées le 7 juillet dernier.
Selon le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), les faits de racisme ont augmenté de 32 % en 2023. Un chiffre confirmé par ce rapport de la Commission nationale consultative des Droits de l'Homme (CNCDH), publié le 27 juin 2024.
En Bourgogne-Franche-Comté, les associations de lutte contre le racisme confirment la tendance.
"Un appel par semaine"
Alain David, vice-président de la Licra Dijon (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), sait que le sujet nécessite de prendre des gants.
"On n'a pas de chiffres précis, ce que je peux dire résulte seulement de mon impression", introduit-il prudemment. "En ce moment, on est à un appel par semaine, on ne peut pas parler de hausse à ce stade. Par contre ce que je peux vous dire, c'est qu'on voit des situations qu'on ne voyait pas du tout avant. Il y a quelques années, ça n'existait pas pour nous. Il y a peu de temps, on a eu un appel pour une jeune femme qui s'est fait agresser dans sa voiture. La raison ? Elle ne démarrait pas assez vite aux yeux du monsieur de derrière et ça a basculé dans les insultes racistes. Ce n'était pas un jeune, c'était un monsieur d'une cinquantaine d'années."
La violence "augmente" pour le membre du bureau national de l'organisme de lutte contre le racisme : "Dans le monde du travail notamment, on a eu pas mal d'alertes. C'est un cadre plus restreint qui n'apparaît pas toujours comme public, donc certains se permettent plus de choses." En revanche pour lui, difficile d'imputer cette montée de la haine à un évènement précis. "C'est sûr que les élections ont pu accentuer le phénomène, mais je ne peux pas l'affirmer. On voit bien qu'il y a un ressentiment général et ce depuis plusieurs années déjà. Mais je pense simplement que récemment, les gens qui se taisaient jusque-là ont pris confiance et osent dire leurs horreurs."
Plus de "courage" ?
Marie-Françoise Lehmann est membre de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) à Belfort. C’est elle qui décroche le combiné pour recueillir les témoignages, orienter et soutenir les victimes. "Plus d’appels pour des faits de racisme ? Oui bien sûr, c'est ce que je pense. Je ne peux que donner mon impression, nous ne sommes pas un organisme mesureur, mais on le voit bien, ce n’était pas comme ça avant. Pour tout dire, avant on n’en avait pas du tout, c'était rarissime. Forcément ça nous inquiète, mais c'est pour ça que notre organisme a été fondé, pour aider les gens et lutter contre les discriminations."
Malgré le contexte très négatif, on est satisfait de voir que les gens trouvent le courage de nous appeler
Marie-Françoise Lehmannmembre de la LDH de Belfort
Dans l'Yonne, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP 89) ne reçoit pas encore d'appels. "On est un bureau très récent, les gens ne savent pas encore qu'on existe et surtout qu'on peut les écouter", explique Agnès Cluzel, la responsable départementale. "Dans l'Yonne, on a trop longtemps eu un manque d'interlocuteurs pour recueillir les témoignages des gens discriminés."
Le MRAP 89 a récemment porté plainte avec deux autres associations contre Daniel Grenon, député de la 1ère circonscription de l'Yonne, qui a tenu des propos racistes lors d'un entretien avec l'Yonne Républicaine.
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Pour sa responsable, pas de doute, les élections législatives ont accentué les actes racistes : "À Avallon par exemple, il y a eu des tags avec des symboles nazis sur des affiches d'un candidat du Nouveau Front Populaire. C'était accompagné du terme "Squad" qui est un jeu vidéo de tir et d'un tag "32% RN". On voit bien qu'il y a des rapports tendus et que ça a été encore plus fort pendant les élections."