Tandis que le premier tour des élections législatives a eu lieu dimanche 30 juin, plusieurs électeurs de Sézanne, 5e circonscription de la Marne, expliquent qu’il leur a été demandé, pour voter, de présenter leur carte électorale et/ou une attestation d'inscription électorale, pourtant pas obligatoire. Le maire de la ville s'explique.
C’est un point qui, semble-t-il, peut semer le doute : faut-il obligatoirement se munir de sa carte électorale pour pouvoir voter ? La réponse est non ! Nulle obligation de la présenter, comme évoqué dans notre article récapitulatif sur l’organisation des élections législatives en amont du premier tour dimanche 30 juin. La seule chose à avoir sur soi est une pièce d’identité, qui peut aller de la carte classique à la carte Vitale avec photo, en passant par la carte d’invalidité.
Mais manifestement, le dispositif mis en place par Sézanne, dans la Marne, est quelque peu différent. C'est ce que nous a expliqué le maire Sacha Hewak, qui a installé un secrétariat à proximité du bureau de vote pour "fluidifier le parcours" et afin de vérifier la détention de la carte d'identité et de la carte d'électeur, sans quoi il est demandé "d'aller au bureau centralisateur, qui vérifie l'attestation d'inscription sur les listes électorales".
Pour fluidifier le parcours, nous demandons à l’électeur sa carte d’identité et sa carte électeur, à l’entrée de son bureau. S’il ne l’a pas, nous lui demandons d’aller au bureau centralisateur qui vérifie l’attestation d’inscription sur les listes électorales.
Sacha Hewak, maire de Sézanne
Un bureau centralisateur situé 30 mètres du bureau de vote, où les attestations d’inscription sont téléchargées puis imprimées sur place. Les électeurs peuvent ensuite retourner au bureau qui leur est affilié pour voter.
"Rien n’empêche de voter"
Il s’agit d’un système qui se veut simplificateur puisqu’il permet à l’assesseur d’avoir directement le numéro de l’électeur. “Ce protocole est mis en place depuis 10 ans et nous n’avons jamais eu un seul souci”, ajoute l’édile depuis 2016, qui assure qu’en cas de refus de présentation d’attestation, “rien n’empêche de voter”.
Un discours contraire à celui tenu par deux électeurs sézannais et par le conseiller municipal d’opposition, Vincent Léglantier, qui a réagi sur X, anciennement Twitter.
À Sézanne (51), même en présentant une pièce d’identité valide, la mairie rend quand même les cartes électorales et/ou les attestations d’inscriptions obligatoires pour pouvoir rentrer dans les bureaux de vote et voter malgré leur caractère facultatif ! @Conseil_constit @Prefet51 pic.twitter.com/Y75RyVRFWA
— Vincent Léglantier (@VinLeglantier) July 1, 2024
Tous trois assurent ne pas avoir eu le choix : “Ils me demandaient ma carte d’identité et mon attestation, j’ai été obligé de la faire imprimer”, explique Jordan Habert, transporteur routier. Un salarié de la sucrerie de Connantre abonde : “J’ai bien vu qu’ils étaient bornés et que je ne pourrais pas voter si je ne passais pas par la case secrétariat”.
Le conseiller d'opposition Vincent Léglantier déplore cette situation : "Le problème, c'est que les électeurs se disent que si la mairie affirme qu’il faut la carte ou une attestation, c’est que c’est vrai. Je connais des personnes qui n’ont pas été voter car on leur a interdit l’accès physique et qu’ils n’avaient pas envie de faire la queue pour un papier qui n’est pas nécessaire. C’est gravissime."
Électeurs découragés ?
Le viticulteur pointe du doigt le faible écart de voix - 43 sur 3 000 votants, entre les deux candidats de la 5e circonscription de la Marne, Thierry Besson (RN) et Charles De Courson (Divers centre). Il indique avoir alerté les services municipaux par un mail qui nous a été transmis, ainsi que le service électoral de la préfecture de la Marne, par téléphone.
Contactée par nos soins, cette dernière confirme et rappelle que “le défaut de détention de la carte électorale ne fait pas obstacle à l'exercice du droit de vote si l'électeur est inscrit sur la liste électorale ou est porteur d'une décision judiciaire d'inscription et justifie de son identité". En cas de non-respect, il est préconisé d’effectuer un recours auprès du Conseil constitutionnel.
Le maire de Sézanne se défend quant à lui de toute organisation illégale : “Dire que les gens n’ont pas pu voter est faux. J’y étais de 8h à 18h et il n’y a pas eu de souci”, avance-t-il en dénonçant la volonté de “buzz” de la part Vincent Léglantier, dans une énième passe d’armes entre les deux élus.