Marne : la crise énergétique les pousse à renoncer aux illuminations de Noël

Allons-nous passer un Noël dans le noir ? Dans la Marne, la crise énergétique pousse certains passionnés à renoncer aux traditionnelles illuminations, par économie ou par solidarité. Dans les magasins spécialisés dans les décorations de Noël, cette frilosité se fait ressentir sur les ventes.

A cette période de l'année, le jardin de Jérémie Royer, habitant des Mesneux, près de Reims, brille de mille feux. Ses illuminations de Noël ont même fait de lui la star de ce village marnais.

Cette fois, seules quelques fleurs vermeille donnent des touches de couleur dans ce jardin bien vide. Aucune guirlande, aucun bonhomme de neige lumineux, aucun ours gonflable et aucun sapin. "Les gens vont peut être ne pas avoir de chauffage cette année, je me vois mal installer des guirlandes", résume laconiquement Jérémie.

Cette année, les centaines de décorations et de personnages lumineux de Jérémie dorment dans son garage. "Toi, c'est dommage, mais tu vas devoir rester bien au chaud ici", sourit-il en revêtant un casse-noisette d'un grand plastique, avant de l'entreposer dans un coin, aux côtés d'un Père Noël et de grandes étoiles filantes désespérément éteintes. C'est la première fois en 25 ans qu'il renonce à décorer son jardin. Un crève-cœur. 

Un geste de solidarité 

La sobriété énergétique est bien la seule responsable de ce renoncement. Les prix sont montés en flèche : selon le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, le prix de l'électricité pour les ménages a augmenté de 7% entre le 1er semestre 2021 et le 1er semestre 2022. Il continue de grimper, dans ce contexte de crise de l'énergie, bien que le gouvernement promette une hausse limitée à 15% avec le bouclier tarifaire.

Ce graphique, élaboré par le Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, atteste de l'augmentation du prix de l'électricité pour les ménages depuis 2019.

Jérémie, lui, n'a pas forcément peur de ces prix. Sa facture d'électricité comptait déjà trois chiffres lors des précédents Noël et il n'hésitait pas à faire des sacrifices pour financer ses décorations. "De toute façon, je n'aime pas partir en vacances", plaisante-t-il. Ce passionné agit davantage par solidarité, alors que le gouvernement demande aux citoyens de faire des efforts et qu'il n'y aura peut-être pas assez d'électricité pour tout le monde. Jérémie décorera toutefois l'intérieur de sa maison, "parce qu'il faut bien continuer à faire rêver les gamins".

Des ventes en baisse

Jérémie Royer n'est pas le seul à renoncer aux illuminations de Noël et les professionnels le ressentent bien. La jardinerie Floralie's Garden à Bétheny, près de Reims, est une des références pour l'achat des guirlandes dans le département. Selon son directeur, Samuel Bouvier, les ventes sont pourtant en baisse de 15% cette année. "On entend beaucoup dans les médias qu'il faut faire des économies d'énergie, explique t-il, et les gens sont sensibles à cela". 

Une réserve qui se vérifie dans les rayons, auprès de certains clients. "Nous faisions déjà attention habituellement, nous confie l'un d'entre eux, mais cette année ce sera encore plus. On ne va pas laisser le sapin allumé toute la journée, pour commencer. C'est la magie de Noël, mais il faut faire attention."

Pour la première fois, de petites pancartes ont donc fleuri un peu partout dans le rayon des guirlandes de Noël. "Laisser un sapin allumé pendant huit heures consomme autant d'énergie que de se faire une tasse de café", peut-on lire. "On a tenu à informer les clients cette année, pour les rassurer", relate Samuel Bouvier, directeur de la jardinerie Floralie's Garden de Bétheny.

Une faible consommation due aux LED. Toutes les guirlandes du magasin fonctionnent grâce à ces diodes électroluminescentes qui réduisent la consommation d'énergie de 88%.

Des illuminations dans les villes ?

Les LED sont privilégiées par une majorité des villes marnaises. La municipalité de Châlons-en-Champagne a par exemple investi 190.000 euros en 2013 pour changer toutes ses illuminations. 

Comme les particuliers, la ville fait toutefois des efforts cette année. Les rues seront illuminées à partir du 1er décembre, soit une semaine de moins. De quoi réaliser plus de 700 euros d'économies pour la ville. D'autres communes choisissent de réduire le nombre de guirlandes, comme Montmirail, qui n'illuminera que son centre-ville. La magie de Noël, certes, mais à moindre coût.