"On paie une licence mais impossible de jouer, nos gamins sont punis" : vives tensions entre le club de foot et la mairie au sujet des terrains

Accès interdit aux terrains de foot, annulation d’un tournoi, promesse non tenue d’un gazon synthétique… Depuis plusieurs mois, le club de football de Sézanne, dans la Marne, accuse le coup face aux décisions de la municipalité. Les membres du club de foot n'en peuvent plus, une réunion s'est tenue.

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Voilà cinq mois que les terrains du complexe sportif de la Fontaine du Vé, à Sézanne (Marne), sont inaccessibles car impraticables et en mauvais état. Plus précisément, cinq des six terrains en pelouse naturelle sont totalement ou partiellement fermés par la municipalité. Le terrain d’Honneur, seul ouvert, est lui à utilisation très réglementée.

Face à cette situation, une mobilisation a rassemblé 200 personnes hier soir, mardi 26 mars, avant une réunion de deux heures qui s'est tenue entre six encadrants du club et la municipalité. L’occasion “de faire le point, renouer le contact et trouver des solutions”, espérait Loïc Malandain, responsable des U16, en amont de l’échange.

Au lendemain, son retour est positif, avec la sensation d'avoir été écouté sur les sujets de discorde. Bilan : une étude en concertation avec le club va avoir lieu pour travailler sur l'ouverture d'un terrain dédié à l'entraînement.

Des précipitations trop importantes

Ces derniers mois, la quotidien du Sporting Club Sezannais (SCS) a été fortement perturbé : matchs organisés en extérieur à plusieurs kilomètres de la ville marnaise, fréquence d’entraînement réduite pour tous les niveaux  - quelques fois par mois au lieu de deux fois par semaine, pratique sur divers lieux non dédiés...

Même frustration du côté des 370 licenciés à la pratique sportive chamboulée, comme le rapporte Loïc Malandain : “Les parents veulent des réponses, ils nous disent : ‘On paie une licence mais impossible de jouer’”. 

Pour le maire sans étiquette Sacha Hewak, la pluviométrie, plus importante que les années passées, est à l'origine de la mauvaise qualité des terrains : "Lorsqu'ils sont gorgé d'eau, la tondeuse d'une tonne s'enfonce. Il n'y a pas de recette miracle." 

Il rappelle toutefois que 250 000 euros sont dédiés à l'entretien du complexe chaque année et réitère l'intérêt de la ville "de pouvoir faire vivre le monde associatif". 

Tournoi annulé

Autre point sensible : l’annulation par la municipalité du tournoi prévu samedi 30 mars, annoncée 12 jours avant l’événement et par téléphone, après une commission à laquelle le club n’avait pas été convié. Une immense déception pour les 800 enfants, 80 équipes, 110 bénévoles et 2 000 personnes qui devaient être présents à cet événement prévu depuis six mois. “C’est six mois de perdu. On punit les gamins et c’est dommage”, réagit Loïc Malandain.

Avec 11 départements représentés au tournoi, certains avaient prévu de faire plusieurs heures de route et avaient réservé des logements. “Pour des petits clubs, c’était le tournoi de l’année”, ajoute Loïc Malandain.

D’autant que l’annulation représente un manque à gagner de 8 000 euros pour l’école de foot, mais également une “image dégradée” de la ville. En compensation, la municipalité a proposé d'accueillir la journée nationale des débutants, fin mai.

Quid du gazon synthétique ?

Surtout, le maire avait fait la promesse lors de son premier mandat en 2016, puis lors du deuxième en 2020, mais c’est désormais un non catégorique. En cause, la présence de micro plastique et la nouvelle législation européenne. 

Ça fait longtemps que l’on demande un terrain synthétique. Ce serait même bénéfique pour la municipalité, qui serait moins embêtée par l’entretien, et ça changerait toute la vie du club.

Loïc Malandain, club SCS

En septembre 2023, la Commission a annoncé l'interdiction des gazons synthétiques à base de billes de plastiques à compter de 2031. “Sauf qu’aujourd’hui il y a d’autres possibilités, par exemple le faire en liège ou en d’autres matériels”, déplore Vincent Léglantier, élu d’opposition divers droite. Lors de la réunion, le manque de financement a été avancé pour expliquer le manque d'avancée. 

Des sujets de discorde symptomatiques d’une “relation rompue depuis très longtemps”, selon les mots de Loïc Malandain, qui explique que les tentatives de dialogue avec le maire étaient jusqu'alors restées lettres mortes, par manque de temps de la part de l’élu, ce que ce dernier réfute. 

L'opposition est également montée au créneau. L’élu Vincent Léglantier pointe du doigt une “incapacité à dialoguer” et à “assumer ses décisions”. Et ce au détriment du 5ème plus vieux club de football de France et 5ème plus gros club du département, avec un complexe sportif auparavant réputé être un des plus beaux de la Marne. 

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