Le Conseil d'Etat a désigné les trois experts chargés de se pencher sur l'état de santé de Vincent Lambert, en état végétatif chronique depuis cinq ans, dont la famille se déchire sur son maintien en vie, a-t-on appris mercredi auprès de la plus haute juridiction administrative.
Le Conseil d'Etat avait décidé le 14 février d'attendre les résultats de cette nouvelle expertise médicale avant de se prononcer, "avant l'été". Il avait été saisi par l'épouse du patient et son neveu, pour qu'il annule le jugement du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne du 16 janvier ayant décidé le maintien en vie, à la demande des parents de Vincent Lambert mais contre l'avis des médecins.
Les experts
Le président de la section du contentieux du Conseil d'Etat a désigné comme experts Marie-Germaine Bousser, professeur émérite des universités, chef de service honoraire à l'hôpital Lariboisière de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), Lionel Naccache, professeur des universités-praticien hospitalier, neurologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière de l'AP-HP, et Jacques Luauté, professeur des universités-praticien hospitalier, chef de service à l'hôpital Henry Gabrielle du centre hospitalier universitaire de Lyon.Ces trois spécialistes de neurosciences, qui ont prêté serment mercredi, ont deux mois pour rendre leur expertise. Ils devront décrire l'état clinique actuel de Vincent Lambert, se prononcer sur le caractère irréversible des lésions cérébrales dont il souffre et sur le pronostic clinique, mais aussi déterminer s'il est en mesure de communiquer, de quelque manière que ce soit, avec son entourage et apprécier l'existence éventuelle de signes manifestant une volonté d'interruption ou au contraire de prolongation du traitement qui le maintient en vie.
Après plusieurs mois de réflexion, le CHU de Reims, où est hospitalisé Vincent Lambert depuis son accident en 2008, avait décidé d'arrêter de l'alimenter et de l'hydrater artificiellement. Les parents de Vincent Lambert, catholiques traditionalistes, sont opposés à son euthanasie passive, persuadés qu'il est "présent" alors que les médecins décrivent un patient "atteint d'une maladie grave et incurable" et souffrant "de lésions cérébrales graves et irréversibles".
En attendant de se prononcer sur ce cas, le Conseil d'Etat a déjà jugé que la loi Leonetti de 2005, qui proscrit l'acharnement thérapeutique, "s'applique à des patients, qui comme M. Vincent Lambert, ne sont pas en fin de vie" et "que l'alimentation et l'hydratation artificielle constituent, au sens de cette loi, un traitement qui peut être interrompu en cas d'obstination".
Ecoutez Eric Kariger et Didier Sicard, interviewés par Pascale Clark ce jeudi 27 février dans l'émission "Comme on nous parle" sur France Inter.
(Eric Kariger est chef du pôle "autonomie et santé" du C.H.U. de Reims, chef du service de soins palliatifs dans lequel se trouve Vincent Lambert.)