Vincent Lambert : le retour dans les limbes judiciaires

Après la suspension de la procédure collégiale sur l'arrêt des soins de Vincent Lambert par des médecins à la recherche d'un illusoire consensus familial, le sort du patient en état végétatif irréversible devrait revenir une énième fois dans les mains de la justice.

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Prochaine étape de ce marathon judiciaire, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne devrait être saisi début août de la demande de transfert vers un autre établissement émise par les avocats des parents de Vincent Lambert, opposés à l'arrêt des traitements, à laquelle le CHU de Reims n'a pas donné suite, ce qui vaut refus.

La semaine dernière, contre toute attente, les médecins de Vincent Lambert avaient également refusé de se prononcer sur l'arrêt des soins de leur patient, victime de lésions cérébrales, jugées irréversibles par les experts, depuis un accident de la route en 2008. "Compte tenu des menaces et des pressions qui pèsent sur le personnel médical et sur Vincent, le docteur Daniela Simon (le médecin en charge du patient) nous a expliqué que la décision ne pouvait plus être médicale mais relevait maintenant du judiciaire", raconte le neveu de Vincent, François Lambert. La médecin aurait alors signifié son intention de saisir le procureur de la République "pour mettre Vincent sous protection globale et déterminer un référent qui pourrait le représenter légalement".
A ce jour, le parquet n'a reçu aucun courrier en ce sens, selon Hélène Morton, vice-procureur de Reims. "A partir du moment où le procureur est informé d'une situation qui met en avant la fragilité de quelqu'un dont les facultés mentales ou physiques sont amoindries, il peut saisir le juge des tutelles d'une mesure de protection" explique la magistrate. Ce juge, qui est un magistrat indépendant du siège, choisit après expertises de désigner un tuteur ou un curateur, précise-t-elle. "Si l'esprit de la loi est de favoriser la nomination d'un représentant dans la famille, dans ce contexte conflictuel les choses risquent de se compliquer", souligne la vice-procureur. "Les conditions d'un échange serein doivent absolument être rétablies dans l'intérêt de Vincent Lambert et de son accompagnement", avait pour sa part plaidé le CHU de Reims.

Autour du lit médicalisé de Vincent, deux camps irréductibles s'affrontent par tribunaux et médias interposés depuis le printemps 2013, date de la première décision médicale de stopper la nutrition et l'hydratation artificielles de l'ancien infirmier psychiatrique de 38 ans.

"La cruelle agonie de Vincent"

Son épouse Rachel et la plupart de ses frères et soeurs souhaitent "laisser partir" Vincent qui selon eux, était opposé à tout acharnement thérapeutique et n'aurait jamais voulu être maintenu artificiellement en vie. Mais ses parents, des catholiques proches des milieux intégristes, martèlent qu'il
n'est "pas en fin de vie" et multiplient les recours pour empêcher un arrêt des traitements, jusqu'à porter plainte contre le docteur Simon et son prédécesseur Eric Kariger pour "tentative d'assassinat et maltraitance". "Le Conseil d'Etat et la Cour européenne ont déjà tout dit sur l'état de Vincent
et l'obstination déraisonnable à vouloir le maintenir en vie. La nomination d'un tuteur, qui peut être contesté en justice, ne changera rien sauf à repartir dans d'interminables procédures", déplore François Lambert. "C'est une démission du CHU qui cède à une prise d'otage des intégristes et prolonge
encore la cruelle agonie de Vincent. La décision d'arrêt des soins est médicale et doit rester à la médecine", affirme Gérard Chemla, l'avocat d'Eric Kariger, l'ancien médecin de Vincent.

Alors que le CHU de Reims constate une situation clinique "comparable à celle rapportée par les experts mandatés par le Conseil d'Etat" en 2014, les parents de Vincent affirment, eux, que leur fils est en état de conscience minimale et non en état végétatif. "Nous avons présenté à des neurologues une vidéo qui montre Vincent en train d'avaler de l'eau et quelques aliments sans difficulté. Les signes qu'il manifeste à cette occasion témoignent d'une interaction avec son environnement", explique Jean Paillot, l'avocat des parents de Vincent qui réclament de nouvelles expertises.

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