A l'occasion des commémorations de la Grande Guerre, musées et mémoriaux de Champagne-Ardenne attirent de nombreux visiteurs. Un tourisme de mémoire qui a trouvé un nouveau souffle dans la région.
En ce week-end du 11-Novembre, le musée du Fort de la Pompelle à Puisieulx (Marne) ne désemplit pas. Les visiteurs sont venus nombreux, dès l'ouverture et souvent en famille. Camille, 9 ans, est accompagnée de ses parents et de son grand-oncle. La petite fille, originaire de Fréjus, se montre très intéressée par l'histoire de la Grande Guerre, notamment par les obus exposés. "On se dit qu'ils utilisaient ça durant la guerre… C'est impressionnant", note-t-elle. "Je ne me rends pas vraiment compte, car aujourd'hui on a des choses totalement différentes d'il y a 100 ans. Mais ça fait partie de l'Histoire, il faut en parler."
Transmission entre générations
Pour son grand-oncle, cette idée de transmission et ce devoir de mémoire entre générations sont primordiaux. "Ce sont des lieux qui font partie de notre histoire. La guerre est vraiment ancrée chez nous, Reims est une ville qui a été très touchée. C'est un patrimoine, certes pas très joyeux, mais c'est notre patrimoine quand même", explique-t-il.Comme eux, d'autres visiteurs font du tourisme mémoriel. Après les quatre années de commémorations du centenaire de la Première Guerre Mondiale, les sites de mémoire en Champagne-Ardenne ont connu un regain d'intérêt et cette branche du tourisme s'est développée. En 2018, le musée du Fort de la Pompelle a attiré plus de 30.000 visiteurs. Un "effet centenaire" qui continue à se faire ressentir dans la fréquentation. Car si les visiteurs en 2019 ont été un peu moins nombreux, les chiffres restent tout de même plus importants qu'avant le début des commémorations en 2014.
Des passeurs de mémoire
Et sur le reste du territoire, plusieurs associations font aussi figure de "passeurs de mémoire", à l'instar de Mémoires des Monts de Champagne. "C'est difficile de faire perdurer cette mémoire mais notre objectif est d'expliquer aux gens ce qu'il s'est passé ici, dans nos villages", observe Alain Grethen, chargé de communication pour l'association. "On organise régulièrement des promenades dans des cimetières militaires ou dans des villages disparus après la guerre.En tout, la Champagne-Ardenne compte près de 90 sites de mémoire. Et sur tout le territoire français, les lignes de front ont attiré, en 2018, plus d'1,5 million de visiteurs. Alors pour conserver un attrait touristique grâce à ces lieux de mémoire, plusieurs sites de la Grande guerre dans la région, mais également dans le Nord de la France et en Belgique, souhaitent être inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco. Leur dossier sera examiné en 2021.On veut transmettre cette mémoire, cette histoire commune.
- Alain Grethen, de l'association Mémoires des Monts de Champagne
Parmi ces lieux, se trouve aussi le Mémorial des batailles de la Marne, à Dormans, où jamais aucun président de la République ne s'est rendu. Emmanuel Macron y est attendu le jeudi 14 novembre 2019. Il s'agit de l'un des quatre monuments nationaux dédiés à la Grande Guerre. Le Mémorial a été créé en mémoire de la 1ère et de la 2 ème bataille de la Marne (septembre 1914 et juillet 1918). "Bâti entre 1921 et 1931 grâce à un comité dirigé par la duchesse d’Estissac (Comtesse de La Rochefoucauld), le Cardinal Luçon, archevêque de Reims, Monseigneur Tissier évêque de Châlons et le Maréchal Foch". C’est celui-ci qui a choisi cet endroit surplombant la vallée de la Marne et la ville de Dormans : « Il représentera le point synthétique des deux batailles de la Marne ».