Indémodables depuis 1996, les cartes Pokémon continuent d'attirer les joueurs de générations en générations. Des ligues officielles organisent même de nombreux événements pour rassembler les passionnés, à l'image de la Ligue Pokémon de la Marne et ses événements à Reims.
Certains jeux laissent des souvenirs d’enfance chers et inoubliables, d’autres sont tellement marquants qu’ils ne vous quittent jamais. Une chose est sûre : pour les passionnés des petits monstres japonais, les cartes Pokémon font partie de la deuxième catégorie. Damien Raimbeaux a 34 ans, et il est “Prof Pokémon”, créateur, juge et arbitre de la Ligue Pokémon de la Marne, qu’il a créé en 2016.
Ce mardi, vêtu d’une tenue d’arbitre décorée de la mythique Pokéball (balle qui sert à capturer les Pokémon dans le dessin animé ou le jeu vidéo), il supervise une session d’initiation au jeu de cartes ouverte à tous. Dans la salle principale de La petite malle, boutique de jeux située à Reims, les passionnés, débutants et joueurs intermédiaires se rassemblent autour de plateaux de jeux. Pour gagner, trois options : ils devront éliminer tous les Pokémon adverses, récupérer toutes leurs cartes récompenses à raison d'une par élimination, ou bien mettre leur adversaire en incapacité de piocher en début de tour.
Un endroit pour néophytes et compétiteurs
“J’ai toujours beaucoup aimé les cartes Pokémon, mais je trouvais dommage qu’énormément de gens les collectionnent sans y jouer vraiment. En me renseignant, j’ai appris que Pokémon pouvait fournir la structure adéquate. J’ai donc fait les démarches pour créer une scène locale où tout le monde peut apprendre à jouer, ou jouer dans un cadre plus compétitif”, raconte le créateur de cette ligue.
Et depuis 2016, c’est une affaire qui marche : “On a environ 30 joueurs réguliers. Depuis la création de la ligue, on a vu passer entre 250 et 300 joueurs différents, et on a une dizaine de joueurs compétitifs, qui se déplacent dans d’autres ligues en France, voire dans le monde.”
On est une structure reconnue par Pokémon. On le sait assez peu, mais il y a des ligues officielles à travers le monde entier.
Damien RaimbeauxProf Pokémon et créateur de la Ligue Pokémon de la Marne
Une table à côté, Gauthier, un habitué de la Ligue vêtu d’un t-shirt Marvel et d’une casquette Batman, revient d’ailleurs d’un tournoi à Barcelone, qui ne s’est malheureusement pas passé pour le mieux. “Disons que je ne suis pas revenu sans points”, se console-t-il ironiquement. C’est déjà ça : engranger des points sur le circuit compétitif permet de se qualifier pour les compétitions prestigieuses telles que le championnat du monde.
Il faut dire que tout ce circuit est officiel. “On est une structure reconnue par Pokémon. On le sait assez peu, mais il y a des ligues officielles à travers le monde entier. Des bénévoles peuvent passer un test sur internet pour devenir Prof Pokémon, et une fois ce titre obtenu, ils peuvent monter une ligue. Nos compétitions attirent beaucoup de joueurs français, puisqu’ils peuvent gagner des points ici, qui leur seront nécessaires pour participer à de plus gros tournois”, précise Damien Raimbeaux.
Des moments de partage
Ces joueurs compétitifs restent néanmoins minoritaires au sein de la ligue. À La petite malle, nombreux sont les joueurs qui jouent seulement pour le loisir. Estéban, joueur novice aux longs cheveux bouclés et au sourire constant, découvre les règles du jeu pour la première fois. “Edgar et Honorine, qui sont aussi là, sont mes meilleurs amis de l’université. Je les voyais jouer de temps en temps et ils m’ont envoyé un message hier pour l’initiation. Moi, je n’ai jamais été intéressé par le côté collection, mais j’aime les jeux de société en général. Je suis donc venu, et pour découvrir les règles du jeu, c’est super pratique”, se réjouit le fan des jeux vidéo de la licence.
D’autres partagent même cette passion en famille : “J’ai découvert Pokémon quand c’est sorti à la télé et je suis toujours resté proche de cet univers. J’ai joué aux cartes quand j’étais jeune, puis j’ai arrêté. On a repris avec ma femme, avec l’arrivée de notre fils. On joue ensemble, ce sont des moments de partage, c’est vraiment génial”, se réjouit Romain Barbieux, responsable d’exploitation dans le nettoyage.
“On s’y est réellement remis cet été, mais plutôt pour jouer aux cartes que pour les collectionner maintenant que notre fils est assez grand. Du coup, j’ai cherché des événements pour qu’on puisse participer. On en a trouvé un organisé par la Ligue sur les réseaux sociaux, on y est allé, puis on est revenus à ceux d’après. Cela nous permet de jouer, mais aussi d’avoir de l’aide, d’apprendre, d’avoir des nouvelles cartes ou des conseils sur comment construire son deck (son jeu de 60 cartes)”, poursuit le père de famille de 38 ans.
Un jeu tactique et social
Ce qui lui plaît dans le jeu après tant d'années ? “L’aspect tactique, on doit vraiment y réfléchir. Chaque deck a ses spécificités, ses forces, ses faiblesses, ce n’est pas simplement des monstres mignons qui s’échangent. Une erreur aux premiers tours peut coûter cher en fin de partie”. À côté, Célien, sept ans et joueur Pokémon depuis deux ans, est venu avec son frère Grégoire. Ce qu'il aime dans ce jeu ? "Battre les gens", sourit-il. Cela tombe bien, il vient de battre à plate couture un journaliste de France 3 Champagne-Ardenne (dont nous tairons le nom par respect).
Mais ce n'est pas tout. En plus de cet aspect tactique, la Ligue favorise une autre facette du jeu : le côté social. Nicolas Chattou-Coumbil, propriétaire de La petite malle, se réjouit de voir sa boutique de jeux devenir un QG des joueurs. "Grâce à des projets comme la Ligue Pokémon, on est devenu un repère de connaisseurs, de passionnés. Les gens viennent aussi lors des événements pour échanger leurs cartes", précise-t-il. Ce ne sont pas les joueurs présents qui le feront mentir : dans la salle principale, Edgar, cheveux longs, lunettes carrées et yeux rieurs, regarde avec attention la collection de Thomas. Une bonne occasion d'échange, ça ne se rate pas.
Pour les joueurs aguerris comme pour les néophytes intéressés, un prochain événement est prévu le 28 octobre. Il s'agira d'une avant-première de la nouvelle série de cartes "Faille Paradoxe". Pour trente euros, les joueurs pourront avoir un kit d'avant-première de la série (un mini-deck de trente cartes et quatre petits paquets de cartes), puis trois paquets supplémentaires à l’issue du tournoi de la journée. L'occasion d'acquérir de nouvelles cartes, de jouer, de s'initier ou encore de rencontrer de nouveaux joueurs, grands comme petits.