Appeler le 15 risque de prendre plus de temps en cette fin de mois de décembre. L'Association française des assistants de régulation médicale (Afarm) veut donc avertir les patientes et patients.
Quand un médecin se met en grève (comme c'est le cas actuellement), son répondeur téléphonique invite à contacter le 15. Sauf que derrière le combiné du 15, au centre d'appels, les assistantes et assistants de régulation médicale ne peuvent plus tenir le rythme.
Les temps d'attente s'allongent. Et il y a un risque réel de laisser passer une urgence vitale. C'est la situation alarmante décrite à France 3 Champagne-Ardenne par Myriam Solagne, la secrétaire de l'Association française des assistants de régulation médicale (Afarm).
Pas assez de monde pour décrocher
Que se passe-t-il ?
"Pendant cet été, le gouvernement a appelé à faire le 15 [comme les urgences de Charleville récemment; ndlr] pour désengorger les urgences. Il y avait eu un pic d'appels. Là, avec la grève des médecins, il y a de nouveau un pic. Les assistants de régulation médicale ne sont plus assez pour pouvoir répondre au téléphone."
Comment cela se traduit-il ?
"Il y a un délai supplémentaire pour décrocher. Et les assistants s'épuisent. Il y a saturation, et cela entraîne des risques. On a même des personnes travaillant avec nous depuis longtemps qui pensent quitter la profession. Ça risque d'empirer les choses."
Combien de temps doit-on attendre, en ce moment ?
"Cela dépend vraiment des centres du 15. En moyenne, les délais ont été multipliés par deux, voire trois, par rapport à d'habitude."
Volonté politique
Que devrait faire l'État ?
"Il faudrait absolument recruter. Que l'on soit plus nombreux pour arriver à répondre. Et arrêter de demander de faire le 15 à tout bout de champ : c'est un peu la solution de facilité de faire ça. Dès que quelque chose ferme, on dit de faire le 15 : pour avoir un dentiste, une pharmacie, un médecin."
Qu'est-ce qu'on pourrait faire d'autre ?
"En ce moment, c'est la grève des médecins. Alors certes, qu'ils fassent grève. Mais qu'ils assument quand même au minimum la réponse à leurs patients au lieu de laisser sur leur répondeur qu'il faut faire le 15."
Les patientes et patients n'y sont pour rien
Quand utiliser le 15 ?
"À l'origine, le 15, c'est pour tout ce qui est urgences vitales. Après, on fait le 15 car on est inquiet, c'est normal, on comprend, on ne reproche pas. Mais derrière, il faut que ces gens sachent qu'il risque d'y avoir de l'attente du fait de ces pics d'appels."
Donc le vrai reproche va à... ?
"C'est au gouvernement, qui devrait donner plus de moyens. Que ce soit des moyens humains, mais aussi au niveau des vecteurs : quand on a besoin d'envoyer des ambulances, par exemple. On n'en a pas 50.000, d'ambulances. Le citoyen, il est comme nous : il subit."
Et ce citoyen, qui devrait-il appeler plutôt que le 15 ?
"Malheureusement, en ce moment, pas son médecin puisqu'il y a la grève. C'est là où c'est ambigu : il est obligé de faire le 15. Il n'y a pas d'alternative."
Quand les choses vont-elles rentrer dans l'ordre ?
"On aura un retour à la normale quand on aura des effectifs suffisants. Mais ce n'est pas gagné : on a ce problème depuis des mois. La fin de la grève va infléchir le pic, mais ça ne résoudra rien. C'est un problème chronique."