Baccalauréat 2023 et réforme des retraites : "nous n'empêcherons pas les lycéens de passer leurs épreuves"

Les épreuves du baccalauréat débutent ce début de semaine. Les 20, 21 et 22 mars, les lycéens de terminale dans l'académie de Reims plancheront sur les deux spécialités qu'ils ont choisies. Le ministère de l'Education Nationale a communiqué les mesures mises en place pour assurer le bon déroulement des épreuves. Craignant sans doute des perturbations liées à la mobilisation contre la réforme des retraites.

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"Afin de permettre le déroulement des épreuves dans les meilleures conditions, le ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, Pap Ndiaye, a décidé de la mise en place du dispositif suivant, explique le communiqué du ministère de l'Education Nationale. Des surveillants supplémentaires sont mobilisés, en cas de retard des candidats dû à des grèves de transports, des aménagements du temps d’épreuve seront organisés afin qu’ils puissent bénéficier de toute la durée prévue des épreuves. En cas de difficultés, les dispositions nécessaires seront prises pour permettre l’accès des candidats aux centres d’examen en lien avec les préfectures de département".

Le but est de protester contre les décisions du gouvernement, pas de gêner les lycéens. J'ai presqu'envie de dire que ce serait contreproductif.

Yohan Odivart, co-secrétaire départemental FSU Marne

"C'est un jeu de communication, dénonce Yohan Odivart, co-secrétaire départemental FSU de la Marne. Le Ministère donne l'impression, à travers son communiqué, que ces épreuves pourraient être bloquées. Qu'il y ait des collègues en grève, c'est une chose, et nous les soutiendrons dans leur action, mais l'intersyndicale dont la FSU fait partie, à aucun moment, n'empêchera les élèves de terminale de passer les épreuves du bac".

Et ce sont des consignes nationales, précise encore le représentant FSU de la Marne. A Reims, l'intersyndicale appelle à la mobilisation contre la réforme des retraites devant la Maison des Syndicats les trois premiers jours de la semaine prochaine dès 6h20 du matin pour ensuite se déployer sur des opérations. "Ces actions sont programmées le matin. Les épreuves spécifiques du bac sont l'après-midi. Je le répète, le but est de protester contre les décisions du gouvernement, pas de gêner les lycéens. J'ai presqu'envie de dire que ce serait contreproductif".

Le problème est bien ailleurs

"Il y a plein de choses qui se mélangent et ce serait facile de jeter le discrédit sur le corps enseignant", reprend Yohan Odivart. Des enseignants qui sont toujours préoccupés par la réforme Blanquer et notamment cette partie concernant le baccalauréat et ParcourSup. "C'est très bien que le Ministère se préoccupe du bon déroulement des épreuves et des élèves. Mais s'il s'en préoccupait vraiment, il permettrait aux lycéens de les passer en juin. Nous pensons toujours que ces épreuves spécifiques du baccalauréat arrivent bien trop tôt et qu'on ne laisse pas le temps aux enseignants de faire leurs programmes et aux lycéens de réviser dans de bonnes conditions. Nous revendiquons ces épreuves terminales, en juin. Mais aujourd'hui ce n'est pas le sens de nos actions". 

Si nous acceptons cela, cela veut dire que nous n'avons plus besoin de parlementaires, donc plus de séparation des pouvoirs. Pour le professeur d'histoire-géo que je suis, le 49-3 pose question sur le fonctionnement de notre démocratie.

Yohan Odivart, co-secrétaire départemental FSU Marne

SNES, FSU, SNUIPP font partie de l'intersyndicale depuis le début des actions contre la réforme des retraites. Ils sont de tous les cortèges des manifestations. Motivés, ils le sont davantage encore, depuis ce fameux jeudi et le déclenchement du 49-3 par le gouvernement. "Nous sommes sur une décision historique et pas dans le bon sens du terme, reprend Yohan Odivart. Nous avons un parlement avec une majorité relative et un gouvernement qui passe en force malgré sa minorité sur cette réforme. Le 49-3 appliqué dans ces conditions-là : je ne me souviens pas, par le passé, avoir connu pareille situation. Si nous acceptons cela, cela veut dire que nous n'avons plus besoin de parlementaires, donc plus de séparation des pouvoirs. Pour le professeur d'histoire-géo que je suis, le 49-3 pose question sur le fonctionnement de notre démocratie."

"On ne lâche rien, mais on reste responsables"

La motion de censure, véritable défiance envers le gouvernement, sera soumise aux votes des députés ce lundi 20 mars. "Nous l'attendons et nous estimons qu'elle doit être votée. Cela permettrait de geler cette reforme pour 9 mois. Et en même temps, nous ne savons pas ce qui va se passer ensuite. Faire tomber le gouvernement, c'est une chose, et ce serait du jamais vu sous la Ve République. Mais on appelle tout le monde à rester responsable".

Car l'inquiétude est bien là, et sans doute pas que dans les rangs des enseignants. Le Rassemblement National, en sauveur de la situation, pourrait être une réponse facile si demain les français devaient à nouveau voter pour élire leurs députés. L'extrême droite, et ses 88 députés aujourd'hui, ne cesse de gagner du terrain. La colère des français pourrait amener au pire. Alors, le départ de ce gouvernement, maintenant, serait-il la bonne solution ? "On est pas là pour exiger le départ de qui que ce soit. Nous voulons que cette loi soit retirée et on va continuer à se battre. Chaque parti politique à bien vu que l'âge de la retraite était un marqueur politique important. On ressent bien l'injustice et une majorité de la population est de cet avis. On est dans un modèle social et nous le défendrons. Nous n'avons pas de raison de reculer".

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