Cancer: pourquoi la nouvelle grille de remboursements des perruques n'est pas si avantageuse pour les malades

Depuis le 2 avril, la Sécurité sociale rembourse mieux voire intégralement les perruques d’entrée et de milieu de gamme pour les malades atteints de cancer. En revanche, les perruques les plus chères, elles, ne sont plus du tout remboursées.

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Une aide indispensable pour "camoufler sa maladie", un repère pour son identité. De l’annonce de son cancer à celle de sa rémission, ce sont les mots qu'a utilisés Andréa Cabouillet pour décrire sa perruque. Comme elle, près de 50.000 patients recourent à des prothèses capillaires chaque année.

Mais depuis le 2 avril dernier, la Sécurité sociale a revu son barème de remboursement des perruques. Si certaines sont mieux remboursées, d’autres ne le sont plus du tout.

Des nouvelles prises en charge en fonction de la qualité

Jusqu’ici, la prise en charge de toutes les perruques s’élevait à 125 euros, quels que soient leur montant, leur niveau de confort et leur aspect. Depuis mardi, le remboursement varie en fonction des modèles.

Cette décision instaure un prix plafond pour les perruques d’entrée de gamme à base de cheveux synthétiques, dites "de classe 1", à hauteur de 350 euros. Un montant qu'elle remboursera entièrement pour ce type de modèle. Le ministère de la Santé y voit une "formidable avancée" puisque cela crée une offre "sans reste à charge".

Les prothèses capillaires dites "de classe 2", qui contiennent au moins 30% de cheveux naturels, sont maintenant prises en charge à hauteur de 250 euros. En revanche, les perruques dépassant 700 euros, en cheveux naturels notamment, ne sont plus du tout remboursées par la Sécurité sociale : les malades qui souhaitent acheter ces modèles devront donc compter sur leur mutuelle… ou leurs économies.

Derrière les prix des perruques se cachent des différences de qualité et de confort. Les prix varient d’une centaine d’euros pour les entrées de gamme, en cheveux synthétiques et au confort sommaire, à plus de 1.000 euros pour une chevelure au rendu naturel, cousue à la main pour éviter les démangeaisons et les brûlures du cuir chevelu.
 

Le prix à payer pour "rester soi-même"


A l’annonce de son cancer du sein l’année dernière, lorsque la question de la perruque s’est posée, Andréa Cabouillet n’a pas hésité une seule seconde.

Je me suis dit: ‘J’en veux une absolument pour rester moi, mais est-ce que je vais pouvoir ? Est-ce que ma mutuelle va me suivre ?’
- Andréa Cabouillet, ancienne malade du cancer


Mère de deux enfants en bas âge, la trentenaire ne s’imaginait pas sans cheveux : "Je me suis dit : 'Je veux pas qu’ils soient choqués, leur faire honte ou leur faire peur. Je veux rester moi.'"

Pour rester elle-même, la jeune femme a finalement opté pour une perruque à 1.100 euros, cousue à la main, "tout pareil, même coupe, même couleur" que les cheveux qu’elle avait avant la chimiothérapie. "Les premiers temps, ça m’a permis de me sentir mieux dans la maladie. Le temps de moi, m’accepter, pour ensuite me faire accepter des autres", explique Andréa.

Un choix qu’elle a pu se permettre grâce au remboursement de la Sécurité sociale, à sa complémentaire et une sur-complémentaire santé. Aujourd’hui, la Sécurité sociale ne rembourserait plus ce type de modèles.

 

Un coût dissuasif

Faute de moyens, certaines victimes du cancer préfèrent renoncer à une perruque plutôt que de choisir un modèle moins cher, qui ne leur ressemble pas. "Je ne me suis pas reconnue, se souvient Jocelyn Binet, elle aussi en rémission, dans aucune des perruques qu’on m’a proposées. Hormis celles qui valaient 685 euros. Je n’avais pas de mutuelle qui me prenne en charge, donc j’ai abandonné."

Impossible pour elle de s’offrir l’équivalent des longs cheveux qu’elle portait avant la maladie. Elle s’est donc dirigée vers des turbans et des bonnets, qui sont devenus des accessoires de mode. "J’en ai fait un jeu", raconte-t-elle.

Vers une augmentation des prix ?

Pour Michel D’Hocker, perruquier à Reims, cette nouvelle grille de remboursement est une "fausse bonne annonce".

On sera obligés de conseiller les clientes vers des perruques moins confortables et moins belles. En leur faisant comprendre que si elles dépassent le montant de 700 euros qui est fixé par le ministère de la Santé, le remboursement ne pourra avoir lieu. Ce sera zéro.
- Michel D'Hocker, perruquier -


Le spécialiste s’inquiète de voir flamber les prix des perruques d’entrée de gamme : Certains revendeurs ne vont pas avoir de scrupules et se diront: ‘Puisque c’est remboursé 350 euros, on va la vendre 350.’"

Face aux critiques, le ministère de la Santé, lui, assure que plus de 95% des perruques sont désormais prises en charge grâce à la nouvelle grille de remboursements.

Un chiffre contesté par le perruquier. D'après lui, au contraire, "les gens ont tendance à demander des perruques qui sont faites complètement à la main". Des modèles désormais complètement déremboursés.
 
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