La mairie de Reims (Marne) a lancé une campagne de communication à l'automne 2024, en lien avec l'éco-organisme Alcome. Elle vise à réduire significativement le nombre de mégots jetés par terre comme dans d'autres villes en France.
Un caniveau, c'est fait pour laisser circuler l'eau. Un caniveau, ce n'est pas un cimetière à mégots. Voici ce qu'une campagne de communication particulièrement visuelle veut faire comprendre.
Lancée durant l'automne 2024 à Reims (Marne) ainsi que dans sept autres métropoles et la capitale, elle met en avant une image forte. À savoir un cadavre de baleine miniature flottant à côté d'un mégot, dans une mer contenue par un caniveau débouchant sur une bouche d'égout.
On fait difficilement plus explicite. Le message est clair, comme dans ces communes en bord de mer apposant des signalétiques près de leurs égouts : "ne jetez rien, la mer commence ici". Car un (seul) mégot peut polluer jusqu'à 500 litres d'eau. Les affiches sont notamment visibles sur les flancs des bus de Grand Reims Mobilités (ex-Citura).
À la manœuvre, on retrouve le très impliqué Alcome, qui se décrit comme "l'éco-organisme pour la réduction des mégots dans l'espace public". Dans son communiqué, il est établi que "les mégots étant composés en partie de matériaux plastiques, lorsqu'ils sont jetés dans la nature, impactent les sols, l'eau, et les écosystèmes". On précisera à titre de transparence que ce sont les dirigeants et financeurs d'Alcome qui sont directement responsables de cette composition problématique, puisque cet organisme est une émanation des industriels du tabac.
Besoin de pédagogie
Pour la mairie de Reims, il était important de faire passer un message fort et pédagogique. Sollicitée par France 3 Champagne-Ardenne, Marie Depaquy, l'adjointe (UDI) en charge de la santé, fait un parallèle entre cette campagne et les décisions récentes d'interdire le tabac dans un parc rémois (2024) ainsi que devant les écoles (2021).
"C'est complémentaire de ce qu'on fait déjà. Ici, on promeut l'écologie par l'angle du mégot. C'est une bonne manière de parler de santé publique. C'est comme ça qu'on touche les enfants", et par de-là, leurs parents. "On est parti sur l'angle environnemental : le ramassage de détritus, des journées d'informations. Les enfants y sont très sensibles, donc les mégots, c'était un bon moyen de faire passer le message d'éviter de commencer à fumer."
Et si l'on se limite au fait que les adultes sont concernés par l'affichage aussi, mais qu'ils pourraient ne pas y faire attention, on pourra compter sur leurs enfants plus observateurs pour le remarquer et leur en faire part. L'élue est sensible tant au message de ne pas jeter son mégot, que de ne pas avoir de mégot tout court (ne pas fumer). "Quand on a travaillé sur les espaces sans tabac, l'idée n'était pas que les enfants rentrent à la maison pour culpabiliser leurs parents qui fument. Ils savent que ce n'est pas bien, inutile de le répéter." Ce qui n'amène, du reste, pas grand-chose de productif et de bienveillant.
"Si l'enfant dit plutôt à son papa de veiller à bien jeter son mégot dans un cendrier, car il y a X polluants et que ça met douze ans à se dégrader," le message peut bien mieux passer. L'adjointe fait écho à la jeunesse de ses propres enfants, aujourd'hui de solides et grands gaillards, "quand on avait le tri des déchets avec la poubelle jaune et la poubelle verte : les services de la ville étaient passés dans les écoles pour l'expliquer. Et à leur retour à la maison, ils m'avaient dit que la bouteille en plastique, par exemple, n'allait pas dans telle poubelle."
On préserve l'environnement, et on protège les enfants.
Marie Depaquy, adjointe au maire (UDI) en charge de la santé
"On n'est donc pas culpabilisant. Notre axe est environnemental : ne pas jeter son mégot par terre; et l'axe prévention santé pour ne pas commencer à fumer". Et quand on ne commence pas, on rencontre moins de difficulté à arrêter... Ainsi, "on préserve l'environnement, et on protège les enfants".
Reims est donc pleinement engagée dans cette campagne. Tout comme le sont également Paris (la capitale), Lyon (Rhône), Marseille (Bouches-du-Rhône), Bordeaux (Gironde), Lille (Nord), Nice (Alpes-Maritimes), Rennes (Ille-et-Vilaine), et Angers (Maine-et-Loire, voir le planisphère ci-dessous).
Pour poursuivre sa lancée, la mairie va prolonger son plan antitabac devant les écoles. "Il ne faut pas juste poser des panneaux et dire au revoir : ça ne sert à rien." Des écoles ont dessiné pour sensibiliser le public, des cendriers ont été installés et un marquage au sol apposé. La lutte contre les méfaits sanitaires et environnementaux de la cigarette n'est donc pas terminée.