Créée en 2016, l'association Nightline France propose aux étudiants éprouvant le besoin de se confier une écoute bienveillante et anonymisée au téléphone ou sur internet. Ce lundi 15 avril, une huitième antenne ouvre ses portes à Reims, et l'association ne compte pas s'arrêter là.
Difficultés économiques, futur incertain, contexte géopolitique ou environnemental... Selon une récente étude menée par l'Université de Bordeaux, 4 jeunes de 18 à 24 ans sur 10 étaient en dépression modérée à sévère pendant la période 2022-2023.
Face à ce chiffre alarmant qui ne cesse de progresser, l'association Nightline France déploie progressivement des lignes téléphoniques pour proposer une écoute aux jeunes qui ressentent le besoin de parler en étant anonyme, sans être jugé et gratuitement. Ce lundi 15 avril, une nouvelle antenne ouvre à Reims, en partenariat avec la Ville de Reims, l'Université de Reims, le CROUS et le Conseil local de santé mentale.
1. Le principe : des jeunes pour écouter d'autres jeunes
Le principe des Nightline est simple : "ce sont des étudiants qui écoutent d'autres étudiants, ou plus largement des jeunes qui écoutent d'autres jeunes. C'est ce qu'on appelle du pair à pair, ça ne remplace pas du tout une consultation avec un professionnel, c'est vraiment complémentaire. C'est une sorte de prévention primaire. On essaie d'agir sur le mal-être dans ses stades les plus précoces", synthétise Marion Jacquin, responsable communication de l'association.
Ce concept, déjà existant dans les années 1970 dans les pays anglo-saxons, a été importé en France en 2016, date de la création de Nightline France, et se développe progressivement à travers l'Europe. A l'heure actuelle, Nightline France reçoit 20 000 appels par an sur l'ensemble de ses antennes.
2. L'offre : une écoute anonymisée, sans jugement
Tous les soirs, il est possible de joindre ces lignes locales de 20h30 à 2h30, comme de contacter des bénévoles de l'association via un tchat en ligne. "Ça peut être pour des causes très variées. Les thématiques qui reviennent le plus souvent sont la vie avec les autres, le relationnel, la solitude, la santé mentale, la santé physique, l'écoanxiété, les crises politiques qui gèrent de l'inquiétude... On a aussi des appels qui traitent de violences sexuelles, de violences physiques, d'addictions et de suicide. Et puis parfois, les gens appellent pour une raison, mais au cours de la discussion, ils se rendent compte que c'était pour autre chose. Un appel dure au maximum une heure et demie, ça laisse le temps de dérouler", précise la responsable.
Une fois le numéro composé, pas de panique à avoir : "Nos bénévoles sont formés à l'écoute active, c’est-à-dire à une écoute qui n'oriente en aucun cas la discussion, comme ça peut généralement être le cas avec des personnes que l'on connaît. Il faut s'attendre à recevoir une écoute très attentive et très bienveillante, doublée du principe de non-jugement, avec des questions qui vont permettre à la personne de dérouler sa pensée, vider son sac. Il est aussi possible de garder le silence si c'est que la souhaite", prévient Marion Jacquin.
3. Une ligne anglophone accessible aux étudiants étrangers
Pour n'oublier personne, ou du moins le moins de personnes possible, une ligne anglophone est également disponible pour les intéressés ne parlant pas français. Sa spécificité pour le moment : elle n'est pas ouverte tous jours, mais pour le moment seulement du jeudi au lundi. Des disponibilités que l'association aspire à élargir, notamment grâce à la venue de nouveaux bénévoles.
4. Un besoin de bénévoles, de salariés et de partenaires locaux
"À Reims, on a déjà recruté une dizaine de bénévoles, mais on en cherche toujours plus. Comme ce sont des étudiants, il y a forcément un roulement avec les années puisqu'ils ne sont pas étudiants éternellement. On a aussi besoin de partenaires locaux pour s'implanter toujours plus fortement et être aussi relayés par un maximum de structures. On recrute également plusieurs profils en tant que salariés, il ne faut pas hésiter à regarder et postuler", confie la représentante de Nightline France.
"On demande aux bénévoles de s'engager pour trois permanences par mois. Donc trois soirées par mois", précise la responsable. Quant à la formation, elle est ouverte à tout type de profil étudiant. Il suffit de se rendre sur le site de l'association et suivre la démarche prévue à cet effet. Deux week-ends de formation seront ensuite à effectuer avant de pouvoir prendre des appels ou proposer son écoute via le tchat.
5. Un déploiement progressif en France
Pour le moment déployé sur huit zones (Lille, Lyon, Normandie, Paris, Pays de la Loire, Saclay, Toulouse et Reims à partir de ce 15 avril), Nightline France cherche à se développer pour proposer son aide au plus grand nombre possible. "Notre objectif, c'est d'être accessible à tous les étudiants de France à terme", affirme Marion Jacquin, qui n'omet pas de souligner que ce développement sera difficile sans l'aide de partenaires locaux.
Pour les étudiants situés à Reims, il sera possible, dès aujourd'hui, de faire appel aux bénévoles de Nightline chaque soir, de 20h30 à 2h30, au 03 59 61 55 82.