Conservatoire de Reims : deux syndicats déposent un préavis de grève d’un an

C'est un mouvement de grève très rare qui pourrait toucher le Conservatoire de Reims. Deux syndicats ont déposé un préavis de grève d'un an à compter du jeudi 1er septembre. Les agents et professeurs dénoncent une dégradation des conditions de travail.

Plus de musique, plus de théâtre, plus de danse, voilà à quoi pourrait se résumer l'année d'enseignement au Conservatoire de Reims. Dans un préavis de grève envoyé le 7 juillet au maire de Reims, Arnaud Robinet, les syndicats SAFPT Reims-GrandReims et Snea-UNSA dressent une longue liste de doléances pour justifier leur mouvement.

Carence managériale

"Lorsque j’ai été recruté, j’avais l’habitude de dire que c’était noël tous les jours. Les questions étaient réglées en très peu de temps. En deux ans, aucun problème n’a été résolu", proteste Stéphane Goyeau, enseignant haut-bois au Conservatoire de Reims depuis 2004.

Comme lui, les enseignants, agents d’accueil et techniciens regrettent une ambiance délétère au sein de l’établissement des arts de la scène depuis le départ de leur directrice, Agnès Hervé-Lebon, suite à un arrêt-maladie il y a deux ans. "Ce qu’on pointe du doigt, c’est une carence de direction. Une absence de management", étaye l'enseignant, aussi syndicaliste SAFPT.

En septembre 2020, c’est le directeur adjoint, Yvan Revol, qui supplée la directrice. Ensuite, les problèmes se succèdent, explique Stéphane Goyeau. L’embauche d’un "manager de transition" par la mairie, déjà sollicitée par les membres du Conservatoire, calme le jeu pendant cinq mois et demi.  L’agent public accompagne le directeur adjoint, les tensions s’apaisent. Elles reprennent dix jours après son départ, lit-on dans le « cahier de doléances » rédigé par les équipes du Conservatoire à l’intention du maire de Reims, Arnaud Robinet. 

Cinquante pages de doléances

Dans ce document d’une cinquantaine de pages, que s'est procuré France 3, on y lit le malaise ambiant entre les murs de l’établissement des arts de la scène. "Ce cahier de doléances est né du profond mal-être des équipes du conservatoire", débute le cahier signé de la main des enseignants, agents d’accueil et techniciens du Conservatoire.

Tour à tour, tous évoquent une dégradation des conditions de travail. Parmi les plaintes qui y figurent, les équipes reprochent également au directeur adjoint d’avoir remis en cause leurs compétences professionnelles. Certains demandent également "le paiement des heures supplémentaires correspondant à l'activité réellement effectuée". Malgré les sollicitations du corps enseignant, aucune mesure n’aurait été prise, confie encore Stéphane Goyeau.

"On a beau faire des demandes argumentées, structurées, on ne revient jamais vers nous, on n’a jamais de réponse même si on ré-argumente…", soupire-t-il. Autre cas pointé du doigt : "la fin de contrat d’une enseignante pour des raisons pas clairement énoncées".

Une situation bientôt apaisée ?

Sollicité à plusieurs reprises par le personnel du Conservatoire de Reims, Pascale Labelle, adjoint au maire de Reims, délégué à la culture, affirme que la situation devrait s’apaiser avec le retour de la directrice, dès la rentrée. "On a discuté de la situation, on va organiser des réunions, des échanges avec les équipes, à compter de ce vendredi. Mais j’ai une grande confiance en elle, en reprenant les rennes, le calme devrait revenir", appuie-t-il.

Une baisse d'effectif à la direction a envenimé la situation, continue Pascale Labelle. "Le manager a apporté du mieux, mais il est évident qu’il fallait le retour de la directrice", confirme-t-il. Les réponses attendues par l’ensemble du personnel du Conservatoire devraient également être plus rapides désormais, termine l’élu.

Une réponse insatisfaisante pour le syndicaliste et enseignant Stéphane Goyeau. Car pour lui, des problèmes de management existaient déjà avant le départ de la directrice et n’ont fait qu’empirer ces derniers temps. Avant de terminer : "On ne sait plus comment se faire entendre… On baisse la tête le temps que cela passe. Mais attendre que cela passe, c’est compliqué".

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