En France, il n'y a que quatre patients touchés par le coronavirus et pourtant le responsable du Samu de Reims reconnaît une hausse du nombre d'appels au 15 ces des deux derniers jours. "Cela génère de l'angoisse" admet-il, mais le médecin se veut rassurant.
Sur la plateforme du 15, rien ne vient troubler le quotidien des médecins régulateurs. Toujours autant d'appels, pas de répit derrière leur téléphone. Ils distillent leurs conseils, écoutent, rassurent comme d'habitude. Malgré tout, depuis 48 heures, un nouveau terme revient quelquefois à leurs oreilles : Coronavirus. "Pas un raz-de-marée," explique Frédéric Fischbach, le médedin responsable du Samu de Reims, "mais une dizaine d'appels à ce sujet, une quinzaine tout au plus."
Les cas suspects orientés vers l'hôpital de Nancy
Le CHU de Reims n'est pas habilité à hospitaliser les patients. "Les cas possibles ou confirmés pour une infection seront dirigés en Lorraine," explique le docteur Fischbach, "ces patients doivent être hospitalisés en chambre à pression négative, seul Nancy est autorisé à les prendre en charge." C'est donc ici au 15 que l'on valide les cas possibles. "Nous transfèrerons ces patients directement de leur domicile vers les centres agréés afin de tout mettre en œuvre pour éviter leur venue aux urgences," ajoute-t-il.Nos procédures sont très précises, étudiées et validées. Pour le moment, nous n'avons pas eu à intervenir.
- Frédéric Fischbach, médecin responsable du Samu de Reims
La seule situation qui pourra concerner l'établissement de Reims serait le dépistage chez un patient pendant son hospitalisation. Des mesures d'isolement seraient alors mises en place en vue d'un transfert vers le CHU de Nancy.
Des appels parfois surprenants
"Cette épidémie génère de l'angoisse et on le voit dans notre Samu, on a une augmentation du nombre d'appels. Pas significative, mais tout de même elle mérite d'être prise en compte," précise le docteur Fischbach, "avec des peurs irraisonnées comme à chaque menace sanitaire. Mais c'est normal dans les épidémies, c'est presque une peur collective." Les gens appellent parfois pour rien. "C'est l'effet loupe, l'effet médiatique créé des situations de stress."
Du coup, le Samu de Reims a reçu des appels suprenants, voire loufoques. "Des gens qui sont allés manger dans un restaurant chinois ... Le monsieur au téléphone a même précisé qu'il appelait pour rien. Mais il voulait être rassuré, c'était plus fort que lui !" raconte le médecin responsable. Une autre situation : "quelqu'un a reçu un colis provenant de Chine, une livraison Amazon, il se demandait s'il pouvait l'ouvrir."
Je comprends ces réactions et nous, professionnels, on est là pour rassurer
- Docteur Fischbach
Mais il y a eu aussi des appels qui ont été pris davantage au sérieux. "Des rémois qui ont rencontré des personnes qui avaient été au contact de gens revenus de Chine," explique Frédéric Fischbach. "Alors là, les cas ont été étudiés, puis classés. Il n'y avait aucune peur à avoir."
Quelles préconisations ?
Ne pas se rendre aux urgences ou chez leur médecin traitant. "Car si le patient avait la maladie, il pourrait la transmettre aux urgences," rappelle-t-il. Les personnes de retour de voyage en Chine, si elles présentent des symptômes d'infection respiratoire, doivent appeler le centre 15. C'est le Samu qui valide, qui trie, régule et effectue les transferts vers Nancy. La tradionnelle grippe fait entre 5 000 et 15 000 morts chaque année en France.Je rapelle qu'en France, on a plus de chances de mourir de la grippe que du coronavirus.
- Frédéric Fischbach, médecin responsable du Samu de Reims