Du fait de la crise sanitaire, les conseils municipaux n'ont pas pu être installés, et les nouveaux maires n'ont pas été élus. Les anciennes équipes sont restées aux manettes pour gérer l'urgence et les affaires courantes.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"Il y a des gens qui croient que je suis tranquille chez moi mais pas du tout, je suis encore aux affaires, à la tête de la mairie, avec mon conseil municipal", lâche le maire de Bezannes dans la Marne (SE), Jean-Pierre Belfie. A 74 ans, il avait annoncé lors de ses voeux qu'il ne se représenterait pas, après vingt-cinq années de bons et loyaux sevices. Mais la crise du covid-19 a tout changé. "J'avais prévu de partir en vacances, de voyager, de voir mes enfants et mes petits-enfants, de passer du temps avec mon épouse".  Toutefois, il trouve normale la décision de maintenir les anciennes équipes."Quand on est maire, on assume ses responsabilités. Il valait mieux que ce soient les anciennes équipes qui gèrent la crise." C'est ainsi le conseil municipal élu en 2014 qui gère les affaires de la commune.

A l'heure qu'il est, j'aurais dû avoir mes doigts de pied en éventail dans mes tongues.
- Jean-Pierre Belfie, maire de Bezannes


Lors du premier tour des municipales, en mars dernier, la liste de Dominique Potar l'a emporté avec 51,32% des voix, ce qui se traduira par quinze sièges au conseil municipal. Alain Nicolle, arrivé en deuxième position, en aura quatre. Mais tout a été bouleversé par la crise sanitaire. "Le nouveau conseil municipal devait être installé. Nous avions tout prévu. La date de préparation, la cérémonie d'installation, mais la loi d'urgence a tout annulé", raconte Jean-Pierre Belfie.
 

Thierry Barba, maire (SE) de Ville-En-Tardenois (Marne), président de l'Association des Maires ruraux de la Marne, avait lui aussi décidé de ne pas se représenter, mais il est toujours là: "On est toujours aux manettes. J'ai annulé tous mes projets mais, de toutes façons, je n'aurais pas pu les mener à cause du confinement."
 

Des pouvoirs renforcés pour les maires

Pour faciliter le travail des maires, le conseil des ministres a publié une ordonnance, le 1er avril, qui a renforcé leurs pouvoirs. "Tous les pouvoirs qu'un maire a habituellement par délégation de son conseil municipal lui sont octroyés de plein droit. Il peut décider seul de verser les subventions aux associations, préparer et exécuter les marchés publics, garantir les emprunts, créer des classes, gérer les concessions dans les cimetières, un impératif en ces temps de crise sanitaire, détaille Olivier Dupéron, directeur-adjoint du Centre de recherche droits et territoire. Les seules restrictions concernent les affaires financières : il ne lui est pas possible par exemple d'effectuer de nouveaux emprunts."
 

Gérer les affaires courantes et l'urgence

A Bezannes (Marne), Jean-Pierre Belfie a l'habitude de décider. Il continue comme avant pour assurer le service au public et protéger les habitants. Une cellule de crise qui regroupe le maire et quatre adjoints a été mise en place. Elle se réunit deux fois par jour. Il y a beaucoup à faire. La commune de Bezannes est devenue l'un des poumons économiques du Grand Reims, avec des entreprises internationales et la polyclinique.

"Il faut assurer la continuité des services. L'état civil notamment avec l'enregistrement des naissances et des décès. Au mois d'avril, il faut commencer les inscriptions dans les écoles, dans les services péri-scolaires, à la restauration scolaire." Par contre, pas question d'empiéter sur les prérogatives de l'équipe nouvellement élue. "Je ne lance pas de nouveaux projets. Je les tiendrai informés des décisions importantes. Jusqu'à présent, cela n'a pas été nécessaire." A Bezannes, pas de problème sur le budget, qui a été voté le 3 mars, c'est-à-dire avant l'élection et le confinement.

A Ville-en-Tardenois, Thierry Barba s'estime chanceux: "Le gouvernement nous a donné les pleins pouvoirs par ordonnance. Il le fallait vu la situation sanitaire d'urgence. Cela nous a permis de commander des masques, du gel hydroalcoolique. Nous faisons respecter le confinement, nous avons des gendarmes dans la commune. Nous avons aussi des commerces et une maison médicale, cela permet de limiter les déplacements des habitants. C'est beaucoup plus facile de respecter le confinement."

En revanche, il n'a pas fait voter le budget afin de laisser à la nouvelle équipe élue la liberté de faire ses choix."Nous avions préparé les grandes lignes du budget sans le voter car nous voulions laisser la liberté à la nouvelle équipe de faire ses choix quand elle sera installée."

 


En situation d'urgence sanitaire, les maires ne sont pas les seuls à avoir bénéficié de pouvoirs renforcés. "Les présidents des intercommunalités ont reçu toutes les compétences du conseil communautaire, excepté là aussi les nouveaux emprunts, explique Olivier Dupéron. Afin de surveiller le comportement de ces maires et présidents d'EPCI, le contrôle du préfet est renforcé." Les conseils ont la possibilité de reprendre la délégation en cas de problème. Difficile à imaginer quand chacun reste confiné chez soi et que les conseils municipaux se font en visio, ou ne se font plus.
 

Un problème de démocratie locale

Jean-Pierre Belfie, le maire de Bezannes, a l'habitude de parler franc."Sans vouloir polémiquer, je pense que ça a été une erreur d'organiser le 1er tour le 15 mars, en pleine crise sanitaire, C'est fait, c'est fait. Mais quand je vois ce que ce qui s'est passé à Saint-Brice-Courcelles, la mort du maire Alain Lescouet, vraisemblablement contaminé lors des élections. Un homme qui avait passé sa vie à se dévouer à la mairie et au conseil départemental... J'ai obéi, j'ai organisé les élections, mais ce n'était pas une bonne décision."

Le politologue Olivier Dupéron s'interroge lui aussi. "Des maires battus voient leur période de transition s'allonger. Jusqu'à quand ? Ceux qui ont gagné ne sont pas en place et ne peuvent pas agir. Il y a de quoi s'interroger.

Tout ira bien tant qu'il n'y aura pas de décisions difficiles à prendre, comme par exemple les restrictions de déplacement, les pouvoirs accrus de la police car alors, quelle légitimité aurait le maire ?
Olivier Dupeyron, politologue 


L'ordonnance permettant l'installation des conseils municipaux et l'élection des maires devait être examinée le 8 avril en conseil des ministres. Elle vient d'être repoussée à une date ultérieure.
 
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information