Pour les commerçants éparpillés autour de Notre-Dame de Reims, l’arrêt brutal de la saison touristique dû au Covid-19 est difficile à encaisser. Les commerçants témoignent.
L’après-midi est devenu trop calme, place du Parvis à Reims. D’ordinaire, la Cathédrale draine vers elle des flots de touristes, qui se répandent ensuite dans les commerces qui cercle l’édifice. Avec la fermeture des frontières et les mesures de distanciation sociale encore en vigueur, le flux des clients s’est subitement tari. Pour les vendeurs, restaurateurs ou cavistes disséminés, maintenir une activité vivante est devenu complexe, malgré des initiatives pour améliorer l'attractivité de la ville.
"Si dans l’hyper-centre on s’en sort mieux, la situation est beaucoup plus compliquée dans cette zone du Parvis", explique le président des Vitrines de Reims, Vincent Mansencal. "Les pertes pour le secteur du tourisme sont estimées entre 30 et 40 %. Et encore, on exclu les hôtels, qui connaissent des pertes beaucoup plus importantes". Les boutiques situées face à la Cathédrale sont celles qui payent le prix fort.
Sur les terrasses, plus de signes des touristes
La terrasse du Gueuleton illustre bien la désertion des voyageurs. Malgré le soleil éclatant, elle reste presque vide à 16 h : à peine une table pour deux Rémois. "En tant normal, ça aurait été le moment « limonade", raconte Christophe Lebee, le gérant du restaurant-bar. "C’est à ce moment là, entre 15 h et 18 h, que les touristes viennent nombreux prendre un verre". Depuis la crise du covid-19, c’est devenu un moment creux.
Malgré tout, il reste confiant. Les affaires reprennent doucement. Aucun de ses salariés n’est en chômage partiel, quelques-uns ont simplement été affectés à la partie « traiteur » du restaurant. "Heureusement que les Rémois répondent présent. Le soir, les clients sont nombreux après les heures de boulot".
« Les rémois peuvent avoir l’impression que notre boutique est un piège à touristes »
À quelques mètres de la terrasse du Gueuleton, la situation est plus délicate. Derrière la façade rougeâtre du Terroir des Rois, les acheteurs se font beaucoup plus rares. En temps normal, les touristes souhaitant ramener une bouteille de champagne de leur voyage à Reims se pressent aux portes de ce caviste. Depuis le début du mois, c’est le calme plat. "Samedi dernier, on avait ouvert toute la journée, mais il n’y avait vraiment personne », raconte résignée la propriétaire, Élodie Boulant.
On espère que ça va repartir vite, pour l’instant on a très peu de rentrées d’argent.
-Elodie, commerçante devant la cathédrale de Reims
Depuis quelques semaines, l’enseigne a déjà réduit ses horaires en conséquences, en ne restant ouverte que du mercredi au samedi. « On vend principalement des produits locaux, qui n’attirent pas les rémois. J’espère au moins qu’il y aura un retour des touristes européens, que les frontières s’ouvriront avec la Belgique et l’Allemagne. »
De l’autre côté de la Cathédrale, presque à l’opposé, Jean* vit la même situation. Chez lui non plus, à la Cave des Sacres, il n’y plus foule. "J’ai dû mettre au chômage partiel quatre employés, il n’y avait rien à faire". Désormais, c’est sur ses habitués qu’il compte pour maintenir son activité, et attend encore une reprise progressive du tourisme. "Les Rémois peuvent avoir l’impression que notre boutique est un piège à touriste, sans se douter qu’on a l’une des caves les plus fournies de la région".
C’est avec un mélange d’impatience et d’appréhension que les deux cavistes attendent désormais l’allocution du président de la République, le dimanche 14 juin. De part d’autre de la place du Parvis, on espère que les règles encadrant les voyages seront assouplies.
*le prénom a été modifié