Coronavirus : à quatre mois des Jeux olympiques, les athlètes rémois s'entraînent chez eux pendant le confinement

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Alors que nous sommes tous appelés à rester chez nous, les sportifs ne dérogent pas à la règle. A quelques mois des Jeux olympiques, Pascal Martinot-Lagarde et Yohann Diniz mettent au point des programmes d'entraînement à la maison.

Un confinement à quatre mois des jeux olympiques. On peut dire que ça tombe mal. Alors les athlètes rémois tentent de garder la forme et la motivation. Que l'on soit marcheur ou sauteur de haies, il va falloir adapter le confinement à la préparation des Jeux olympiques 2020, car pour l'heure, le Comité international olympique n'envisage pas de report.
 

Abdos, squats et motivation

"On survit, tout va bien", sourit Pascal Martinot-Lagarde, champion d'Europe du 110m haie qui s'entraîne au Creps de Reims. Dès le lendemain de l'allocution d'Emmanuel Macron instaurant le confinement de la population – et avec lui la fermeture du centre d'entraînement rémois - il s'est rendu chez lui en région parisienne. "Ici, j'ai un jardin", justifie l'athlète qui respecte au maximum le confinement. "Là je vais faire avec ce que j'ai. Pour m'entraîner je n'ai rien, sauf autour de chez moi, j'ai quelques lignes droites mais pas de pistes."
 
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On garde la pêche ?

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Sur son compte Instagram, Pascal Martinot-Lagarde "garde la pêche" comme il le peut depuis son salon en région parisienne, en attendant que le Creps de Reims rouvre ses portes. 

"Je reprenais à peine l'entraînement, pile au moment où le président a fait sa première allocution", ironise Pascal Martinot-Lagarde. "Ça ne bouleverse pas trop mon programme, je n'avais pas encore l'intention de faire des séances spécifiques." Yohann Diniz, champion de monde du 50km marche, doit également adapter son emploi du temps. Contrairement à Martinot-Lagarde, les obligations du moment tombent plutôt bien. Le marcheur avait décidé de s'accorder quinze jours de répit. "Pour l'instant, comme j'avais une période de coupure, je sors juste une demie heure dehors pour aller chercher le pain. J'essaie de respecter le confinement un maximum", raconte-t-il. "Il faut s'adapter par rapport à la situation sanitaire et ne pas se mettre ni mettre la population en danger."
 

Prépa physique puis de 3 à 4h d'entraînement quotidien

Période de coupure : comprenez (seulement) de la préparation physique, sans marche, ni course ni vélo. Yohann Diniz se concentre sur sa "prépa physique, pas mal de travail d'abdominaux, d'entretien musculaire, des exercices de proprioception, avec des petits poids, des élastiques" énumère-t-il. Le tout dans son appartement rémois, en lien à distance avec son entraîneur qui lui a fait parvenir son programme d'entraînement. Il vient d'ailleurs de récupérer un home trainer, un système qui permet de fixer un vélo de course chez soi pour le convertir en vélo d'appartement. Dès la semaine prochaine, le sportif de haut niveau passera à la vitesse supérieure : de 2h à 2h30 de vélo quotidiennement, plus 1h à 1h30 de renforcement musculaire, soit entre 3h et 4h d'entraînement en intérieur. 

Pour Pascal Martinot-Lagarde, le programme se limite pour l'instant à "un combo de footing, de travail à la maison, pompes, squats, abdos. Comme je n'ai pas de poids, je vais prendre des packs d'eau, ou j'improviserai... J'ai pas peur des plans". Comme il le montre sur son compte Instagram, il se motive en musique et en famille. Il détaille : "Pas plus de 20 minutes de footing, entre 15 et 20, d'habitude on fait largement moins, mais comme je n'ai pas le choix, il faut que j'en fasse plus pour réguler le poids, car c'est pas le moment de prendre 5kg ou 10kg avant les JO." 
 Sur sa page Facebook, Yohann Diniz s'insurge face à la décison du CIO de ne pas reporter les Jeux olympiques qui auront lieu à Tokyo à partir du 24 juillet prochain.

"Le confinement je le vois comme une aventure, plus que comme le fait qu'on est en train de vivre une page de l'histoire", relativise le sauteur de haies sourire aux lèvres. "Je n'ai pas peur de mal me préparer, j'ai tellement connu des conditions d'entraînement avec des pépins, je sais que je donnerai tout le jour J." Sur la prise de poids et la préparation, Yohann Diniz essaie de tempérer : "C'est aussi un bon exercice pour se recentrer et voir plutôt l'essentiel plutôt qu'un consumérisme poussé à outrance. Retrouver des habitudes qu'on avait perdues. Cela permet de faire le point pour soi." 
 

Une détermination à toute épreuve

Mais côté JO et préparation, les deux athlètes sont bien ennuyés. Pour l'heure, impossible d'avoir une idée de date de reprise des entraînements. "Dans d'autres pays, comme en Italie ou en Espagne, les athlètes ont des stades qui sont ouverts rien que pour eux", souligne le marcheur rémois. "Si les Jeux sont maintenus, il faudra que les pouvoirs publics réfléchissent et qu'on puisse trouver des solutions." Au risque sinon, de se retrouver avec de fortes inégalités entre athlètes. Et de s'interroger : "Comment va faire un lanceur de javelot, un lanceur de disque ? Et pour les sports collectifs ?"

Chaque pays n'a pas forcément les conditions d'entraînement, on n'est pas du tout des privilégiés de ce côté-là, si on garde les mêmes dates, certains seront avantagés, quand d'autres ne vont avoir que des plans B. La solution idéale serait de les repousser en fin d'année pour gommer cette inégalité.
- Pascal Martinot-Lagarde, champion d'Europe du 110m haie.

Selon Diniz, il faudra que les pouvoirs publics tranchent d'ici la mi-avril, car il est difficile de se préparer sans avoir de vision sur la suite des événements. Côté détermination, les deux athlètes rémois l'assurent, elle est à toute épreuve. "La motivation est à hauteur de ses ambitions", tranche le champion d'Europe de 110m haie. "Si on vise les Jeux olympiques, on aura la motivation en conséquence."

 
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