Coronavirus : à Reims, on vous raconte comment le monde de l'éducation s'organise pendant les fermetures d'écoles

Alors que le président de la république et le ministre de l'éducation ont annoncé la fermeture des écoles pour un minimum de 15 jours face à l'épidémie de coronavirus covid-19, les enseignants s'organisent, ce vendredi 13 mars.

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"On va rester à la maison." Ce message, lui est plutôt bien passé auprès des élèves en cours préparatoire de l'école Ruisselet à Reims. La rectrice de l'académie de Reims, quant à elle, tente d'en faire passer un autre à l'école située à quelques pas de son bureau. "Non je ne dirais pas ça," rectifie Agnès Walch-Mension-Rigau. "C’est que vous allez continuer l’école à la maison. La maîtresse va appeler régulièrement pour s'assurer que tout se passe bien."
 

L'école à la maison, pas des vacances

Devant le parterre d'écoliers, la rectrice rassure. D'une voix posée, elle leur rappelle qu'ils ne sont pas des victimes potentielles, mais plutôt des vecteurs sains du virus, qui doivent être particulièrement attentifs lorsqu'ils rendent visite à leurs grands-parents.

Si elle n'a visité que deux classes ce vendredi 13 mars, Agnès Walch-Mension-Rigau n'a pas chômé : visioconférence avec le ministre, rencontre avec les enseignants en début d'après-midi… toute l'académie est sur le front pour répondre aux questions des personnels administratifs, des enseignants, des parents et des élèves. "Les enfants ne sont pas autorisés à aller en classe, explique la rectrice. Les établissements restent ouverts et les personnels administratifs et enseignants travaillent, comme les enfants. Nous assurons une continuité pédagogique et que si les enfants restent à leur domicile, ils ne sont pas en vacances. Ils doivent continuer à travailler, depuis plus de huit jours, nous avons réfléchi à assurer ce suivi." Et de détailler : "On a fait partir des fiches à destination des enseignants pour leur demander de prévoir des étapes et du travail, donner des livres et des cahiers aux élèves."
 

Côté pratique, cela se traduira par un suivi régulier des travaux demandés aux enfants, "jour par jour en fonction de l'évaluation normale de l'élève, de telle sorte que l'élève puisse travailler chez lui comme s'il était en classe", précise la rectrice. "Ce sont des modalités particulières de travail, inédites et originales que chaque élève devra respecter." Des modalités particulières qui posent question : comment s'assurer qu'elles ne creuseront pas l'écart entre les élèves déjà bien entourés à la maison et ceux dont les parents ont du mal à suivre le niveau scolaire ? Benoit Folb, le directeur de l’école, le concède, avec les "parents qui parlent pas bien français, cela peut créer une rupture." Côté syndicat on s'interroge également : "L'école à la maison, ça fonctionne quand il y a de l'accompagnement", tranche Christophe Girardin, secrétaire académique du syndicat national des enseignements du second degré (FNES-FSU). "Nous craignons que beaucoup d'élèves pâtissent de la situation."

Ne restez pas la journée à jouer. C'est un grand défi d’apprendre tout seul.
- Agnès Walch-Mension-Rigau, la rectrice.


Dans les classes, les élèves semblent ravis de se passer d'école pendant quelques jours. "On va pouvoir se réveiller plus tard ?", questionne l'un. "Oui, vous gagnez le temps de trajet", répond la rectrice, d'un sourire amusé. "Gardez un rythme de sommeil et de travail réguliers", embraye l'institutrice. Car pour certains, c'est le grand-frère ou la grande-sœur de 14 ans qui seront de garde. "Ne restez pas la journée à jouer", prévient la rectrice. "C'est un grand défi d’apprendre tous seuls, Un défi qui va servir pour la sixième. Une vraie préparation."
 
 

Limiter l'exposition aux écrans

Comment organiser une école à la maison en si peu de temps ? "Nous privilégions bien sûr les enseignements numériques de travail", assure la rectrice. "Il y a aussi une possibilité d'avoir une classe virtuelle, notamment pour le second degré, par l'intermédiaire du CNED (centre national d'enseignement à distance), tous les liens sont envoyés aux parents et aux élèves."

Tous les élèves ne disposent pas d'outils numériques à la maison. "Pour ceux qui n’ont pas d’ordinateur, vous aurez vos livres et du travail à faire", poursuit Agnès Walch-Mension-Rigau. Christophe Girardin, lui, dénonce : "Comment les élèves qui ont des frères et sœurs eux aussi scolarisés, quand il n'y a qu'un ordinateur par foyer ? Cela laisse complètement de côté les élèves à situation sociale fragile", dénonce Christophe Girardin.

Ajouté à cela, une fracture numérique entre l'école et les collèges et les lycées. Car si dans l'enseignement secondaire, les intranets et autres pratiques numériques sont devenues la norme, elles ont du mal à se démocratiser auprès des tout-petits. "Les enseignants du premier degré n'ont pas l'habitude de travailler sur le format numérique. Ils vont constituer des pochettes avec des documents papier, ils ont l'habitude avec leurs documents de travail. Les enfants repartiront avec leurs pochettes et les parents les renverront soit par la poste soit viendront le déposer à l'école et en reprendront de nouvelles."

Bien organiser son travail à la maison

Qui dit plus de temps sur le numérique, dit aussi plus de temps d'exposition aux écrans pour les enfants. A cette problématique, la rectrice assure qu'elle sera limitée : "Les consignes seront données sur ordinateur, mais le but et de minimiser le temps passé sur écran. On privilégie les supports habituels comme les polycopiés etc."

"On doit rester combien de temps sur notre travail ?", demande une élève de CM2. L'institutrice précise : "Le mieux, c’est comme si vous étiez toute la journée à l’école." Comprendre : des blocs de deux heures de travail, entrecoupés de pauses, similaires aux récréations. Ce vendredi 13 mars, à la question sur toutes les lèvres combien de temps cela va-t-il durer ? Personne n'a encore de réponse. "Au minimum 15 jours, mais nous nous préparons pour être efficace, même dans le pire des scénarios", assure la rectrice.

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