Déconfinement: les discothèques restent fermées pourtant "la fête a besoin d’exister" selon un gérant marnais

Jean Castex a annoncé ce jeudi 26 novembre que l’heure n’était pas à la réouverture des boîtes de nuits et qu’aucun calendrier n’était fixé. Une annonce qui laisse dans l’incertitude les gérants de discothèques comme Saïba Bomboté, sans perspective depuis neuf mois.

Devant la porte de son établissement située dans le centre de Reims, malgré le contexte, Saïba Bomboté est souriant. Il ne cesse de le redire, « la nuit doit exister ». Ce jeune entrepreneur a racheté le « Bôha » en avril 2019. Un projet qu’il a mûri pendant des mois, après avoir vendu un autre établissement. « C’était pour moi un challenge, une envie qui se concrétisait ». Ouvert quatre samedis par mois, l’établissement trouve rapidement sa clientèle. Il fait tourner son affaire avec passion, aux côtés de son équipe composée de huit extras.
 

 

La douche froide

La 15 mars 2020, c’est le déchirement. Pas d’adieu, pas de dernier verre, Saïba Bomboté ferme son établissement à minuit comme toutes les discothèques de France. Contrairement à d’autres, le jeune gérant aborde le confinement avec joie : « c’était positif pour moi ». Pendant les premiers jours et premières semaines, il se lance dans quelques travaux pour améliorer son établissement. Peintures, parquet, lumières, il s’occupe.

Mais peu à peu, les doutes sur cette période s’accumulent. « Les charges tombaient chaque semaine, chaque mois. » Il débourse mensuellement 5.000 € pour le loyer. Au début, il puise dans ses réserves. « C’était ma trésorerie, c’était le fruit de mon travail. Je ne me suis pas pris de salaire depuis avril 2019. »

Très vite, il décide de demander le prêt garanti par l’état à sa banque. Un crédit, qui devra être remboursé. Mais avec cette somme, il va pouvoir payer le loyer et les charges de ses deux établissements (Saïba Bomboté est aussi propriétaire du Georges à Épernay). Au bout du compte, il verse plus de 13.000 € par mois depuis mars. Sans rentrée d’argent.
 
 

Rebondir après chaque annonce

Le temps passe et la perspective d’une réouverture pour Saïba Bomboté s’éloigne. « Je n’avais pas forcément d’espoir avant chaque annonce de discours officiel », confie le gérant. Il a pourtant voulu garder la forme et se réinventer.  « Au bout de deux mois, je commençais à me poser des questions. Créer mon entreprise a pris du temps, pas question de tout perdre ».

Saïba Bomboté, qui est aussi DJ, a voulu remettre la musique au coeur de son quotidien, entre deux traites à payer. Il réfléchit à des projets pour « continuer d’exister ». Il utilise les réseaux sociaux pour faire parler de lui et s’associe notamment avec Léo Ginailhac, vidéaste rémois, pour créer une expérience musicale inédite. « J’ai vu David Guetta à Miami faire un concert depuis son balcon. Son public pouvait encore échanger, partager avec lui. Pourquoi pas moi ? ». Avec Léo, il monte le projet Air Live Épernay, un concert en direct sur internet à bord d’un ballon captif, une première en France. « 100.000 vues, les gens ont besoin de s’émerveiller, d’écouter de la musique et de rêver ».

De ce succès, il en profitera pour créer un show à Épernay dans son autre établissement, entre les deux confinements. « C’était un spectacle où le public n’a pas besoin de bouger, juste d'ouvrir les yeux et d'écouter ». Un spectacle adapté aux consignes sanitaires.
  

« Il y a encore de belles choses à faire »

La réouverture interviendra à un moment ou à un autre. Saïba Bomboté va devoir rattraper le temps et l’argent perdu, il lui faudra surtout rembourser le PGE. Mais ce battant, ancien footballeur professionnel pendant 20 ans, y croit « il y a encore de belles choses à faire ».
 
 
Il prépare déjà l’après confinement, en adaptant son établissement aux nouvelles mesures sanitaires. Il insiste sur le fait qu’il devra faire la police à l’intérieur, veiller au bon port du masque. C’est difficile, mais il le fera, insiste-t-il. Il en va de sa survie et aussi de la confiance des clients. « Il va falloir faire en sorte que les gens se déplacent moins. » Il adapte donc l’espace intérieur de manière à limiter les déplacements, tout en offrant une expérience de divertissement agréable. « Le club doit être un parc d’attraction pour adultes », conclut celui qui pense déjà à d'autres performances artistiques à venir.
 
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