
Les discothèques de France sont fermées depuis le 15 mars 2020
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© Charles-Henry Boudet/France Télévisions
La douche froide
La 15 mars 2020, c’est le déchirement. Pas d’adieu, pas de dernier verre, Saïba Bomboté ferme son établissement à minuit comme toutes les discothèques de France. Contrairement à d’autres, le jeune gérant aborde le confinement avec joie : « c’était positif pour moi ». Pendant les premiers jours et premières semaines, il se lance dans quelques travaux pour améliorer son établissement. Peintures, parquet, lumières, il s’occupe.Mais peu à peu, les doutes sur cette période s’accumulent. « Les charges tombaient chaque semaine, chaque mois. » Il débourse mensuellement 5.000 € pour le loyer. Au début, il puise dans ses réserves. « C’était ma trésorerie, c’était le fruit de mon travail. Je ne me suis pas pris de salaire depuis avril 2019. »
Très vite, il décide de demander le prêt garanti par l’état à sa banque. Un crédit, qui devra être remboursé. Mais avec cette somme, il va pouvoir payer le loyer et les charges de ses deux établissements (Saïba Bomboté est aussi propriétaire du Georges à Épernay). Au bout du compte, il verse plus de 13.000 € par mois depuis mars. Sans rentrée d’argent.

Depuis son ouverture, en avril 2019, Saïba Bomboté ne s'est pas versé de salaire.
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© Charles-Henry Boudet/France Télévisions
Rebondir après chaque annonce
Le temps passe et la perspective d’une réouverture pour Saïba Bomboté s’éloigne. « Je n’avais pas forcément d’espoir avant chaque annonce de discours officiel », confie le gérant. Il a pourtant voulu garder la forme et se réinventer. « Au bout de deux mois, je commençais à me poser des questions. Créer mon entreprise a pris du temps, pas question de tout perdre ».Saïba Bomboté, qui est aussi DJ, a voulu remettre la musique au coeur de son quotidien, entre deux traites à payer. Il réfléchit à des projets pour « continuer d’exister ». Il utilise les réseaux sociaux pour faire parler de lui et s’associe notamment avec Léo Ginailhac, vidéaste rémois, pour créer une expérience musicale inédite. « J’ai vu David Guetta à Miami faire un concert depuis son balcon. Son public pouvait encore échanger, partager avec lui. Pourquoi pas moi ? ». Avec Léo, il monte le projet Air Live Épernay, un concert en direct sur internet à bord d’un ballon captif, une première en France. « 100.000 vues, les gens ont besoin de s’émerveiller, d’écouter de la musique et de rêver ».
De ce succès, il en profitera pour créer un show à Épernay dans son autre établissement, entre les deux confinements. « C’était un spectacle où le public n’a pas besoin de bouger, juste d'ouvrir les yeux et d'écouter ». Un spectacle adapté aux consignes sanitaires.
« Il y a encore de belles choses à faire »
La réouverture interviendra à un moment ou à un autre. Saïba Bomboté va devoir rattraper le temps et l’argent perdu, il lui faudra surtout rembourser le PGE. Mais ce battant, ancien footballeur professionnel pendant 20 ans, y croit « il y a encore de belles choses à faire ».
Saïba Bomboté a hâte de retrouver rapidement ses clients
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© Jean Baptiste Delerue
Il prépare déjà l’après confinement, en adaptant son établissement aux nouvelles mesures sanitaires. Il insiste sur le fait qu’il devra faire la police à l’intérieur, veiller au bon port du masque. C’est difficile, mais il le fera, insiste-t-il. Il en va de sa survie et aussi de la confiance des clients. « Il va falloir faire en sorte que les gens se déplacent moins. » Il adapte donc l’espace intérieur de manière à limiter les déplacements, tout en offrant une expérience de divertissement agréable. « Le club doit être un parc d’attraction pour adultes », conclut celui qui pense déjà à d'autres performances artistiques à venir.